Citations sur Dossier de l'art, n°45 : Blanchard, la redécouverte du .. (6)
Ce "précieux talent de la couleur", ce "coloris qu'il a eu si beau, si naturel", comme le répète Charles Perrault, fut peut-être ce qu'il y eut de plus personnel chez Blanchard. Mais le succès qu'il obtint tient aussi à autre chose : l'élégance du discours. Avec lui, on était loin des lourdeurs, des fautes de goût qu'avaient multipliées le génie de Rubens,même à la Galerie Médicis. On était à cent lieues des "drôleries à la flamande" qui se répandaient sur le marché parisien et ne séduisaient pas seulement la petite clientèle. Rien de vulgaire dans le choix des sujets, ni dans la manière de les traiter. Rien de grossier, même lorsqu'il s'agit de Bacchanales. Rien de grivois, même lorsqu'on touche à l'érotisme. L'art de Blanchard ne cesse pas d'évoluer vers plus de simplicité et de naturel : mais sans perdre sa distinction.
C'est précisément au Titien que l'on comparait le plus souvent Blanchard. On alla jusqu'à l'appeler "le Titien de la France".
Il veut peindre la chair même, et il y réussit - ce que n'ont pu, ni sans doute voulu, un Poussin ou un Le Brun.
"Il est impossible de voir rien de plus tendre, de plus délicat, de plus amoureux, de plus rond, de plus vrai que ses figures". Emphase de rhéteur ? Non pas. Blanchard, en effet, excelle à représenter les corps féminins, et il se sert si bien des tons chauds et froids, du jeu des reflets et des contrastes, qu'il rend un bras, un dos nus vivants et présents.
La fraîcheur de son pinceau était merveilleuse pour les carnations, et pour en exprimer vivement la teinte naturelle.
Félibien, dans ses Entretiens, évoquant Blanchard et Vouet :
"L"on peut dire que ces deux hommes qui ont travaillé en même temps, et de manière bien différente, ont été d'excellents peintres, et qu'ils ont beaucoup contribué à remettre en France le bon goût de la peinture, et à élever cet art au point où il est aujourd'hui".