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Critique de tiptop92


Maurice Druon - Les Rois maudits, tome 4 : La Loi des Mâles - 1957 : C'était le temps où le royaume de France s'en remettait au hasard des filiations plus ou moins malheureuses pour sa gouvernance. Philippe le Bel avait été un roi dominateur et intransigeant qui avait étouffé son héritier direct au point d'en faire un homme médiocre et craintif. Pourtant c'est bien ce Louis dit le Hutin qui avait été roi à sa mort profitant de son droit d'ainesse alors que son cadet Philippe avait toute les qualités pour faire un bon monarque. Louis X étant mort d'après l'histoire officielle sans héritier mâle (L'auteur nous explique que le bébé décédé juste après son baptême n'était pas l'enfant Royal mais le fils d'une jeune nourrice qui lui avait été substitué), l'ancienne loi franque dite salique allait s'appliquer pour rejeter les femmes les plus proches de sa succession au bénéfice du frère tant souhaité par l'ensemble des sujets du royaume. La France ne pouvait que se réjouir car c'est bien ce fils prodigue qui allait recevoir la couronne. Mais cette loi salique si judicieusement redécouverte allait vite devenir un vecteur de trouble dans un pays lardé de problèmes d'héritage. En effet comment refuser au plus simple ce qui était valable pour le roi ? Chez les barons même certains comme Robert d'Artois qu'on retrouvait ici dans sa quête inexorable d'un duché dont il se disait spolié dès sa plus tendre enfance par sa tante Mahaut tentait de tirer parti de cette nouvelle disposition juridique. Mais cette mesure comme toutes celles qui engageaient leur lot d'injustices restait une exception applicable uniquement dans les plus hautes sphères du pouvoir. Avec un nouveau pape favorable à la France les intrigues de cours officialisaient le transfert du droit divin entre cette fratrie incapable de donner un enfant masculin à la prospérité. La malédiction de Jacques de Moslay le grand maître des templiers courait toujours sur cette famille de monarques déchirée par le sort et par les désastres d'une consanguinité qui s'étalait sur plusieurs générations. L'héritage de Philippe le Bel se dilapidait surement dans les veines asséchées de sa descendance. le roman passait très vite sur le règne trop court de Philippe V. Celui-ci retrouvait sa femme après plusieurs années d'enfermement dans des geôles froides et humides pour avoir tenu la chandelle aux deux autres princesses royales et à leurs amants dans le scandale sexuel qui marquait le début de la saga. La grande histoire soufflait comme une tempête qui balayait les destins des communs trop vulgaires pour compter quand les intérêts des grands étaient en jeu. Ainsi les Bouvines, Béatrice d'Hirson, Spinello Tolomei ou Guccio Baglioni malgré leur importance dans le récit n'étaient que des ombres furtives qui sans leur apparition dans ces pages auraient disparu depuis longtemps dans les souvenirs de tous comme la majorité de l'humanité sur la terre. Ce quatrième volume se détachait particulièrement du reste de l'oeuvre comme la charnière ou la transition vers une seconde partie du récit bien moins centré sur la politique et les complots. Indiscutablement "La loi des mâles" liquidait les dernières attaches de Philippe le Bel avec l'oeuvre de Maurice Druon, un roi de fer à la progéniture si fragile qu'elle perdra en très peu de temps sa primauté au profit des Valois... implacable
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