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Critique de pasiondelalectura


Ce livre est différent, d'un côté c'est un roman historique qui retrace les années de dictature en République Dominicaine du sanguinaire Trujillo (31 années !), et d'autre part, un roman de formation où nous suivrons la vie brève d'Oscar Cabral alias Oscar Wao (déjà annoncé dans le titre du livre, donc pas de risque de spoiler).
Oscar Wao est le sobriquet qui a collé à Oscar Cabral originaire de République Dominicaine, établi aux USA avec sa mère et sa soeur ainée. Lors d'une fête de Halloween, le gros Oscar s'étant déguisé en Doctor Who (personnage de SF), un camarade lui avait trouvé une ressemblance avec un autre gros Oscar, Oscar Wilde, et les camarades ignares ne sachant pas de qui il s'agissait, ils avaient prononcé Wao. C'est resté ainsi.

C'est un livre de lecture difficile en raison de la vulgarité du langage employé, c'est du Spanglish mélangé à de l'espagnol des Caraïbes. Coup de chapeau à la traductrice (Achy Obejas) qui a su redonner cet aspect tellement baroque du langage.
Il y a par ailleurs un livre dans le livre avec beaucoup de notes en bas de page qui racontent l'Histoire de la République Dominicaine, la dictature de Trujillo et autres « préciosités » dominicaines.

Oscar Cabral arrive aux USA vers 1970 à l'âge de 6 ans avec sa mère et sa soeur aînée Lola. La mère fuit littéralement son pays en raison des complications liées à sa vie privée et doit travailler durement pour élever seule ses deux enfants. C'est une mère assez hystérique, mais responsable.

Les dominicains font partie de la diaspora avec d'autres centraméricains et font colonie dans l'État de New Jersey. Ils cohabitent, parlent, vivent comme des centraméricains, sans trop s'intégrer.
Oscar Wao est un obèse morbide, un geek, un friki et un nerd. Son drame est de ne pas avoir encore « connu » de femme ce qui constitue une honte collective pour un jeune dominicain car les jeunes sont plutôt très libres et désinvoltes avec la chose sexuelle. Et le pauvre Oscar vit dans un monde de SF et de fantasy. C'est un inadapté social.
Sa soeur Lola, une belle plante au corps de déesse se fait beaucoup de souci pour Oscar et demande à un copain (le narrateur) d'aider Oscar à maigrir et à perdre sa virginité si possible.

Les dominicains croient fort dans le fukú, une sorte de malédiction collante qui peut se transmettre de génération en génération, sans que l'on puisse grand chose pour la conjurer. Or la famille d'Oscar cumule les malheurs depuis l'époque de l'opulent arrière grand-père, puis les parents et pas mal de collatéraux.
Les personnages du roman même sur fond de pathétisme, sont truculents. Certaines choses sont incompréhensibles pour les non caribéens.
Le drame d'Oscar Wao est pathétique mais le ton est drôle, cru par moments, transgresseur, parfois trop triste. le texte prend tantôt le ton de la comédie la plus loufoque, tantôt le ton du drame le plus sinistre; il y a du réalisme mais aussi du surnaturel, de la profondeur et de l'extrême verdeur.
La prose peut paraître très classique, mais par moments elle est d'un baroque total, le tout baignant dans un Spanglish et dans un espagnol si adultéré que c'est difficile à supporter.

Je l'ai lu en espagnol traduit de l'anglais et ce fut une lecture plutôt intéressante, différente, un peu difficile mais qui passe grâce à l'humour décapant de Junot Diaz.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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