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Critique de Piatka


Comment peut-on se souvenir de son avenir ?
Vous avez quatre heures pour disserter - original le sujet du bac philo cette année - ou, plus agréablement, quelques heures de lecture passionnantes et enrichissantes du dernier roman de Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste, pour nourrir votre réflexion et peut-être, vous faire découvrir des questionnements inattendus, tout en étant embarqué dans un roman d'aventures, riche en rebondissements.
Une fois commencé, je n'ai plus lâché ce récit. Rien n'est plus parlant, me semble-t-il, en terme de ressenti.

Pitch enthousiaste, soit, mais de quoi s'agit-il vraiment me direz-vous ?
Tout d'abord, plusieurs hypothèses, à la fois historique et métaphysique, ont servi de point de départ au roman et éclairent le propos :
« Les Mongols auraient découvert l'Amérique latine avant Christophe Colomb »
« Quelle assurance avons-nous que le temps existe ? »
Ce qui s'appelle bousculer des certitudes, mais l'imaginaire ne permet-il pas d'ouvrir des champs d'investigation, de progresser dans nos connaissances ?

Une double trame narrative, alternance de chapitres consacrés aux deux histoires se déroulant à sept siècles de distance, donne du rythme. D'un côté, 1321, des guerriers mongols entrainés par leur roi, descendant de Gengis Khan, partent en expédition pour découvrir à l'est un monde inconnu, un géomètre vénitien est chargé de relater leur épopée ; de l'autre, 2020, un petit groupe de passionnés, scientifiques et historiens, s'intéressent à des fragments d'un énigmatique manuscrit rédigé à la fois en dialecte mongol et en latin.
Plus les intrigues se développent, plus elles s'entremêlent, illustrant l'hypothèse que le temps n'existe peut-être pas, que finalement tout serait connecté, passé présent et futur.

J'aime penser que la troisième exploratrice de ce récit, c'est Anne Dufourmantelle elle-même. Forte de son expérience psychanalytique et philosophique, elle nous offre des personnages nombreux, d'une grande diversité et surtout d'une grande vérité, certes ancrés dans leurs époques respectives, mais qui finissent par se rejoindre grâce à la liberté…du roman.
Les changements de temps, d'espaces, de quêtes sont avant tout au service de sa réflexion sur l'âme humaine. C'est ce qui fait tout l'intérêt de ce roman, de son travail, malheureusement tragiquement interrompu l'été dernier, alors qu'elle venait de rendre à son éditeur ce manuscrit.

Kierkegaard, un autre philosophe (du passé pour nous) a écrit :
« Parce que je me retourne vers le passé, je vois l'avenir »
Une intuition ? Un souvenir ?
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