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Critique de michfred


On pénètre dans l'univers silencieux, assoupi et mystérieusement figé de Fernand Khnopff, peintre belge du xix et ami du poète Émile Verhaeren, comme le prince dans le château de la Belle au bois dormant..

Sur la pointe des pieds.

Des femmes en longues robes blanches, hiératiques et gantées, (qui ont les traits de Marguerite , la soeur et modèle adorée du peintre), des enfants cramponnés à leur siège, et le regard ailleurs, des villes désertes, à demi mangées par la brume de mer, des rivières languides où se noie un ciel bas et où le paysage se lit à la renverse, tout l'univers onirique et poétique du peintre baigne dans une tonalité bleutée comme l'aile d'Hypnos...

Souvent un disque d'or, plaqué contre un mur pâle , apporte au rêve ambiant son scintillement énigmatique, et la perfection de sa forme. Rappelant le cercle d'or peint au sol , au centre duquel Fernand Khnopff plaçait son chevalet pour travailler dans le grand atelier réalisé, avec sa complicité, par l'architecte belge Édouard Pelseneer.

A première vue, les paysages et les portraits semblent "photographiques"... D'ailleurs, le catalogue comme l'exposition nous apprennent beaucoup sur l'usage que Khnopff faisait de la photo : préparant l'esquisse, puis, une fois le tableau réalisé, la reprenant, la prolongeant, devenant oeuvre à son tour, par le biais de quelques tracés de crayon ou frottis de pastels.

Mais une façon de cadrer, de déplacer le sujet, de le placer devant des portes closes, dans des angles morts, un entêtement à le livrer à notre regard tout en nous le dérobant, transforment ce réalisme apparent en mystère, en énigme dont on aurait perdu la clé .

Sur la pointe des pieds, donc, nous entrons dans l'exposition magique du petit Palais, parcours fidèlement retracé par un catalogue aussi raffiné qu' elle.

La scénographie nous fait littéralement "entrer" dans la maison aujourd'hui disparue du peintre -merci les crétins du patrimoine!- et, de thème en thème, avec ça et là des rapprochements éloquents avec quelques autres oeuvres , modernes ou antiques, comme l'énorme tête d'Antinoüs du Louvre ou le masque d'Hypnos attribué au sculpteur grec Scopas-, le mystère s'épaissit, même si le trousseau de clés pour le comprendre s'alourdit dans notre main.

Fascinant et passionnant!

Courez-y vite, avant que la séduction de la scénographie et le bouche à oreille ne transforment cette progression rêveuse dans le labyrinthe en parcours du combattant!
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