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Critique de Dionysos89


Avec ce cinquième tome de la fameuse série Murena, après un premier cycle haletant et magnifique, nous sommes repartis sur les traces de Lucius Murena, contemporain « privilégié » du règne de Néron.

« La Déesse noire » reprend les événements là où le duo Dufaux-Delaby les avait stoppés : Poppée s'installe dans les bras de Néron, qui voit toujours plus grand pour Rome, tandis que Lucius Murena tente de reprendre une vie normale et que le christianisme n'en est qu'à ses tout premiers prémices (redondance voulue). le titre de ce tome lance le Cycle de la Femme, centré sur le pouvoir de Poppée, mais n'a que peu d'emprise réelle dans ce premier des quatre opus qui le composent. de fait, là où précédemment le personnage de Néron était le portrait d'un jeune homme cherchant ses marques, il nous apparaît ici comme un jeune décérébré guidé par ses instincts et manipulé par un petit peu tout le monde finalement. C'est dommage, car les précédents opus incitaient à voir sa folie comme une conséquence malheureuse de sa proximité grandissante avec le pouvoir ; ici, elle est le produit d'une construction méthodique de la part de ses différents entourages, proches ou non.
Le fait de beaucoup porter le propos de ce cinquième tome sur la folie de Néron n'empêche pas le scénario de Jean Dufaux d'aborder toujours autant de thèmes différents de la vie sociale romaine au début de notre ère. Toutefois, malgré le glossaire en fin de volume et la précision des auteurs concernant les aspects historiques les plus concrets, je ne peux m'empêcher de remarquer que ce sont les facettes les plus stéréotypées de la Rome antique qui sont mis en scène ici : la gladiature violente, les moeurs débridées et la décadence en marche, alors que nous sommes encore à peine à la fin du Ier siècle.
Pour autant, admirons ensemble les dessins toujours magnifiques de Philippe Delaby qui, malgré quelques détails légèrement voyeuristes, réalise encore des planches équilibrées entre le souci du détail et l'intérêt de mettre en avant le grandiose. Il alterne encore efficacement les jets de couleur, les teints mats pour les jeux d'obscurité et carrément le noir et blanc pour les scènes de nuit en extérieur. Enfin, c'est sûrement le format qui veut cela et je ne l'avais pas remarqué jusque là, mais la construction des planches et le découpage des cases se veulent résolument classique, ne demandant pas d'aménagements spécifiques en fonction du scénario.

Un arrière-goût amer donc ou ai-je calé au redémarrage ? Difficile toujours de reprendre une série après un arrêt certes, mais compliqué également de juger un opus seul quand c'est une tétralogie (incorporée à un objectif de 20 volumes !) que nous abordons… Rien ne vaut mieux que la persévérance.

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