La meute des Howling Wolves, tome 1

« — Tu es l’imparfaite personne qui est parfaite pour moi, Ty.
Tyrone cilla à cette formulation puis sourit légèrement.
— J’aime bien l’idée… »

« — Va te faire foutre, Rhys ! siffla-t-il en se dégageant, le laissant tousser légèrement, une main sur son flanc douloureux.
À genoux sur le sable, le Garou le regarda s’éloigner en direction du cottage en de grandes enjambées rageuses, démoralisé.
C’était la deuxième fois qu’il avouait ses sentiments à quelqu’un.
Et c’était le deuxième râteau qu’il se prenait en pleine figure.
Y a pas à dire, tu es un vrai tombeur, mec. »

— Tu as failli déclencher une tuerie au sein de ta propre meute, affirma Neal. Parce que crois-moi, s’il avait dû mourir, Tyrone aurait fait en sorte d’emporter un maximum d’adversaires avec lui dans la tombe ! Et je ne l’aurais pas laissé se battre seul !
— Ça, ça reste à voir ! rétorqua Rhys malgré lui. Tu crois quoi ? Que le Viisas t’aurait laissé te mêler à ce combat contre nous ?
Neal, pris au dépourvu, ne sut quoi répondre.
Éprouvant un certain malaise, il regarda Miika en silence.
— Je t’aurais laissé faire, lui dit ce dernier mentalement.
— Vraiment ?
Miika sourit malgré lui, amusé de le voir lui répondre à voix haute.
— Je n’y crois pas une seule seconde, décréta Rhys. Aucun Garou ne laisserait son âme sœur combattre dans une lutte aussi inégale !
— Je l’aurais laissé venir en aide à son ami, répondit Miika dont l’expression redevint un masque neutre. Et à la moindre égratignure sur sa peau, j’aurais décimé ses adversaires d’une telle façon qu’il n’y aurait pas eu assez de chair sur leurs os pour intéresser des rats.
Rhys pâlit et parut se tasser sur lui-même.
Impressionné par sa réaction, Neal haussa un sourcil en regardant Miika.
— Ce n’est pas que de la parlotte, pas vrai ?
Du lit où Eshan était étendu, la tête sur les cuisses de son amant qui lui caressait doucement le front après avoir soigné sa plaie qui se refermait déjà, s’éleva un gloussement nerveux, ténu.
— Non, dit Eshan.
— Absolument pas, confirma Miika simplement.
Neal le contempla un instant d’un air songeur. En lui, son loup gronda de satisfaction. Sans réfléchir, il tendit le cou et effleura ses lèvres. Quand il s’écarta, il le vit passer la langue sur sa lèvre inférieure, comme pour garder plus longtemps le goût de ses lèvres sur sa bouche, et sourit. Quittant son visage des yeux avec difficulté, Miika posa un regard sévère sur Rhys.

« — Écoute, rentrons, conseilla-t-il. Tu es fatigué, Ty. On discutera sérieusement quand tu…
— Je te déteste ! le coupa Tyrone, dont les yeux s’embuèrent brutalement de larmes. Je te déteste quand tu arrives à me faire rire, parce que tu ne sais pas comme c’est bizarre pour moi ! Je te hais quand tu me fais tourner en bourrique et que tu t’en vas pour me laisser enrager seul ! Je hais tout ce que tu perçois en moi ! Je te déteste à un tel point que je pourrais te tuer parfois ! Mais le pire dans tout ça…
La voix se brisa et il s’interrompit brièvement, clignant les yeux pour chasser les larmes qui lui brouillaient la vue.
— Le pire, c’est que je me hais de ne pas savoir te détester ! Je n’y arrive pas ! Pas une seule seconde d’une seule putain de journée ! Et ça me tue ! Ça me tue, merde ! Je ne peux pas gérer ça… Je ne peux pas…
Sa voix s’enrouant définitivement sur ces derniers mots, il s’interrompit, le cœur dans la gorge, sa poitrine se soulevant au rythme rapide de sa respiration. »

« Lui, Tyrone Finley, le Faucheur, l’ancien cauchemar vivant des Lycans, était devenu un Garou dont le loup avait – comble de l’ironie ! – développé de tendres sentiments à l’égard du plus horripilant des Bêtas de toute l’espèce !
Fichu Garou !
Il était tombé bien bas, pour tomber amoureux d’un crétin de macho à la cervelle de pois chiche dans son genre !
Amoureux…
Tyrone fut tellement abasourdi par le chemin tortueux qu’avaient pris ses propres réflexions, qu’il s’en étrangla presque.
Amoureux ?
Lui ?
De lui ?
Et puis quoi, encore ? »

« Rhys se pencha sur lui en grondant, rageur. Le jeune homme sursauta et fit mine de s’écarter, mais il le prit par les poignets pour l’en empêcher.
— Ton ami peut te tuer, tu l’acceptes ? cracha-t-il presque. Mais moi, je ne peux pas t’aimer ?
— Rhys…
— Je veux juste le droit de te protéger, de te couvrir de caresses, de te chérir, de tenter de te rendre heureux… Et tu m’envoies au diable ! Mais lui ! Lui, il te blesse, il te roue de coups ! Et tu t’en fous ?
— Je n’ai jamais dit que je m’en foutais, souffla-t-il. Mais il est mon ami.
— Et moi, je suis quoi ? Je suis quoi, Tyrone ?
Tyrone ne répondit pas. Ses yeux dorés plongés dans le regard bleu du jeune homme, Rhys serra les dents, le cœur douloureux. »

« — Sur l’Eau qui nous abreuve, le Feu qui nous réchauffe, l’Air que nous respirons et la Terre qui nous porte, moi, le Sans Nom, né sous l’esprit du Loup Blanc à l’aube de Beltane, je te jure que seule la mort pourra mettre un terme à l’amour que j’ai pour toi. »