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Critique de mh17


Enfin ! J'ai mis la main sur cette valoche ! Et je n'ai pas été déçue. Dovlatov (1941-1990) est un conteur hors-pair, un enchanteur de première catégorie. C'était un écrivain russe dissident, ce n'était pas non plus Soljenitsyne, mais plutôt le genre turbulent, indocile et gros buveur. Il a été autorisé à quitter la mère patrie en 1978 ( c'était ça ou la prison). Aux Etats-Unis, Il a choisi de réinventer ses souvenirs sous forme d'aventures dingos, absurdes et hilarantes. j'adore ses dialogues ciselés, ses digressions formidables. Il manie le sarcasme et l'humour noir avec subtilité pour nous décrire tares et misères de la société soviétique sous Brejnev. Mais il ne juge personne. il y a beaucoup de tendresse et de pudeur derrière chaque récit.

Dovlatov ( un double de l'auteur) se prépare à quitter le pays. Comme tout émigrant il n'a droit qu'à trois valises. Il commence par protester puis s'aperçoit qu'une seule petite valise lui suffit amplement. Arrivé aux Etats-Unis, il flanque sa valoche dans le fond d'un placard et l'oublie. Quatre ans plus tard, son gamin, puni par sa femme, tombe dessus. La valise contient huit objets accumulés en trente six ans de vie. Chacun de ces objets est l'occasion de se remémorer huit moments de sa vie.

1)Les chaussettes finlandaises ****
Dovlatov étudiant fauché et amoureux est endetté. Au mont de piété, il rencontre Fred, un philosophe qui trafique des tas de trucs importés fort demandés en URSS. Il lui propose de s'associer avec lui. Deux Finlandaises vont débarquer avec la marchandise...
2) Les chaussures du maire *****
Dovlatov entre dans une brigade de tailleurs de pierre haute en couleur chargée d'exécuter un bas-relief représentant Lomonossov pour une station de métro. A l'achèvement de la statue, Ils sont invités à l'inauguration puis au banquet, plein de privilégiés du régime. Dovlatov se retrouve à la même table que le maire Alexandre Sizov.
3) Un costume croisé tout à fait convenable ****
Dovlatov ne s'habille pas bien. Alors qu'il est Journaliste, son directeur se lamente. Dovlatov devra préparer pour la fin de l'année trois articles de portée sociale qui aient une large résonance politique destinée à frapper l'opinion. A titre de récompense, la rédaction lui offrira un costume....
4) le ceinturon d'officier *****
1963. Dovlatov effectue son service militaire comme surveillant dans un camp. Il vient de finir sa formation. Il est chargé d'escorter un zek au baraquement 14. Celui-ci est devenu fou, il aboie, il lance des cocoricos, il a mordu la cuisinière. Bref Dovlatov doit l'emmener à l'asile en compagnie de Tchoubiline, un tchékiste, spécialiste de l'outillage. Il est en train de souder un ceinturon d'officier en laiton et acier très à la mode chez les tchékistes...
5) La veste de Fernand Léger ****
Dovlatov se souvient que sa famille modeste était très liée à celle de Nikolaï Tcherkassov, acteur du peuple, très populaire et bénéficiant de privilèges. Il nous raconte les vacances communes au bord du golfe de Finlande, les différences de traitement entre les deux fils...
6) La chemise en popeline ***
Dovlatov nous raconte sa rencontre avec Léna, envoyée chez lui pour l'inciter à voter. Dovlatov l'emmène au cinéma...
7) La chapka ***
Avec son cousin Boria ( voir Album de famille) autre très sérieux amateur de vodka, Dovlatov ,coiffé d'un bonnet de ski, se rend dans un hôtel où les attendent trois femmes venues tourner un documentaire. Elles le méprisent totalement. Après la réception, Rita demande à Dovlatov de l'accompagner à l'aéroport en taxi. A la station éclate une bagarre...
8) Les gants d'automobiliste *****
Dovlatov est alpagué par Shilippenbach un autre journaliste médiocre qui a décidé de tourner un film amateur. Il propose à Dovlatov qui mesure 1m94 de tenir le rôle principal, celui de Pierre le Grand, de retour dans sa ville. Dovlatov devra improviser comme dans un film d'Antonioni. L'une des scènes doit être tournée près d'un stand de bière où les clients font la queue...
Dans mon édition La Baconnière (2020) le texte est suivi d'un entretien de l'auteur paru dans la revue Slovo en 1988 qui parle de sa condition d'écrivain émigré aux États-Unis et ensuite d'une courte biographie.




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