« Vous êtes très indiscret, monsieur Holmes.
– C’est mon métier. »
En publiant de temps à autre quelques-unes des expériences curieuses qui sont le fruit de ma longue et intime amitié avec M. Sherlock Holmes, je me suis constamment heurté à son aversion pour la publicité. Son esprit morose et cynique considérait un applaudissement du public comme quelque chose d’abominable, et rien ne l’amusa davantage à l’issue d’une affaire réussie que d’en créditer un fonctionnaire de la police officielle et d’écouter avec un sourire ironique le choeur des congratulations se trompant d’adresse.
Je vous demande pardon !
- Vous savez bien, répondis-je avec l'émotion que m'inspira cette soudaine ouverture sur le cœur de Holmes, que vous aider est ma plus grande joie et mon meilleur privilège."
Il retrouva aussitôt sa veine mi-cynique mi-humoristique.
" Il serait néanmoins superflu de nous rendre fous, mon cher Watson ! dit-il. Un observateur impartial déclarerait certainement que nous l'étions déjà avant de nous embarquer dans une expérience si redoutable.
Maintenant, Watson, nous allons allumer notre lampe. Toutefois nous prendrons la précaution d'ouvrir la fenêtre pour éviter le décès prématuré de deux membres distingués de la société des hommes.
Notre existence simple et paisible, notre vie sainement routinière, en fut bouleversée et nous fûmes précipités dans une succession d'évènements, qui firent beaucoup de bruit en Angleterre. Nombreux sont certainement mes lecteurs qui se souviennent encore de ce que l'on a appelé à l'époque "L'horreur des Cornouailles " (bien que l'affaire eut été imparfaitement traitée par la presse londonienne).
En mars de cette année, le docteur Moore Agar de Harley Street ( je raconterai quelque part la matière dramatique, dont je fit la connaissance de Holmes), ordonna formellement au célèbre détective privé, d'avoir à fermer ses dossier et à prendre un repos complet s'il voulait s'épargner une grave dépression nerveuse.