Ensemble et séparément

Il m'a toujours été difficile de lire le texte d'une pièce de théâtre, sans l'avoir vue au préalable représentée. Seules quelques lectures d'oeuvres de Bernard-Marie Koltes m'ont parue littérairement si puissantes que le texte seul m'a procuré un énorme plaisir, ou, pour une raison que je ne sais m'expliquer, la lecture du théâtre de Tchekov m'a toujours transportée et fait rêver. Mais j'ai très peu d'expérience de lecture dans ce domaine.
Ajoutant que je ne suis allée dans ma vie que très peu au théâtre (hormis à l'opéra mais c'est un tout autre univers), ce billet sur cette pièce de Françoise Dorin est vraiment axé sur mon "infirmité".
Je reconnais que la pièce est bien écrite, dans un français élégant, classique, stylistiquement "parlé" mais choisi...
Ce qui m'a davantage gênée, c'est le classicisme de l'histoire. Je n'ai jamais été surprise, ayant anticipé tous les petits coups de théâtre...
Deux personnages, un homme et une femme "que tout oppose" nous dit la préface : il ne m'a jamais semblé qu'ils aient été si opposés que cela...
Mais je dois dire que j'ai pu accepter l'idée de cette opposition lorsque j'ai vu que la pièce a été créée par Jean Piat et Marthe Villalonga. Ayant aux yeux et aux oreilles ces deux comédiens, j'entendais leurs voix, imaginais leurs jeux scéniques, et mon petit plaisir est venu de là.
Mais, dans un second temps, la pièce m'a paru ronronner gentiment, comme une petite friandise qui accompagne le thé ou le café. Pourquoi pas ? J'imagine que sur scène le moment doit être assez délicieux du fait de la présence sensible des comédiens. La lecture "pure" n'a pas eu pour moi le même effet, loin de là, mais il me faudrait pour pouvoir acquérir les capacités de "lectrice de théâtre" sans doute persévérer dans le genre et aller davantage voir des pièces.