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Critique de Topper67


J'avais déjà livré mon impression sur le "Cahier d'un survivant" de Dominique Richert. Voici maintenant le témoignage d'un autre « soldat de l'entre-deux » Guy Sajer (de son vrai nom GuyMouminoux). Né en 1927 d'une mère Allemande et d'un père français, Guy grandit en Alsace. En 1942, âgé de 17 il est appelé pour le Reichsarbeitsdienst, le service de travail forcé pour tous les jeunes Allemand(e)s précédent inévitablement pour les hommes leur intégration dans la Wehrmacht.
Cela va aussi être le cas pour l'auteur qui se retrouve, encore adolescent, incorporé. En raison de son jeune âge il est désigné pour servir dans le train des équipages et envoyé en Russie. Sa mission principale consiste en des norias entre l'arrière et le front qu'il doit ravitailler. C'est donc en tant que conducteur que se font ses premiers contacts avec la guerre. On sent au fur et à mesure de ses lignes la déliquescence de l'armée allemande : les missions sont de plus en plus difficiles, les partisans harcèlent les colonnes de ravitaillement et bientôt, l'aviation russe s'en mêle quand l'Allemagne perd le contrôle de l'espace aérien.
Lors d'une de ses permissions en 1943, Guy se porte volontaire pour la division Grossdeutschland : unité d'infanterie motorisé d'élite. C'est donc en tant que fantassin qu'il repart en Russie ou nous le suivons dans les combats (la bataille de Koursk entre autres), la retraite (il participe au terrible franchissement du Dniepr comparé à la Berezina de l'armée allemande) durant l'hiver 1943-1944. C'est en Prusse que se poursuit sa guerre après une période de convalescence suite à une maladie. Il se bât aux côtés d'enfants et de vieillards incorporés d'urgence pour défendre coûte que coûte le Reich. Encerclé, il arrive à quitter la Prusse pour le Danemark ou il est censé se battre contre les anglo-américains. C'est à eux qu'il se rend. Il est rapidement libéré en raison de sa nationalité française et retrouve la vie civile chez lui, à Wissembourg.
Le style de Sajer est précit : il arrive à susciter l'émotion en décrivant les faits de manières brutale et réelle. Il ne nous cache rien de la vie quotidienne du soldat allemand : les rations, le matériel mais aussi le rapport aux russes, aux femmes. On ne sent pas de haine du soldat ennemi chez lui, en revanche une haine farouche des partisans. Il parle très peu d'ailleurs des exactions que les soldats allemands ont fait subir aux civils. Son témoignage est surtout précieux pour une chose : loin des clichés des manuels scolaires (les méchants allemands contre les gentils alliés) nous avons la le récit d'un Alsacien volontaire pour l'armée. Il aurait pu se contenter de son service en tant que conducteur mais non, il veut se battre aux côtés de l'Allemagne et ne s'en cache pas. Il tente de s'expliquer sur ses motivations : il se dit fasciné par la force et la discipline de l'Allemagne qui est, pour lui, la seule à pouvoir lutter efficacement contre le « cancer bolchévik ». Il déplore les combats contre les Français et les Anglais : tous devraient combattre ensembles, en tant que frères européens, contre la menace qu'est l'URSS. Conviction véritable ou résultat de la propagande qu'il subit depuis son adolescence ? Son livre ne permet pas vraiment de trancher.
Je vous invite quoi qu'il en soit à découvrir ce magnifique témoignage qui m'a laissé une impression de récit d'aventure. Quand j'ai terminé sa lecture, devant tout ce qu'avait vécu l'auteur avant ses 20 ans je n'avait qu'une pensé en tête : « dire que ceci est une histoire vraie ».
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