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Critique de Wendat69


« Quand la guerre commence, l'enfer s'ouvre ». Ce proverbe polonais, Guy Sajer l'a vécu en plénitude, une bien terrible plénitude. Celui qui est connu sous le pseudonyme de Dimitri a laissé un témoignage d'une rare intensité en écrivant le Soldat oublié.

Pour avoir lu nombre de romans de guerre, il m'a rarement été donné de percevoir un si profond élan de vérité sur ce que peut ressentir un homme confronté aux affres de la guerre, de la guerre totale. Et quand je dis un homme, je devrais plutôt dire un adolescent devenu un homme malgré lui (Sajer pris l'uniforme à 17 ans), par la force impitoyable des événements disloquant les éléments.

Guy Sajer, né de père français et de mère allemande, s'est retrouvé de l'autre côté du miroir, du mauvais côté de l'Histoire, malgré lui. Par les caprices hasardeux de la destinée, il revêtit l'uniforme allemand et s'incorpora à cette terrible machine de guerre, se plia à sa terrible discipline qui nourrit son efficacité. Son destin fut orienté, dès la tenue vert-de-gris mise, à l'Est. Convoyeur dans un premier temps, il rejoignit ensuite les effectifs de la division « Gross Deutschland » pour combler les pertes que la terre de Russie avalait sans discontinuer.

Il s'agit d'un grand livre, un très grand livre à mon sens, parce qu'il s'agit d'un témoignage d'une suffocante humanité. On ne peut qu'à peine imaginer, encore moins ressentir, ce que vécurent tous ces hommes, ces milliers, ces centaines de milliers d'hommes, quelle que soit la couleur de leur uniforme. Ce qui transparaît de façon éclatante à la lecture de ces pages, c'est l'absolue nudité du combattant sous l'uniforme, face à toutes les aberrations qui surgissent du chaos.

On comprend en lisant ce livre, que celui qui a connu la guerre, qui l'a vécue, se retrouve sur une rive qu'il ne pourra jamais vraiment quitter. Une part de lui restera retranchée du monde à jamais. Vérité singulièrement frappante et entière pour tous ceux qui se sont battus « à l'Est », ceux qui sortir vivants de ce chaudron glacé y ont cependant enterrer une partie d'eux-mêmes. Guy Sajer fut de ceux-là.
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