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Critique de Lendry


Quelle amère déception après « La vérité sur l'affaire Harry Quebert »…. J'en suis déçue autant que furieuse ! Si le précédent livre de Joël Dicker m'avait intriguée, émue, et que j'avais lu ce charmant pavé en quelques jours à peine sans pouvoir le lâcher…. C'est tout le contraire qui s'est produit avec ce très, très moyen « le livre des Baltimore », que j'ai eu du mal à finir.

Le pire de ce livre, c'est la régression de son auteur. Car les défauts marqués de « La vérité sur l'affaire Harry Quebert », qui étaient pardonnés quand on sait que Joël Dicker est un jeune débutant publiant son deuxième roman (quoi que... des plus jeunes auteurs que lui sont bien meilleurs), sont dans ce « Livre des Baltimore » exacerbés… parfois à l'excès. Ses défauts se tiennent principalement à des longueurs interminables et inutiles, des personnages fades et stéréotypés, des dialogues niais et surréalistes (un point sur les petits surnoms que se donnent les personnages entre eux… « Markinette », « Markinou », « Wood »…) et une intrigue inconsistante. Encore, la « vérité sur l'affaire Harry Quebert » comportait parfois de ces maladresses, mais « le livre des Baltimore » en est pétries ! C'est affligeant.

Déjà, les 250 premières pages du roman (dont plus de sa moitié) qui ne servent à RIEN ! Je me suis ennuyée à les lire tant l'intrigue peine à démarrer, et que j'avais l'impression de me retrouver devant un mauvais épisode d'une série américaine bas de gamme comme un sous « Beverly Hills »… L'auteur décrit des personnages qui sont tous PARFAITS (beaux, en plus d'être intelligents, très riches, généreux, sexy, musclés, élégants, brillants dans tout ce qu'ils entreprennent, sans un pet de défauts, et de leurs rapports magnifiques et idylliques entre eux)… et l'admiration sans borne, répétée jusqu'à l'abus, que leur porte le narrateur. Sauf que ces personnages, à force d'être ainsi décrits et magnifiés, deviennent plats donc inintéressants. Ils sont trop parfaits pour être réalistes (un point que j'avais remarqué sur certains personnages de « La vérité sur l'affaire Harry Québert » (pas tous), mais pas de façon aussi grossière). C'est donc lassant et énervant de lire un catalogue de bons sentiments, et répété jusqu'à l'abus que Marcus les admire et les adore… Si fait que le fameux « Drame » (que l'on devine bien avant que l'auteur nous le révèle… le suspense est moyen) perd de son intérêt, comme la perte d'intérêt que l'on a pour tous ces Barbies et Kens stéréotypés à l'excès.

Puis, c'est dans le style de Dicker et sa narration que j'ai été consternée… Par le manque de rigueur surtout. Je passe certaines situations et dialogues ridicules de mièvrerie (sauf peut-être celle qui m'a fait rire bien malgré moi en page 162 : « Vous êtes devenus fous ? les réprimanda le coach Bendham. - Vous êtes devenus fous ? répétèrent les parents Neville. - Vous êtes devenus fous ? reprirent Oncle Saul et Tante Anita. »… Sans commentaire, n'est-ce pas ?… Cinq adultes soit disant parfaits d'intelligence qui jouent entre eux les perroquets, même un dialoguiste stagiaire pour une scène de soap opéra n'oseraient pas écrire cela).

En revanche, d'un point de vue littéraire, je ne peux pas passer à côté d'erreurs monstrueuses de rigueur. le livre est écrit à la première personne, avec un narrateur, dont qui se doit de DÉCRIRE les situations, de donner son point de vue, ressenti, analyse… Or, page 69, ledit narrateur écrit « en passant en voiture le portail de la propriété de Kevin ce jour-là, je ne remarquai pas le van noir garé dans la rue, ni l'homme qui m'observait au volant ». Soit tu le remarques, soit tu ne le remarques pas. Dans ce dernier cas, tu ne peux pas l'écrire car tu ne l'as pas remarqué. Autre faute de rigueur marquante, qui prouve d'un certain côté l'amateurisme dont fait preuve Dicker, dans une page que je n'ai pas notée (j'aurais dû), quand un policier après avoir été frappé dans l'après-midi par un des personnages, apparait quelques heures après avec un « oeil au beurre noir »… Non. NON ! Un hématome à l'oeil, une marque rouge, mais pas un oeil au beurre noir qui met des jours à se former dû à la coagulation du sang…. Et lors d'une conversation téléphonique, le narrateur écrit qu'il entendit son oncle « sourire »… Peut-on « entendre » quelqu'un sourire ?

Dernier point important et non des moindres, qui hélas prouve que Joël Dicker ne maitrise pas bien les règles littéraires (de base pourtant) de la narration… Et attention, risque de spoilers : le personnage principal, narrateur, Marcus (beau, jeune, musclé, écrivain à succès et adulé de l'Amérique entière dès la publication de son premier roman, qui sort avec la plus grande chanteuse à succès adulée par ce même pays et classée parmi les personnalités les plus influentes…) raconte l'histoire et la fin tragique de ses merveilleux cousins (un intello ultra-doué et un sportif ultra talentueux… Excusez du peu !)… et de leur disparition, livrant des passages et dialogues détaillés entre ces deux personnages que ce narrateur n'auraient JAMAIS pu connaître car ses cousins ont disparu sans jamais lui en parler… L'auteur confond la forme narrative à la première personne du singulier avec celle de la troisième personne ! Ce qui est le plus affligeant, c'est que son éditeur ait pu laisser passer cela…

J'écris cette critique sous l'effet d'une certaine colère, et d'une profonde déception. Après les espoirs de « La vérité sur l'affaire Harry Quebert », un roman que j'avais adoré dévorer, pour moi Joël Dicker s'effondre et chute dans le rang de ces écrivains à succès public, qui font vendre mais vendant des fictions plates et faciles à lire, des romans de plage sans prise de tête, et surtout (cruellement) sans vrais intérêts littéraires, et qui font malgré eux mal à la vraie littérature et aux vrais écrivains. Certains aiment, je les respecte, mais d'autres fervents lecteurs et littéraires détestent. Et sans avoir détesté « le livre des Baltimore », je l'ai trouvé beaucoup trop moyen et « amateur » dans sa forme et son fond pour le trouver intéressant.
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