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Critique de leschroniquesdeminuit


Je sors de la lecture de « Grand-Père » de Jean-Louis Costes, plus rien ne peut m'atteindre.
Plus rien?…
J'ai faiblement cédé à l'appel de Cool Killer. Avec ce nom aussi funky, une couverture ultra sobre et des chroniqueurs qui l'ont classé dans l'inclassable. Bon je me suis dit allez, pour une fois je me lance dans la lecture d'un livre sorti récemment.
« Po Po Poooooooooo!!! Mais Whaaaat??? » dirait mon fils de 8 ans et demi. J'en ai lu des livres déjantés, mais celui-là il est vraiment spécial. Et les spécialités comme ça on en veut!
Voici donc mon retour sur le premier roman de Sébastien Dourver, « Cool Killer ».

« Ma femme m'a toujours vraiment fait chier. Après trois heures de silence radio, ses premiers mots en décrochant sont sobres.
- Mais putain de bordel, où est-ce que t'es?
Surtout pas la peine de dire bonjour. » p.17

Alexandre Rose est ingénieur, il travaille pour Qtulu, un géant de l'information et de la récupération de données sur le net. Sa vie est plutôt très confortable mais c'est un homme blasé, haineux envers tout son entourage qu'il méprise cordialement. Les gens et la société l'exècrent y compris sa famille proche. Un matin en se rendant au siège de son entreprise, il est plus ou moins victime d'une incivilité de la part d'un passant. Sa réaction va être à la mesure ce ce que lui inspire son prochain et va ouvrir chez lui une porte, le champ des possibles. Mais quand on est un être dénué de toute forme d'empathie, les conséquences peuvent être, euh… inattendues.

« Happy hour, afterwork… A-t-on jamais créé locutions plus niaises? Il faut plus de sept minutes pour que le serveur qui semble attitré par mon rang arrête de faire semblant de ne pas me voir. Ce qui est impossible, je suis là, juste là, dans son champ de vision. » p. 61

Se servant de ses compétences et de son réseau, Alexandre va mettre un grand coup de pied dans la fourmilière. Ce n'est pas "légal légal", ce n'est pas "moral moral" mais il s'en fout! Son but? Annihiler tous les parasites qui l'entourent. Pas pour défendre une cause, non non, pour le plaisir. Et si il y a des dommages collatéraux, et bien... Il suffit de ne pas y penser. Dans ce projet ambitieux, Alexandre va rencontrer un, puis deux alliés de taille. À eux trois, ils vont mettre une « petite » révolution en marche.

« Un avion tombe.
Quelque part entre Paris et New York, trois cent vingt quatre hommes, femmes ou enfants sont suspendus à la mince courroie de nylon dont le verrouillage paraissait si rassurant quelques heures plus tôt. Puis la carcasse plonge, et se brise en deux au contact de l'océan.
Les médias se jettent sur tout ce qui pleure. » p.111

Pas la peine d'insister davantage sur le fait que ce livre m'a fait l'effet d'une petite bombe. Je sais que je suis souvent très engagée dans mes chroniques quand un roman m'a plu mais là il s'agit d'autre chose. En fait je n'ai rien lu d'équivalent jusqu'à présent. J'ai vu des commentaires le comparant à "American Psycho", on peut se dire que oui, un peu, dans la psychologie du personnage principal mais dans ma lecture j'y ai trouvé bien plus que cela.

Tout d'abord j'ai ri et pas qu'un peu. Alexandre et ses acolytes sont antipathiques et abominables mais ils font tellement bien les salauds. Je mets au défi quiconque lira Cool Killer de ne pas envier les personnages à un moment donné et de ne pas avoir déjà pensé à faire des choses dans le même acabit. Attention, je ne parle pas de tout évidemment!!! Mais par la pensée des fois, on a tous nos petits fantasmes sadiques, après on en rigole et de toute façon on a des filtres! On n'est pas des psychopathes pas vrai? (je vais peut-être regretter un jour d'avoir écrit ces dernières phrases moi)

L'intrigue de ce roman s'installe petit à petit, il ne s'agit pas d'un polar ou d'un thriller, juste d'une histoire hyper bien racontée. Je n'ai rien vu venir et d'ailleurs je n'ai pas cherché quoi que ce soit, je me suis laissée emporter. C'est machiavélique, violent et sadique, il faut le dire, mais… c'est bon, très bon.

« Participe au grand concours d'écriture du meilleur Cool Scénario et débarrasse-toi ENFIN… de tes proches! Famille, amis, copine, collègues… Invoque le Cool Killer qui est en toi. » p.169

Non seulement ce roman est original, dynamique et noir à souhait, mais en plus il dénonce de nombreux travers de notre société, les dérives que tout un chacun connait, et amène à réfléchir. Il ne s'agit pas que d'une histoire lambda, on repose le bouquin et puis c'est terminé. Sébastien Dourver décrit une société sombre, sans scrupule où il devient hyper simple de faire du tort à son prochain avec les moyens à disposition en deux clics, où les fantasmes les plus abjects sont facilement réalisables. What a wonderful world... C'est le notre, et l'auteur propose ici une sorte de solution - joke...

Ce roman démarre fort, laisse parfois un peu perplexe le temps d'assimiler, et puis le jeu nous prend et on lit, on lit, jusqu'au bout, avec horreur et délice. Avec ce premier opus, Sébastien Dourver prend d'office une place de choix dans le monde de la littérature noire et dans celui de mes coups de foudre. C'est vraiment excellent, à recommander à tous les lecteurs un peu aguerris.

« Au fait, mes enfants ont regardé la cérémonie. J'ai vérifié, par curiosité. » p. 311
Lien : https://leschroniquesdeminui..
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