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Critique de le_Bison


1969. Une éternité, une autre époque. le pouvoir des fleurs sur tous les sourires, le temps des hippies et de l'amour libre, le sac-à-dos à l'aventure et la découverte d'un nouveau voyage, intérieur celui-là. Les pages jaunies par le temps, le soleil et la fumée du haschich. Charles Duchaussois et son autobiographie, après son retour en enfer. FLASH !

D'enfer, à posteriori ; Katmandou c'est avant tout le paradis, un lieu de rencontres et d'échanges où la drogue se prend en toute légalité. Petit loubard de pacotille, quelques chèques en bois et arnaques en tout genre, voilà notre Charles qui s'en va en vadrouille pour le Liban. le soleil brunit sa peau et il découvre le haschisch, sa culture et ses effets. Il s'en fait expert même et tente de monter sa petite affaire. Et puis, la traversée de la Turquie, de l'Iran, du Pakistan, il veut faire son tour du monde en découvrant en plus toutes les espèces de haschichs. Et plus il s'enfonce vers l'Orient, plus il découvre la qualité. Si au début, il vouait les mérites de la libanaise, il changera vite d'idée avec la pakistanaise. Et puis, une fille, et le voilà en route vers le Népal et sa capitale où fleurissent autant les hippies que les nombreuses variétés de cannabis. Loin d'être hippie, il s'accommode pourtant si bien de cet esprit libertaire, de cette envie de partage, de ces shiloms qui tournent dans une pièce noire, sale et enfumée. Il a trouvé son lieu de repos. Il s'allonge au milieu de la crasse et des rats et découvre les premiers junkies, des êtres qui ont perdus jusqu'à leur âme dans le regard.

Il est si bien là-bas, roi du monde, maître de son destin. Il fume, il fume et l'atmosphère est si enchanteresse au pied de la grandeur de ces montagnes, apologie du haschich, les éléphants sont roses et il est temps de goûter à l'opium, ce parfum si délicat de l'Orient. L'envie de ne rien faire, ni l'amour ni la sieste, juste respirer cet air, à plein poumon. Il n'entre même pas en communion avec les âmes des ancêtres, non, il est juste là, dans cette arrière-boutique ; allongé, il fume…

Et puis après l'opium vint la seringue. Fatidique, il sait à l'avance la tournure des évènements, mais ne peut pas lutter. Ce n'est pas un manque de volonté mais une évidence. Parce qu'il en connait la dépendance et sait ce qu'adviendra sa vie une fois que la seringue rentre au contact de sa veine gonflée, que le liquide se dilue dans son sang, qu'une petite étincelle jaillit du feu de ses pupilles. le bonheur éclate au rythme de ses veines. Intensité jouissive mentale. Les éléphants deviennent roses quand flotte une atmosphère légère d'insouciance et de perdition. Une mort à petits feux. Loin de l'apologie de la drogue, au final. Dépendance extrême, image crue de mort et d'absence totale d'espoir. Rester allongé, se piquer, allongé, piqué, allongé. Je deviens loque humaine. Je parce que je suis si pris par le récit que je me substitue à Charles, Charlie ou Charlot. Je sens cette mort survenir. Je sens cette envie de monter vers les neiges éternelles et d'en finir. Une dernière dose, massive dans les veines. Pour la beauté du geste. Pour la beauté du lieu. Mais il s'en sort. Il redescend. Il survit. Il écrit. Il s'en est sorti là où tant en sont morts. Un livre est sorti, carnets de bord sur la route du haschisch, de l'opium et de la cocaïne. Carnets de route vers Katmandou, paradis terrestre de 1969. le flash d'une vie. Qu'es-tu devenu, Charles Duchaussoy ? Que lire après cette expérience entre douleur et fascination ? Un grand voyage où l'appareil photo sert à refourguer contre une dose, et où il est impossible de ressortir indemne. Flash, le grand voyage vers la déchéance.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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