AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cigale17


La quatrième de couverture qualifie Transparence, de Marc Dugain, de « roman d'anticipation ». En effet, l'auteur nous transporte en 2068, autant dire demain. Une narratrice à la première personne raconte : elle est Française, mariée à un Islandais vulcanologue, Elfar, et installée avec lui dans une maison de rêve sur la côte islandaise. Elle a gagné des sommes rondelettes avec sa société numérique, Transparence, à l'origine une version dernière génération du site de rencontres, qui a réuni tellement d'informations sur ses adhérents qu'il lui est possible de vous trouver l'âme soeur sans risque d'erreur ou presque : 95 % des couples restent ensemble. Forte de ce succès, elle prépare avec 12 collègues (oui, oui, 12…) une offensive boursière qui va provoquer une dégringolade rapide des cours de la bourse à l'annonce d'une seule information : Endless a découvert le secret de l'immortalité. La chute des cours va permettre à la très discrète « start-up coopérative islandaise », de racheter, à très court terme et dans le plus grand secret, Google et tout ce qui compte dans le numérique comme dans tous les secteurs vitaux. Mais voilà que deux policiers se présentent à la porte de la villa : un couple d'ornithologues a vu la Française pousser une femme dans le vide du bord de la falaise. Elle reconnaît les faits et leur donne le nom de la victime : Cassandre Lanmordottir, autrement dit, elle-même ! Oui, oui, elle s'appelle Cassandre, nous l'apprenons page 28.

Je suis rentrée avec grand plaisir dans le début de ce roman que j'ai trouvé intrigant et intéressant. L'auteur nous confronte d'emblée avec les dérives de notre civilisation et nous comprenons très vite que rien n'a été fait, ni pour tenter de ralentir le changement climatique, ni pour favoriser la décroissance. Les pires craintes de la société d'aujourd'hui se sont réalisées, accompagnées en prime de certaines catastrophes et de contraintes que nous n'avons pas forcément anticipées. Assez rapidement pourtant, j'ai dû faire un effort pour rester concentrée en lisant : le propos va un peu dans tous les sens, se dilue, et surtout se répète avec des variantes selon les personnages rencontrés (les grands dirigeants de ce monde, tant dans les domaines concret et matériel que spirituel), et c'est bien dommage. En fait, j'ai eu l'impression que l'intrigue faisait une très longue pause entre les pages 51 et 197. Dans cet intervalle sont traitées beaucoup de grandes questions cruciales pour notre avenir : l'écologie sous diverses formes, le transhumanisme, la démocratie, la nécessité ou les dangers d'une religion et de la croyance en un Dieu ou en un Messie, l'exploitation de nos données personnelles, etc. L'épilogue réserve une jolie surprise qui rend soudain vraisemblables les cinq chapitres le précédant. Je sors donc de cette lecture assez partagée. Si j'ai trouvé longuette la partie futuriste, la critique de la société contemporaine m'a bien plu : on reconnaît au passage certaines grandes figures actuelles qui en prennent pour leur grade, et d'autres (Trump !) sont nommément mises en cause, la responsabilité de Bayer et de Monsanto se trouve fortement soulignée. Marc Dugain nous prévient : notre manque de discernement et nos diverses addictions nous entraînent vers une catastrophe annoncée.
Commenter  J’apprécie          310



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}