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Critique de moustafette


Lorsqu'on évoque la guerre d'Algérie, on pense surtout à celle de la Libération, comme on la nomme de l'autre côté de la Méditerranée, occultant celle, bien plus lointaine, de la colonisation.

Le récit présenté aujourd'hui nous transporte au 24 décembre 1847, date à laquelle et suite à sa reddition, l'émir Abd el-Kader, en compagnie de quatre-vingt seize de ses proches, attend d'embarquer sur le Solon pour un exil qui doit le conduire à Alexandrie ou à Saint-Jean d'Acre. La voix des meddahs et les témoignages de personnalités militaires ou diplomatiques françaises vont nous conter ce qui a présidé à cette guerre de conquête et témoigner de cette période qui n'a rien à envier à celle qui dans le futur embrasera le pays à partir de 1954.

J'aime décidément beaucoup le talent de conteur d'Abdelkader Djemaï. Il réussit une fois de plus à mêler intelligemment le destin de ces deux pays, l'Algérie et la France, en un va et vient permanent entre vérités historiques et récit poétique, le tout délivré d'une plume simple et pudique. Contraint lui-même à l'exil en 1993, sa nostalgie des paysages et des parfums d'Oranie fait écho à celle de l'émir. On sent sa sympathie pour le personnage. Il brosse un portrait émouvant de la figure emblématique que fut Abd el-Kader, mais nous renseigne aussi sur les opinions de certaines personnalités de l'époque face à cette longue guerre de conquête qui était loin de faire l'unanimité en métropole.

L'auteur évoque plus rapidement, sans développer ni prendre position, qu'Abd el-Kader n'a pas que des partisans au sein même de l'Algérie. Pour certains, il a entraîné son pays vers la guerre alors que la France n'envisageait pas une colonisation complète. Pour d'autres, les Kabyles, il est un traître, ayant préféré la reddition à la mort au combat, qui a bien profité des largesses de son ancien ennemi ; ses amitiés françaises lui seront reprochées, de même que la Légion d'honneur qu'il reçoit pour avoir sauvé en 1860 des chrétiens d'un massacre perpétué par les Druzes lors de son exil syrien. le jeune pouvoir algérien a-t-il instrumentalisé sa mémoire en rapatriant sa dépouille à Alger alors que le souhait de l'émir était de reposer à Damas auprès du maître de tous les Soufis ? Que connaissent les jeunes générations de ce personnage et quelle image en ont-ils ? Il semble qu'il reste beaucoup à découvrir sur cet homme qui n'était pas qu'un chef guerrier mais un mystique, un penseur qui avait le goût des sciences autant que de la sagesse. Sa correspondance et ses écrits sont nombreux mais restent encore à recenser et étudier.

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