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Critique de Eric76


Rebecca foudroie les yeux et les coeurs ; Elle passe inaperçue.
Rebecca fascine ; Elle voudrait tellement plaire.
Rebecca à le monde à ses pieds ; Elle est tellement timide et effacée qu'en racontant sa troublante histoire, Elle préfère rester anonyme.
Rebecca s'amuse des hommes ; Elle aspire à être une bonne épouse.
Rebecca est fougueuse ; Elle est placide.
Rebecca est tellement spirituelle et drôle ; Elle est gaffeuse, un tantinet nigaude aussi…
Rebecca est forte et hardie ; Elle est cagnarde et craintive.
Rebecca est morte, et sa vie brève a laissé des souvenirs flamboyants ; Elle est en vie, et se traîne ici-bas, aussi maladroite et pusillanime qu'on peut l'être.
Auréolée de sa jeunesse et de son inexpérience, Elle est tellement heureuse et fière de son mariage-surprise avec M. de Winter, un riche aristo anglais, si intrigant et environné d'ombres, veuf de la fameuse Rebecca.
Pour Elle, la vie va commencer. Mais pas celle à laquelle Elle s'attendait…
A peine arrivée dans la somptueuse propriété de Maxim de Winter, à Menderley, qu'Elle est humiliée par le fantôme de Rebecca. Mais comment pourrait-Elle combattre un fantôme figé dans son éternelle jeunesse et toute sa splendeur ? Tout Menderley est un cantique, une symphonie en l'honneur de Rebecca. Des rangées de rhododendrons dans le jardin, les bibelots dans le boudoir, les tableaux accrochés aux murs, tous ces meubles si artistement disposés, ne vivent et ne respirent que pour Rebecca. Son souvenir hante les serviteurs ; les invités ne peuvent s'empêcher de faire la comparaison entre les deux femmes et de se montrer impitoyable pour Elle. Quant à Maxim, il vit en enfer depuis la mort de Rebecca, et c'est à peine s'il remarque sa jeune épouse.
Pas un jour sans qu'Elle ne sente la main glacée de Rebecca sur ses épaules. Elle survit tant bien que mal dans ce monde hostile qui la rejette, la raille, la méprise. Dans ce combat inégal, sa victoire – si victoire il y a – prend un goût terriblement amer.
Si les deux héroïnes du livre sont magnifiées, la première dans sa splendeur passée, la deuxième dans sa détresse et sa vaine résistance, les hommes, eux, sont proprement étrillés. Pochtrons, lâches, calculateurs, suffisants : pas un pour racheter les autres, à l'exception peut-être du fidèle Franck.
La lecture de ce roman magistral est souvent rendue difficile par la véhémence des sentiments qui ébranlent nos quatre personnages principaux : Elle, Rebecca, Mme Danvers et Maxim de Winter. Derrière le classicisme et la limpidité du style, se cache un torrent de violence et de brutalité qui laisse pantois.
Et puis cette petite musique qui trotte dans ma tête : qui n'a pas ressenti au moins une fois dans sa vie les angoisses de Elle en se retrouvant dans un environnement dont on ne comprend pas les codes et qui nous met gentiment de côté ?


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