AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JeanPierreV


Rody, gamin américain de treize ans est arrêté et condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle, à la suite du crime de trois malfrats. Dure loi américaine qui ne fait pas cas de la jeunesse du condamné. Un gamin "pas comme les autres" qui aux yeux de son avocate est "réservé et doté d'une aptitude intellectuelle hors du commun pour son milieu". Sa jeune avocate d'une trentaine d'années au moment du procès, va, à la suite de sa condamnation, le visiter chaque dimanche. Après quatre ans de rencontres hebdomadaires, elle lui propose d'écrire un livre sur lui, sur sa vie...et le jeune homme rétorque "..mon histoire, c'est moi qui la connais, alors c'est moi qui vais la raconter et vous, vous l'écrivez"..un livre à quatre mains, "parce que avec vos mots d'avocate, vous êtes à coté de la plaque" .
Une vie de petit caïd, recruté et formé par un chef de gang, Big Daddy, qui exige de l'avoir à sa disposition, lui apprend malgré son jeune age à tirer au révolver, le fait participer, comme spectateur à des crimes tous plus odieux les uns que les autres. Il fait vite partie d'un gang de tueurs psychopathes aimant le sang, la violence, la souffrance de leurs victimes. Des types qu'on n'aimerait pas croiser.
L'auteure alterne les chapitres présentant l'histoire du gamin et ceux présentant la vie de l'avocate, qui peu après avoir perdu son procès, quittera sa robe d'avocate pour créer une librairie.
Une suite de chapitres qui nous en apprennent plus sur la construction de la personnalité de chacun, leur histoire, les incidents et accidents de la vie de chacun, le gamin, et la femme avocate.
Les crimes du gamin, n'arrivent pas à nous le faire haïr ou détester, au contraire, on s'attache progressivement à lui, on comprend son crime et aucun lecteur ne pourra rester indifférent face à cette justice américaine expéditive, écartant définitivement de la société des gamins criminels sans possibilité de rédemption : "ils sont trop jeunes pour acheter des cigarettes, de l'alcool, ou des billets de loterie, pour donner leur consentement à des traitements médicaux, ou encore pour voter, ils doivent aussi être jugés trop jeunes pour passer le reste de leur vie derrière les barreaux"
A moins que...
Écrit comme un polar, avec ses crimes, sa violence gratuite, ses retournements de situation jusqu'aux dernières pages, Big Daddy pose le problème de la justice américaine expéditive, de ces instructions trop rapides et bâclées, de ses avocats inexpérimentés ou retors.. de la Justice en général. Les premières impressions, celles qui sautent aux yeux, ne sont peut-être pas les bonnes, et pourtant elles peuvent enfermer un homme à vie.
Cette avocate d'origine iranienne, comme l'auteure - tiens, un clin d'oeil ou une prise de position personnelle ? - est peut-être passée à coté d'éléments déterminants lors du procès, mais ses rencontres hebdomadaires avec le gamin, avec le jeune homme, puis avec l'homme lui permettront d'une part de mieux le connaître, et de s'interroger sur ses relations avec lui, de mieux de se connaître.
Je ne raconterai pas la suite de l'histoire.
Quelques jours après avoir "rencontré" Chahdortt Djavann, qui m'avait séduit avec "Comment peut-on être français ?", je viens de découvrir une autre facette de cette écrivain. Son style est toujours aussi agréable, elle sait maîtriser la gravité et l'humour, l'intrigue et la narration, et ainsi fidéliser le lecteur, partager ses coups de gueule contre la société, le fric.. Quand on entre dans son livre, on est progressivement ficelé, incapable de le lâcher, et captivé jusqu'aux dernières pages.
Au delà du roman, Chahdortt Djavann nous confirme son engagement au nom de la justice et des droits de l'homme.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          160



Ont apprécié cette critique (15)voir plus




{* *}