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Critique de lebelier


Paul Dombey est un riche homme d'affaires formaté dans le business de l'époque, cet utilitarisme déjà dénoncé dans Hard Times de Dickens. Il est marié et a une fille, Florence. Comme le roi Henry VIII qui avait grand désir d'héritier, sa femme lui donne un fils, Paul (comme lui) mais meurt en couches. Dès lors M. Dombey voue un culte particulier à ce petit garçon fragile, laissant sa fille aux soins de nounous qu'il emploie et qui ne doivent surtout pas se prendre d'affection pour la petite car de toute façon : « girls have nothing to do with Dombey and Son.» (Les filles n'ont rien à voir avec Dombey et fils)
Le petit Paul est éduqué chez les Blimber, pension qui n'est pas un modèle de pédagogie, mais il y rencontre M. Toots, un jeune aristocrate qui devient un ami sûr ainsi que l'éternel amoureux de Florence, Miss Dombey.
Tout au long de la courte vie du petit Paul, on note sa santé fragile et son esprit au raisonnement d'adulte :

“Our darling is not altogether as stout as we could wish. The fact is, that his mind is too much for him. His soul is a great deal too large for his frame.”
(Notre cher petit n'est pas aussi robuste que nous pourrions le souhaiter. le fait est que son esprit le dépasse. Son âme est bien trop grande pour sa corpulence.)
Et, concernant la méthode Blimber représentée par l'acariâtre Mrs Pipchin, professeure de la pension :
“It being a part of Mrs Pipchin's system not to encourage a child's mind to develop and expand itself like a young flower, but to open it like an oyster…”
(Une partie du système de Mme Pipchin consistait à ne pas encourager l'esprit d'un enfant à se développer et s'épanouir comme une jeune fleur mais à l'ouvrir de force comme une huître…)
Paul apprend de son père la valeur de l'argent, le pouvoir que cela procure.
“And you see, Paul”, he added, dropping his voice, “ how powerful money is, and how anxious people are to get it.”
(Et vois-tu, Paul, ajouta-t-il en baissant la voix, comme l'argent est puissant et combien les gens sont impatients de l'obtenir.)
Chez Dickens il y a souvent une multitude de personnages, les personnages principaux autour desquels gravitent plusieurs personnages satellites dont l'importance croît plus ou moins au gré de la narration. Ainsi les personnages tels que Walter et Sol Gils du « Wooden Midshipman » (l'aspirant de bois), magasin de matériel marin, croisent un jour le chemin de Florence, encore enfant, égarée dans les rues de Londres comme un chaperon rouge et dépouillée de ses vêtements par « Good Mrs Brown » (tu parles !) une vieille chiffonnière, sorcière sortie tout droit d'un conte et qui l'habille en guenilles. Florence croise donc à cette occasion et pour la première fois la route de Walter, chevalier qui délivre la belle et la ramène à la maison.
Restent les autres personnages, les estropiés de la vie, comme le Capitaine Cuttle avec son crochet (Peter Pan n'était pas encore écrit à l'époque du roman mais il est fort à parier que John Barrie s'en soit souvenu.) A la différence du Crochet de Peter Pan, celui-ci est un homme à la grande bonté d'âme, à l'amitié inoxydable ayant ses pendants négatifs en la mère d'Edith, dite ‘Cleopatra', en chaise roulante ou le Major Bagstock, opportuniste vantard.
M. Dombey se remarie. le remariage est une sorte de transaction mais Dombey ne supporte pas l'entente chaleureuse de sa jeune femme Edith avec Florence qui se confie à elle en grandissant, cette fille qu'il continue d'ignorer et de délaisser, qu'il coupe de tout sentiment d'amour ou d'amitié en congédiant d'abord sa première nounou et , plus tard, en éloignant Walter en mer de telle sorte qu'on le croie mort dans un naufrage et que Florence l'oublie. Malgré tout on sait que Walter va revenir car Dickens a semé des indices y compris en faisant disparaître son oncle Sol qui part à sa recherche.
Ce que je n'ai pas bien compris en revanche, c'est le rôle que jouent les personnages des Carker, ces deux frères dont l'un « le manager » apparaît comme un chat du Cheshire avec les dents brillantes, figure typique de l'arriviste qui a « les dents qui rayent le parquet », et son cadet qui est l'honnêteté même.
Hormis peut-être dans le passage de la fugue d'Edith où le manager « aux dents longues » veut la mépriser et la soumettre mais c'est elle qui finalement le méprise et le déballonne comme une baudruche qu'il est.
Toutes ces voix vont résonner à l'unisson dans un final un peu attendu où seront passés d'autres personnages tels que Rob The Grinder (Rob le Broyeur), sorte de Gavroche Londonien, petit gars débrouillard et sournois.

(Florence). She imagined so often what her life would have been if her father could have loved her and she had been her favourite child, that sometimes, for the moment, she almost believed it was so, and, borne on by the current of that pensive fiction, seemed to remember how they had watched her brother in his grave together.
(Elle a si souvent imaginé ce qu'aurait été sa vie si son père avait pu l'aimer et qu'elle eût été sa préférée, que parfois, en cet instant, elle pouvait presque le croire, et, emportée par le courant de cette pensée fictive, semblait se souvenir de la façon dont ils avaient regardé ensemble son frère dans sa tombe.)

On retient aussi de ce roman, les descriptions de la solitude, des demeures vides et mornes, de la nuit qui vient au fond des chambres désertées où le personnage se débat dans une mélancolie qui le dépasse. du Dickens quoi !
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