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Critique de Sachenka


Une grande ville arabe. C'est tout ce qu'on sait. Tous ceux qui y résident mènent leur train-train quand des bruits arrivent de partout. Comme des sortilèges maléfiques sortis des profondeurs de la terre. D'abord, des hommes sont enlevés. Leurs épouses, enfants aux bras, cherchent à savoir ce qui se passe. Puis, des coups de mitraille, des explosions. Il semble y avoir un répit mais la violence reprend. Toujours.

Le plus étrange, c'est que la ville semble change au fil des événements, elle suit le mouvement. Comme ses habitants, elle se contracte, elle s'enfouit dans le sol, puis elle se relève contre tout sens commun. Des constructions nouvelles se multiplient, nuit et jour, même à travers les bombardements et les tirs. Elle change d'aspect. Après tout, la vie continue, même pour les gens qui ne comprennent rien à ce qui se passe, qui ressentent la peur, mais qui doivent aller à l'épicerie, à l'école ou au travail.

Cet univers surréel que Mohammed Dib propose, c'est une allégorie de la guerre d'Algérie. le roman n'y fait jamais allusion directement mais l'auteur le mentionne dans la postface. Il voulait écrire sur cette horreur, mais sans la nommer directement. D'autant plus que d'autres oeuvres importantes ont déjà dépeint la puissance du mal. «Comment parler de l'Algérie après Auschwitz, le ghetto de Varsovie et Hiroshima ?»

Et Mohammed Dib a raison. le lecteur a lu et relu nombre de récits racontant des atrocités toutes plus horribles les unes que les autres. le sang, les cadavres dans les décombres… Ils ne font plus autant effet. Mais les cauchemars peuvent encore hanter. Et, à travers son allégorie Qui se souvient de la mer, avec ses visions à la fois oniriques et apocalyptiques, il y parvient.

C'était déroutant par moment, la menace semblait insaisissable et intangible, et d'une puissance inoxerable. Mais elle peut représenter n'importe qui et n'importe quoi. Même les doutes intérieurs. Et la mer qui menace de tout engloutir. C'est puissant et évocateur. Et étrange. Chacun peut y voir ce qu'il veut. de ce fait, certains aimeront et d'autres, pas tout. À vous de juger.
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