- Est-ce que tout va si mal ? Est-ce que rien ne va bien ? -
- L'homme est un animal, me dit-elle. " (*)
"Il y des matins comme ça où on a du mal à digérer son petit déjeuner "
On navigue --- Quelque part entre les ombres, 2000, Tome 1, citation en ouverture de l'album.
Philip Marlowe a pris possession du corps d'un chat noir, en 2000 dans ce premier tome où John, Blacksad, enterre ses passions défuntes avec Natalia, star, vedette de cinéma, jolie pépée à la mode des années 40/50.
Natalia, ancienne cliente du détective avec laquelle il a connu la période la plus heureuse et la plus 'hot' de sa vie (Adieu ma Jolie, Chandler) vient de se faire froidement assassinée, son corps est retrouvé étalé au milieu de son lit et fait les manchettes des journaux.
Détective cynique, la cigarette au bec, intuitif, plutôt qu'intellectuel, Blacksad John, à l'opposé d'un Holmes, Sherlock, cérébral et misogyne, est un amoureux transi qui jette un regard désabusé à la Marlowe, Philip, sur la société américaine corrompue des années 40 / 50. (Référence directe au Scarabée; le Grand Sommeil de Chandler également)
Comme dans un film où Humphrey Bogart aurait perdu son étoile
Lauren Bacall, the Look, les deux Juan, reprennent un des grands classiques du polar projeté sur l'écran de nos nuits blanches. Ici colorisées et scénarisées par deux espagnols.
Profondément éthique et moral, sous ses dehors de désabusé revenu de tout, du pire des humains et de la corruption régnant en maître sur la société US, John Blacksad ne supporte pas les injustices
John:
Vous avez une idée assez détournée de la justice. Elle n'a rien à voir avec l'argent. L'argent ne peut pas tout ---
Il ne peut pas rendre la vie à ceux qui sont morts. Ni apaiser les consciences qui exigent vengeance.
Même pas empêcher que je vous tue.
Yvo:
Ha Ha Ha ! Conscience !
Mais le voilà le motif pour lequel
Tu n'oseras jamais appuyer sur la détente !
Tu n'es qu'un pauvre diable
plein de morale et de scrupules.
Tu as de la classe mais tant que tu traîneras ce lest,
tu n'arriveras nulle part !
Il te manque le plus important
Ce qui fait arriver au sommet
un type comme moi ---
Le sang-froid !
John: Sans cet ultime sourire, ---
Le dessinateur utilise les animaux, très différemment d'un
Félix Delep (le château des animaux) même si le chat y tient la vedette.
Dans le château des animaux, Miss B. est blanche, incarne le courage, la force, elle a les poils longs, presque virginaux. C'est un chat (une chatte), à ne pas en douter, dessinée comme un chat, à laquelle on a donné des attributs humains pour souligner les propos.
George Orwell, classique revisité, dystopie, fable. " Aristochats Disney clin d'oeil ? "
Dans Blacksad, John est un Mâle, un chat noir, poil ras, plus rond, l'aspect polisson, fripon, fripé et c'est l'humain qui semble servir de base à l'animal dans le dessin, du moins c'est comme ça que moi je l'ai ressenti en voyant les mains, les fesses, les expressions des visages de John, détective ou de Natalia, star cinéma, les plus réussis esthétiquement, les plus en valeur.
Les deux seuls chats de l'aventure ;-)
Les références aux reptiles répugnants, aux rats collabos peu fiables, aux renards rusés, aux chiens chargés de faire respecter l'ordre, sont des prétextes, des accents servant de manière claire et facile à souligner directement les caractères sympathiques ou antipathiques, pour un polar classique, revisité, anthropomorphisme assumé.
Smirnov, le Commissaire Chien, ennemi par essence du Chat et du détective, se révèle son allié car au fond, tout comme John Blacksad,
c'est un grand ingénu qui croit en la justice dans ce monde, même s'il est là pour faire respecter l'ordre. Un wouaf à Smirnov !
Pour la technique technique, à voir avec les spécialistes ;-)
Un gouacheux aquarelliste, un diable mégalo, un artisan plutôt qu'un technicien comme
Juanjo Guarnido aimait à le rappeler lors d'une interview pour l'expo au CBBD, Centre Belge de la Bande Dessinée, de novembre 2020 à mai 2021, temporaire prolongée ---
[ Les Indes Fourbes, planches de travail, y étaient également exposées avec détail récurrent, le 'rouge 'orangé pour les émotions, les accents typiquement espagnols, caliente ]
Le mantra servant de base ici dans ces premières planches du premier volume d'une première collaboration réussie entre les deux Juan:
à lumière froide, ombres chaudes
à lumière chaude, ombres froides
et scénario solide très cinématographique années 50 atmosphère.
Entre nous, je pense bien que je les suivrai ces deux Juan pour une seconde aventure de Blacksad (une troisième, on verra)
"J'abandonne sur une chaise le journal du matin. Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent. Est-ce que tout va si mal ?
Est-ce que rien ne va bien ?
- L'homme est un animal, me dit-elle. " (*)
S. Eicher, P. Djian, Déjeuner en paix, 1991. Collection vintage -
Parfois un carré chocolat, noir, une séance cinéma polar, un bon bain chaud avec des bulles, ça 'aide', quand la météo est pire que mauvaise, août 2021
- - L'homme est un animal " (*) - -
https://www.youtube.com/watch?v=0qeV8PDBH8E
Pour ceux qui seraient passés à côté de cette humeur morose actualités météo enz (etc---)
* Axel Red & Renaud *