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Critique de pompimpon


Paul Doherty, c'est cet écrivain anglais prolifique qui a créé Frère Athelstan et le Juge Cranston, Katherine Swinbrooke, Hugh Corbett et nombre d'autres traduits ou non en français, sous des noms aussi divers que C.L Grace, Paul Harding, Ann Dukthas, Vanessa Alexander et j'en passe, quand ce n'était pas sous celui de Paul Doherty, Paul C. Doherty ou P.C Doherty.

Rien à faire, ça m'a toujours fait rigoler, cette profusion de bouquins assortie de tous ces pseudonymes !

Le monsieur est calé en histoire médiévale, et j'ai longtemps apprécié ses romans policiers se déroulant dans l'Angleterre d'Edouard Ier ou celle de la régence de John of Gaunt.
Et puis je me suis lassée.

Patatras, de nombreuses années plus tard, voilà que je tombe par hasard sur Sous le masque de Rê dans une brocante.
Je me suis dit que je ne courais pas grand risque, même pour l'Egypte Ancienne Monsieur Doherty avait dû travailler ses sources comme de coutume pour nous offrir un bon petit roman bien informé, bien troussé, bien traduit.

Je n'ai pas été déçue.

Le héros, donc, cette fois-ci, n'est pas anglais mais égyptien, en 1479 avant J.C.
Il s'appelle Amerotkê, il est juge en chef de la cité de Thèbes.
À ce titre, il officie dans la salle des Deux Vérités, au temple de Maât, la déesse de l'équilibre du monde, de la justice, de la paix et de la vérité.

La reine Hatchepsout lui demande d'enquêter sur la mort de son époux, Thoutmôsis II, dont le décès brutal à son retour de guerre met l'empire en difficulté.

A-t-il été assassiné ?
Si oui, par qui ?

Amerotkê va devoir mener ses investigations avec finesse et discrétion, alors que le trône de Pharaon échoit à un enfant de sept ans, impliquant une régence pour laquelle les candidats ne manquent pas.
Il aura également à composer avec les coteries à la cour de Thèbes, et préserver l'intégrité qui lui a valu sa nomination comme juge en chef.
Et il courra bien des risques pour parvenir à approcher cette vérité qui se dérobe sans cesse, quelles que soient les prières qu'il adresse à la déesse Maât.

C'est bien fait, les personnages sont bien campés, les descriptions intéressantes.
On apprend une foule de détails tels que l'interdiction pour les prêtres de manger du mouton et des oignons, la faveur de Pharaon symbolisée par le don d'une fleur de lotus, la Maison des Secrets comme ancêtre des services secrets…

Je m'y suis vue très vite, dans ces rues de Thèbes, à la suite d'Amerotkê et de Shoufoy, un nain qui lui sert bien davantage d'ange gardien que de porte-parasol.
Ou bien dans la salle des Deux Vérités, au milieu des scribes.
Sans parler de visite nocturne dans la Vallée des Morts, ou de la bataille hallucinante à laquelle il prend part.

Sur le plan historique, les femmes ayant réussi à monter en nom propre sur le trône de Pharaon ne sont pas légion, et Hatchepsout m'a toujours intriguée.

Hatchepsout n'a pas pu être Pharaonne, tel que c'est parfois indiqué. Il fallait qu'elle se présente "à l'égal d'un homme" pour faire valoir son caractère divin. Pas de caractère divin, pas de pharaon.
Et dans l'Egypte ancienne non plus, une femme n'avait pas de caractère divin…

Hatchepsout a voulu être Pharaon, elle a été Pharaon.
Pas reine d'Egypte comme Cléopâtre VII (dont tous les fanas d'égyptologie vous diront que, peuh, elle ne compte pas, elle appartient à la dynastie macédonienne des Lagides, et toc… Mais ils n'ont pas lu Astérix et Cléopâtre quand ils étaient petits, à tous les coups… sans parler de ce qu'Hollywood en a fait avec Elisabeth Taylor et Richard Burton !).
En plus il lui a fallu porter une barbe-postiche à chacune de ses apparitions publiques en tant que Pharaon ! Bon, pas une barbe de bûcheron, juste la barbiche en forme de crosse qu'on trouve sur la plupart des statues et autres masques funéraires de pharaons, mais tout de même, son règne ayant duré vingt ans, ça en fait, des barbes-postiches…

Bien sûr, dans le cas présent il s'agit d'un roman. Paul Doherty a moins de trois cents pages pour la faire accéder au trône donc il compacte les sept ans qu'elle a mis à y parvenir réellement, et réduit le nombre de ceux qui lui ont taillé des croupières tant qu'ils ont pu.
Sinon, ils auraient été trop nombreux.

Mais c'est une lecture bien agréable, documentée et gentiment mouvementée, comme toujours avec cet auteur.

Et si, comme moi, vous avez été bercés enfants par le récit de la découverte de la tombe de Toutânkhamon et de la mythique exposition de 1967 au Petit Palais¹, et si comme moi vous avez dégommé l'ouvrage de Christiane Desroches-Noblecourt à propos du même Toutânkhamon à force de rêver sur son iconographie incroyable, lu et relu Astérix et Cléopâtre, stoppé pendant des années au département des antiquités égyptiennes du Louvre sans parvenir à embrayer sur la suite, êtes allés voir deux fois l'exposition "Tanis l'or des pharaons" au Grand Palais¹ en 1987 (un temps que les moins de…) et vous faites une fête d'aller voir "Toutânkhamon le trésor du pharaon" à la Villette¹, un petit polar antique des bords du Nil vous mettra dans l'ambiance !


¹ parigote d'adoption, toutes mes excuses si je vous semble parler en parigocentrée !
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