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Critique de nilebeh


Ce livre, c'est une bulle légère, un kaléidoscope d'images délicates évoquées par l'auteure (et joliment mises en couleurs par l'illustratrice Annabelle Guetatra), mettant en scène deux soeurs jumelles - ou tout comme - qui partagent des moments de douceur, de chagrin, de complicité, d'abord dans leur enfance confiée à Grany, la grand-mère réaliste, qui fait ce qu'elle peut pour combler le vide laissé par le décès de la maman, puis aujourd'hui, dans leur vie de femmes.

L'une écrit, en un style aérien et poétique, elle enseigne aussi le braille aux aveugles, du bout des doigts. L'autre, infirmière, apporte douceur et compétence aux grands brûlés de son service, quand elle ne vibre pas sous les caresses d'amants inconnus.
Abeille et Cheyenne, unies, différentes et si semblables !

Ce livre est un festival de sensualité et d'érotisme. Après que les corps se sont fermés pour trop de douleur (s), les sens s'éveillent et s'affinent : les couleurs tournoient, du noir brillant d'un ciré assorti à des chaussures à hauts talons, au rouge vif d'un canapé en velours rubis, récupéré chez les parents ; l'hibiscus éclate de couleur au local des infirmières, le sang s'épanouit en fleur sur la compresse du grand brûlé, une étrange fillette erre dans le couloir, un soulier verni rouge à la main.
Les sens s'affinent, caresses et frôlements, exacerbés quand on devient aveugle comme Claire, ou comme ce magistrat qui perd tout contrôle et commet l'irréparable. Des baisers entre soeurs, derrière le canapé, des baisers entre les parents avant le jour fatal, la moiteur des corps qui s'unissent, à l'infini les corps qui se répondent et vibrent du même plaisir.

Il y a comme une obsession du mot « mot » dans ce livre, occurrences multiples, comme si les mots avaient pour rôle, outre de dire, de réparer, d'expliquer, de ressusciter le passé, in fine d'accepter l'inacceptable. Est-ce pour cette raison qu'Abeille a appelé sa tortue Kailo, qui signifie « sans blessures » (dans « sa » langue d'origine!) ?

Il y a quelque chose de tristement gai dans ce livre, un appel au bonheur malgré tout. Résilience et reconstruction. Donner, se donner, aider, sentir en soi la vie, profondément, malgré tout. Et si nous avions, nous aussi, cachés au fond de nos ourlets, quelques secrets bien gardés qui ne demandent qu'à resurgir pour parvenir à la réparation ?
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