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Critique de latina


Grâce. Tremblement de l'instant. Lecture fine et sensible.

Oh que j'ai aimé accompagner sur la pointe des pieds ces « Women Fly Fishing », ces 4 femmes passionnées de pêche à la mouche qui se retrouvent le temps d'un week-end dans une cabane perdue au fond des bois, le long d'une rivière. La rivière. Endroit de toutes les émotions, lieu de recueillement, de plongée en soi-même.
« le présent s'adoucit.
Chuchotement. Il faut se taire. C'est une des premières choses que l'on apprend à la pêche.
Le temps plane au-dessus des flots. Les soies dessinent des arabesques. Une écriture s'inscrit dans les airs, des hiéroglyphes secrets se racontent.
La rivière les unit dans un instant présent pétri d'attention à l'onde. Elles se sentent héroïnes d'une histoire hors du temps, voguant d'épisode en épisode, connectées à ce qu'elles recherchent la plupart du temps inconsciemment. le vivant. »

Il y a Georgia, veuve encore en peine.
Il y a Olivia, entièrement tournée autour d'elle-même et se voulant brillante, politique, soi-disant altruiste.
Il y a Fanny, sa soeur, dont l'âme et la langue bégayent.
Il y a Lucie, au physique d'allumette anorexique, en proie au stress permanent, qui cette fois est flanquée de sa fille Pauline, ado de 14 ans révoltée et pleine de vérité, et son amie Emy, la jeune Africaine au 6e sens prophétique.
Et puis Sophie s'en mêle, la policière qui est de garde, justement ce week-end-là. Et puis, et puis, et puis...
Non, je m'arrête. Il faut les découvrir une à une, ces femmes au passé et au présent lourds comme des pierres de rivière, ces pierres tortueuses si traîtres...
Car quand l'amour, tel un hameçon, se fiche dans votre peau, il y a de l'orage dans l'air.
« le soleil tourne aigre. Les haies hirsutes se taisent. Les arbres tombent dans la lumière du ciel. »
Et puis survient le drame, inévitable, qu'on pressent dès le début, dont l'intuitive Emy est emplie dès son entrée dans la cabane.
« Un coup de poing dans la gorge.
Le coeur devient gravier. »

Emplie de poésie, j'ai ondoyé avec ces femmes tout au long de ma lecture.
J'ai adoré cette écriture au plus près de la nature, de la rivière et de la femme.
J'ai épousé les non-dits.
J'ai frémi devant des paroles explosives.

Il m'a fallu cheminer lentement dans ce roman. M'approprier chaque phrase, chaque mot, chaque relief.
Et je peux vous assurer que j'en suis sortie tout étourdie, comme après un rêve très flou et très présent.

Merci aux éditions belges Esperluète, que je découvre et que j'explorerai à l'avenir sans hésitation, car elles m'ont fait découvrir une auteure sensible, à l'écriture perlée.
« Là où l'eau touche l'âme », là où l'intimité explose pour se fondre dans la nature...

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