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Citations sur Sibérienne (10)

il contempla pour la dernière fois l'horrible pantalon rembourré dont Nadejda, après certain épisode, avait recousu les boutons : les affreuses surchaussettes, le surcaleçon ridicule taché d'urine ; la chapka aux oreillettes tristes comme un chien battu ; les lourdes bottes et la paire de gants si malcommodes.
Toutes ces hardes étaient abominablement sales, elles puaient la sueur et la crasse concentrées, leur poids était calamiteux, et pourtant il aurait payé cher pour les emporter avec lui.
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Bárbaro soupira en exhalant une colonne de buée légèrement bleutée, avança de quelques pas et fit volte-face dans la seule intention de vérifier que la buée restait immobile, plantée dans le brouillard glacé de cette après-midi grise comme un pelage de loup.
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Dieu était une femme, il était elle, et lui l'avait connue, et personne ne pourrait rien lui reprocher. Ni Chango, ni Sainte Barbara, ni son père, ni le Général, ni le dieu des Russes lui-même. Il avait gagné le droit de reposer en paix, le dos contre la terre et le visage tourné vers les constellations.
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Oui, le temps était une chose foutrement bizarre ; l'heure qu'indiquait sa Polyot, par exemple, ne coïncidait absolument pas avec celui de la Bête, alors que c'était le cas au départ de La Havane. C'était comme s'ils volaient en mangeant du temps à mesure qu'ils avançaient dans l'espace, de sorte qu'en arrivant en Sibérie il serait plus vieux de quelques heures que s'il n'avait jamais quitté Cuba.
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Non seulement c'était le plus gros avion du monde, mais il venait d'entreprendre la liaison commerciale la plus longue de l'histoire de l'aviation. La Havane - Moscou sans escale en passant par le cercle polaire Arctique, et il était tellement bourré de combustible que l'excédent de poids lui permettait tout juste d'emporter trente passagers, alors qu'il était conçu pour trois cents.
Cette disproportion mettait Barbaro mal à l'aise : il avait l'impression de voler dans un gigantesque palais vide.
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Et même s'il était relativement bon au baseball et au basket, se disait-il maintenant en essuyant la sueur de ses pognes sur son pantalon, il ne comprenait pas pourquoi les noirs étaient condamnés à se cogner dessus, courir, chanter, faire de la musique ou danser comme des singes de foire.
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Les fameuses latrines des campements volants de Sibérie, avait expliqué Nadejda, quand elle s’était enfin arrêtée de rire et avec la clarté et le calme de la maîtresse qui s’adresse à un élève particulièrement obtus, disposaient de trois accessoires qui les rendaient, par définition, supérieures aux toilettes occidentales les plus raffinées. Le premier de ces accessoires était un bâton que l’on enfonçait dans la neige, avait elle expliqué en singeant le mouvement qu’elle décrivait, et cela jusqu’à ce qu’il tienne assez solidement pour que l’on puisse s’y cramponner pendant l’action. Le deuxième accessoire, avait-elle dit en brandissant un gourdin imaginaire, était un autre bâton. À quoi servait-il, celui-là ? Elle avait observé une pause, dans le but de créer le suspense nécessaire, avant d’indiquer suavement que le deuxième bâton servait à taper sur les loups qui sortaient de la forêt pour dévorer les défécateurs imprudents. Bárbaro avait eu un rire nerveux, mais Nadejda avait gardé son ton calme et doux pour lui expliquer que le dernier accessoire n’était autre qu’un troisième bâton, lequel était utilisé pour casser la crotte qui, par un tel froid, gelait à mesure qu’elle parvenait à sortir à l’air libre ; ce dernier détail du gel immédiat et par tronçons des crottes, avait-elle conclu en simulant un large geste de fierté, faisait de la Sibérie un lieu absolument exceptionnel : le seul endroit au monde où la merde ne sentait pas mauvais.
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Peu après, un chariot bloqua l'allée et une hôtesse lui servit un repas chiche et rabougri qu'il dévora sans savoir s'il s'agissait du déjeuner, du thé ou du dîner.
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Pour un sibérien, 40° au-dessous de zéro, ce n’est pas froid ; une vodka de 40°, ce n’est pas une boisson alcoolisée ; 400 roubles, ce n’est pas de l’argent ; et 4000 km, ce n’est pas une distance.
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Son seul, son vrai dieu était Nadejda. Elle lui avait avoué qu'elle l'aimait, et c'était suffisant. Et si les autres dieux le châtiaient en le condamnant à l'enfer, il souffrirait pour elle. D'ailleurs ils l'avaient déjà condamné, puisqu'il n'y avait pas de plus grand châtiment que de la perdre.
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