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Critique de germania


Le prologue s'ouvre sur une scène très forte, que l'on comprendra plus tard, même si l'on devine assez vite de quoi il retourne :l'auteur nous embarque dans une chasse à l'homme, et nous sommes aux côtés du
« gibier », un jeune homme qui fuit, après s'être échappé du lieu où il était enfermé. On halète, on n'écoute pas sa souffrance, on tend son corps vers
une liberté indécise.
Et puis, retour en arrière, pour une autre situation, point de départ du roman : l'incendie de l'abri de jardin d'un couple a priori banal, anglais moyens, vivant dans une petite ville de l'Est de l'Angleterre, écrasée par la
récession économique. L'incendie d'un abri de jardin, voilà qui pourrait être de peu d'intérêt. Seulement, un corps brûlé y sera retrouvé, et à partir de là, le lecteur va découvrir, en suivant les inspecteurs Dushan Zigic et Mel Ferreira, la face sombre de Peterborough. .Ces noms nous font dresser l'oreille : ils n'ont rien d'anglais … L'un d'origine serbe, l'autre portugaise, mais tous deux anglais, intégrés dans un des rouages de l'État, la police. Enfin, intégrés, oui et non, on sent bien que pour les concitoyens dont ils sont amenés à s'occuper, ces deux-là ont gardé leur étrangeté.
Car voilà le fond de ce roman prenant : plus qu'un polar classique (c'en est un, avec ses enquêtes, ses interrogatoires, ses pistes et fausses pistes…), on pense à un roman noir, sociologique, qui met à nu les turpitudes de la société anglaise quand le chômage, la misère sociale, voire la bêtise prennent le pas sur toute morale. Au cours du récit, on rencontra l'exploitation humaine dans ce qu'elle a de pire, l'esclavage. Les travailleurs immigrés venus de l'Est européen attirés par le mirage d'une vie meilleure sont traités comme des bêtes de somme, pire même, « chosifiés » à tel
point que certains patrons n'hésitent pas à se débarrasser d'un ouvrier blessé en le coulant dans le béton. Voilà une scène particulièrement dure, qu'on n'oubliera pas.
Comme tout bon roman noir, le récit dénonce un fait de société, la façon dont l'Angleterre accueille ces travailleurs (les femmes, on s'en doute, n'ont pas plus de chance que les hommes, soumises au bon vouloir de quelque patron de pub moins mauvais …), la montée de groupes d'extrême droite, bref, la haine de l'autre. le titre français du roman traduit bien cet aspect. le titre original, « Long way home », laisse peut-être davantage entrevoir une petite lueur d'espoir pour certains protagonistes. L'écriture est simple, sans fioritures, efficace. le rythme ne s'essouffle jamais. Il faut recommander ce polar qui n'est pas sans faire écho à la situation des migrants en France.




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