AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,39

sur 804 notes
Dans Transparence, Marc Dugain nous entraîne dans un roman d'anticipation qui se déroule à la fin des années 2060. Transparence est une société du numérique implantée en terre sauvage d'Islande et sa présidente française est la narratrice. Cette société "permettait, préalablement à toute union, d'obtenir une foule d'informations sur son futur partenaire touchant aussi bien à sa psychologie, à son profil génétique et à sa sexualité". Créée dans le mouvement de la révolution numérique qui consistait à collecter des milliards d'informations sur les individus, elle réduisait le champ des probabilités au profit de la certitude. Ainsi, sans sortir de chez soi, vous pouviez être mis en relation avec la personne parfaitement adaptée à ce que vous étiez, sans mauvaise surprise !
Au moment où l'entreprise est sur le point de commercialiser le programme Endless qui consiste, en partant de vos données, à fabriquer une sorte de clone qui pourra vous remplacer, la présidente est accusée par la police locale d'assassinat !
Dans ce roman de science-fiction, Marc Dugain, dans un premier temps établit un constat critique de la société dans laquelle nous vivons, puis, nous alerte, en fait sur ce qui pourrait advenir de celle-ci. En effet, à l'heure où, déjà, la récupération de données sur les internautes est monnaie courante, omniprésente et fait l'objet de beaucoup de convoitise dans beaucoup de sociétés, ce livre nous fait prendre conscience des dérives possibles susceptibles d'en découler. La question se pose de savoir jusqu'où peut aller le fichage des individus, pourrait-il permettre de reconstituer une personne récemment disparue et de lui offrir ainsi une vie éternelle ?
L'auteur évoque de nombreux sujets, le dérèglement climatique, la surpopulation, l'intelligence artificielle, le libéralisme, le chômage ... et nous donne ainsi matière à réfléchir sur notre avenir.
Il nous amène également à réfléchir sur le transhumanisme qui prône l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer la condition humaine notamment par l'augmentation des capacités physiques et mentales des êtres humains.
Transparence, une dystopie qui se révèle être un portrait assez lucide du monde qui nous entoure où les modifications du climat commencent à poser des problèmes sérieux, où le fichage des individus prend des proportions gigantesques et qui pourrait bien être la fin de notre espèce si nous ne disons pas halte, très rapidement.
C'est un livre qui, malgré l'angoisse qu'il soulève à sa lecture est palpitant et m'a vraiment séduite. Pour ce qui est de la chute, un seul mot: géniale !
Marc Dugain est un écrivain que j'apprécie beaucoup. Pour avoir déjà lu : L'insomnie des étoiles, Avenue des géants, La trilogie de l'emprise, La malédiction d'Edgar, Une exécution ordinaire, je peux dire que je n'ai jamais été déçue.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
Commenter  J’apprécie          13913
Lire Marc Dugain ne déçoit jamais. Que ce soit avec L'insomnie des étoiles, Une exécution ordinaire ou La Trilogie de l'emprise (L'emprise, Quinquennat et Ultime partie), j'ai à chaque fois été embarqué dans une histoire sérieuse, passionnante et toujours profondément instructive, qu'il traite de sujets hexagonaux ou plus éloignés de nos bases.
Avec Transparence, c'est le monde entier qui est concerné car il s'attache à ce qui se passe sur notre planète avec la révolution numérique et ces fameuses données qui permettent à des géants de l'informatique d'en savoir plus sur nous que nous-mêmes !
La narratrice, Cassandre Namara, est Française et vit en Islande, quelques années après 2060… Elle dirige une modeste société informatique qui prépare une immense offensive sur les grandes places financières afin de prendre le contrôle des géants du net. Petit plaisir : elle conduit une voiture dont elle a réussi à neutraliser le pilotage automatique, chose totalement interdite !
Elle s'était distinguée avec sa première société, Transparence, qui permettait de tout savoir avant une union avec un ou une partenaire : psychologie, profil génétique, sexualité… sans sortir de chez soi ! Un vrai succès !
Tout semble dérailler quand elle arrêtée par la police pour avoir poussé une femme du haut d'une falaise et, à partir de là, elle va tout raconter et surtout nous éclairer sur cette collecte effrénée des données, obsession principale de notre société d'aujourd'hui.
Au fil des pages, je me suis rendu compte de ce que peut devenir notre monde, un monde piloté par des robots, irrespirable où la tentation de l'immortalité devient de plus en plus forte. D'ailleurs son équipe est prête à mettre en place le programme Endless dont elle réussit presque à me convaincre de sa réalité…
Hélas, notre narratrice délaye un peu trop, se montre vraiment obnubilée par la Bible, le Nouveau Testament, va même au Vatican… Était-ce bien utile ?
Transparence est un étonnant roman d'anticipation que Marc Dugain traite comme le manuscrit rédigé par Cassandre Namara, comme il le révèle dans l'épilogue mais il ne faut pas en dire plus.
Au travers de cette dystopie, j'ai relevé quantités de constatations pertinentes sur l'état de notre monde entre l'avènement du numérique et le désir de vie éternelle, d'immortalité. J'ai noté beaucoup de bonnes choses comme la dénonciation de travers qui pourrissent notre monde : égoïsme, recherche effrénée du profit, consommation, luxe au détriment d'un équilibre naturel qui a prévalu longtemps et qui est radicalement menacé.
Commenter  J’apprécie          11313
Je ressors de la lecture de "Transparence", le dernier roman de Marc Dugain, avec des sentiments partagés.

"Transparence" nous projette en 2060, dans un univers que Marc Dugain a construit en prenant en compte tous les paramètres de notre réalité actuelle pour en déployer les conséquences sur un avenir planétaire possible : réchauffement climatique, réseaux sociaux, prééminence de Google et du tout numérique, disparition - consentie- de la sphère privée, asservissement des consciences et recul du sens critique, ultra-connexion permanente, intelligence artificielle, tentation du transhumanisme et de l'humanité augmentée…

L'analyse que fait ici Marc Dugain - et c'est le point fort de ce roman - de notre société et des dangers qui, à moyen terme, la menacent est tout à fait intéressante, intelligente et, hélas, à mon avis pertinente. Son regard est acéré, sa réflexion lucide et argumentée, sa logique est imparable et rien, dans cette projection sociétale et environnementale en 2060, ne peut paraître fantaisiste ou incongru. C'est même tellement logique, tellement évident, tellement peu outrancier que cela fait froid dans le dos et que nous serions bien inspirés de le prendre en considération…

A ce titre, et bien au-delà du simple domaine de la fiction, Marc Dugain lance avec "Transparence" un véritable cri d'alarme, intelligent, important et lucide, qui mérite d'être reçu et écouté.

Là où le bât blesse, en revanche, c'est que Marc Dugain s'est à mon avis un peu laissé emporter par le sérieux et l'importance de son sujet, au point de se lancer à corps perdu dans des discours et des réquisitoires certes tout à fait passionnants mais qui peinent à trouver leur place dans l'espace d'un roman qui en devient de ce fait terriblement bavard et où l'intrigue et les personnages sont surtout des prétextes à l'énonciation de thèses qui auraient à mon sens gagné en pertinence à être rassemblées dans un essai. (Une simple réplique dans un dialogue donne lieu, par exemple (page 119) à une analyse de la politique de Donald Trump qui dure plus de six pages !...)

D'où mes réticences et ma perplexité à l'issue de cette lecture : le propos est interpellant, intelligent, important et à lire absolument. Mais l'exercice fictionnel, en tant que tel, faute de véritables dialogues, faute de personnages réellement incarnés et attachants, et en raison également d'un coup de théâtre final qui m'a personnellement déçue, ne m'a pas tout à fait convaincue.
Commenter  J’apprécie          1077
C'est dit, je veux mourir comme le père de la narratrice de ce récit, serein, libre, assis dans mon lit, limitant le pouvoir absolu de Dieu.
Mais, pas tout de suite, il me reste encore quelques bonnes pages à lire !
Je suis entré, dans ce livre, sans conviction mais avec curiosité.
Et, je m'y suis inexorablement enfoncé, empreint d'un ressenti mêlé d'intérêt, d'étonnement et d'admiration pour son auteur.
Ce livre est un roman.
C'est aussi, et surtout, une sorte d'état des lieux documentaire, asséné comme un avertissement à son lecteur.
Le passé s'y entremêle avec le présent pour laisser apparaître un prévisible futur préoccupant.
Ce roman est un livre important, le témoin de la fin des temps aléatoires où l'humain ne pouvait échapper à ce qu'il était.
Marc Dugain, après Kurt Vonnegut et bien d'autres, annonce l'entrée de notre monde dans la plus alarmante des sciences-fictions.
L'anticipation est un genre qui, toujours, devrait figurer sur la table de chevet de nos bons hommes politiques.
Le sommeil leur serait meilleur conseiller !
Ce roman est une analyse, une critique acerbe, et un réquisitoire.
Il est raconté à la première personne.
C'est un livre exigent, pessimiste et intelligent.
Marc Dugain a la plume souple et efficace.
Il développe l'idée jusqu'à son bout, clairement, sans pourtant perdre son lecteur au milieu du raisonnement.
Il y a de la philosophie là-dedans.
"Transparence", c'est l'épithète qui colle aujourd'hui à notre monde comme un vieux sparadrap.
La grande parenthèse de l'écrit, qui a duré à peu près six mille ans, risque de se refermer.
La magie de la lecture, si finement définie par Marc Dugain, pourtant, est si belle ...
Commenter  J’apprécie          995
Bienvenue dans les années 2060 où Google est le maître du monde (Avant que Transparence ne s'en mêle), où tout est numérique (même les voyages sont virtuels) et où seuls les plus connectés peuvent envisager l'immortalité (avec une enveloppe charnelle qui ne nécessite ni nourriture, ni sommeil). Le rêve...Dans ce court récit (essai ?), Marc Dugain dresse un état réaliste de notre monde ultra connecté et se fait Cassandre en pointant les travers des recueillements de données et les risques inhérents au réchauffement climatique. Un texte dense et glaçant, bien écrit et bien étayé. En un mot, terrifiant !
Commenter  J’apprécie          664
Avec son dernier livre "Transparence", Marc Dugain signe un roman d'anticipation qui est aussi une satire de notre monde ou tout du moins de ce qu'il sera en 2060. Avec férocité, il s'attache à nous offrir un condensé de ce pourquoi l'humanité est en péril. La cupidité des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), l'argent véritable veau d'or d'une société qui ne songe plus qu'à dilapider les ressources de la planète pour conserver son mode de vie occidental et son idéal consumériste, la duplicité du monde politique et des différentes religions monothéistes (à ce titre le portrait fait de l'Église catholique et du Pape est d'une violence digne des brûlots anti-cléricaux du début du XXème siècle au moment de la loi 1905 de séparation de l'Église et de l'État). "Transparence" est un pamphlet, c'est sa force mais aussi sa limite tant le trait semble manquer parfois de nuance. A trop vilipender les responsables de cette situation catastrophique pour l'avenir de la planète, de l'humanité tout entière, Marc Dugain perd en lucidité, en raisonnement, en complexité ce qu'il traduit par un trait de plume acerbe, colérique et provocateur. le style d'écriture, point fort de ce grand auteur, est ici sans réel souffle. Ce qui au départ nous amuse, devient peu à peu redondant et, disons le, assez vain. C'est dommage car l'histoire de cette petite société du numérique, transhumaniste, basée en Islande et dirigée par une Française qui grâce au programme secret "Endless" fait basculer le destin du monde, était une belle idée. Trop court et caricatural pour être marquant, trop long pour susciter autre chose qu'un ennui poli, j'ai pour ma part trouvé ce "Transparence" très décevant eu égard aux qualités d'un écrivain tel que Marc Dugain. Un rendez-vous manqué.
Commenter  J’apprécie          494
Et si on mettait un terme à tout ce gâchis pour éviter que la Terre finisse par nous exploser à la gu3ule, et nous avec ?

Si on faisait "passer de mode" (sic) « la concurrence, la compétition, le profit acharné, la frénésie matérialiste, la tricherie, l'orgueil, la prévarication, la corruption... ».

Et si la solution était dans le numérique, dans l'exploitation des milliards de données collectées sur chaque individu par les géants du Net ?
C'est ce qu'a imaginé Cassandre Namara avec ses programmes 'Transparence' et 'Endless'.

Nous sommes à la fin des années 2060, les Terriens ne sont pas plus sages qu'aujourd'hui, toujours lancés à pleine vitesse vers la consommation, le fric, le pouvoir et donc la catastrophe - épuisement des ressources, sur-saturation et toxicité de l'environnement.
« Ces forces défient constamment l'intérêt général, confortées par la sollicitude gratuite ou achetée des politiques incapables de penser le monde autrement qu'au travers d'un mythe alibi, celui de la croissance et de l'emploi qu'ils n'ont jamais réussi à relancer au moyen des anciens schémas auxquels ils s'accrochent avec le désespoir du vieux sénile persuadé que son petit magot le suivra dans sa tombe. »

« le mythe alibi de la croissance et de l'emploi... » Bingo ! On est en plein dedans, et l'embrouille se fait cruellement sentir avec la gestion incompréhensible de la crise du Covid, où il convient de continuer à consommer malgré tout, et donc à travailler comme avant (mais masqués, attention), même si les indicateurs sanitaires clignotent dans le rouge.

Dans ce roman d'anticipation, Marc Dugain développe des idées brillantes, et montre son sens de la formule. Je n'ai en revanche pas retrouvé les talents de conteur et la sensibilité que j'avais appréciés dans 'Avenue des Géants'. Après une centaine de pages jubilatoires, j'ai déchanté et trouvé le récit poussif, trop dense, redondant.

De cet auteur, j'avais abandonné 'L'homme nu'. Je ne sais plus pourquoi. Sans doute parce que la lecture était trop rébarbative. Je m'attendais à ce qu'il simplifie son discours ici avec un roman plus fluide qu'un essai.

Ce 'Transparence' est ch!ant à lire, mais richissime d'idées géniales (politique, économie, sociologie, religion...), et de perspectives séduisantes autour du numérique - qui pourrait adoucir notre société, abolir l'esprit de compétition, l'individualisme et même les guerres (on peut rêver, et je l'ai fait avec Marc & Cassandre).
Commenter  J’apprécie          441
Réchauffement climatique, révolution numérique, clonage, intelligence artificielle et ... immortalité : autant de sujets de discussion actuels qui conditionnent le futur de notre planète. Et autant de thèmes qui nourrissent Transparence, un roman d'anticipation signé Marc Dugain. Une fiction oui, bien sûr, mais qui ressemble assez souvent à un essai philosophique et à une réflexion sur l'état du monde et à son avenir. C'est cet aspect-là qui est le plus percutant et pertinent dans le livre de Dugain et surpasse les péripéties du livre qui se trouvent d'ailleurs bousculées par un twist final pas très heureux puisque balayant en globalité tout sa partie purement narrative qui s'apparente en définitive à une manipulation (désolé pour le spoiler mais c'est toujours agaçant quand un auteur s'amuse avec la crédibilité du lecteur même si cela fait partie intégrante du jeu romanesque). Bien entendu, le talent de Dugain et son agilité stylistique ne sont pas en cause, on les retrouve intacts à l'instar de ses ouvrages politiques ou historiques. Et certains passages valent vraiment le détour quand l'auteur fustige les errements de Trump ou notre addiction aux réseaux sociaux, avec cette inconscience collective d'offrir les données les plus personnelles aux collecteurs froids, mercantiles et cyniques que sont les GAFA. Plus que roman d'anticipation, Transparence est un portrait lucide et forcément inquiétant d'une dérive suicidaire vers l'abîme. Et le désir d'immortalité, dans tout cela ? Une chimère, un fantasme et une suffisance ô combien humaine. Enfin, comme disait Kafka ou Woody Allen, l'éternité c'est long, surtout vers la fin.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          352
La quatrième de couverture qualifie Transparence, de Marc Dugain, de « roman d'anticipation ». En effet, l'auteur nous transporte en 2068, autant dire demain. Une narratrice à la première personne raconte : elle est Française, mariée à un Islandais vulcanologue, Elfar, et installée avec lui dans une maison de rêve sur la côte islandaise. Elle a gagné des sommes rondelettes avec sa société numérique, Transparence, à l'origine une version dernière génération du site de rencontres, qui a réuni tellement d'informations sur ses adhérents qu'il lui est possible de vous trouver l'âme soeur sans risque d'erreur ou presque : 95 % des couples restent ensemble. Forte de ce succès, elle prépare avec 12 collègues (oui, oui, 12…) une offensive boursière qui va provoquer une dégringolade rapide des cours de la bourse à l'annonce d'une seule information : Endless a découvert le secret de l'immortalité. La chute des cours va permettre à la très discrète « start-up coopérative islandaise », de racheter, à très court terme et dans le plus grand secret, Google et tout ce qui compte dans le numérique comme dans tous les secteurs vitaux. Mais voilà que deux policiers se présentent à la porte de la villa : un couple d'ornithologues a vu la Française pousser une femme dans le vide du bord de la falaise. Elle reconnaît les faits et leur donne le nom de la victime : Cassandre Lanmordottir, autrement dit, elle-même ! Oui, oui, elle s'appelle Cassandre, nous l'apprenons page 28.

Je suis rentrée avec grand plaisir dans le début de ce roman que j'ai trouvé intrigant et intéressant. L'auteur nous confronte d'emblée avec les dérives de notre civilisation et nous comprenons très vite que rien n'a été fait, ni pour tenter de ralentir le changement climatique, ni pour favoriser la décroissance. Les pires craintes de la société d'aujourd'hui se sont réalisées, accompagnées en prime de certaines catastrophes et de contraintes que nous n'avons pas forcément anticipées. Assez rapidement pourtant, j'ai dû faire un effort pour rester concentrée en lisant : le propos va un peu dans tous les sens, se dilue, et surtout se répète avec des variantes selon les personnages rencontrés (les grands dirigeants de ce monde, tant dans les domaines concret et matériel que spirituel), et c'est bien dommage. En fait, j'ai eu l'impression que l'intrigue faisait une très longue pause entre les pages 51 et 197. Dans cet intervalle sont traitées beaucoup de grandes questions cruciales pour notre avenir : l'écologie sous diverses formes, le transhumanisme, la démocratie, la nécessité ou les dangers d'une religion et de la croyance en un Dieu ou en un Messie, l'exploitation de nos données personnelles, etc. L'épilogue réserve une jolie surprise qui rend soudain vraisemblables les cinq chapitres le précédant. Je sors donc de cette lecture assez partagée. Si j'ai trouvé longuette la partie futuriste, la critique de la société contemporaine m'a bien plu : on reconnaît au passage certaines grandes figures actuelles qui en prennent pour leur grade, et d'autres (Trump !) sont nommément mises en cause, la responsabilité de Bayer et de Monsanto se trouve fortement soulignée. Marc Dugain nous prévient : notre manque de discernement et nos diverses addictions nous entraînent vers une catastrophe annoncée.
Commenter  J’apprécie          310
"On a longtemps vécu sans connaissance ni preuve que notre planète avait déjà connu plusieurs extinctions. le plus surprenant est de constater que de l'avoir appris n'a rien changé à notre marche vers la ruine. L'homme, pourtant si bavard, ne tire-t-il donc jamais aucune leçon de rien ?"

Marc Dugain nous projette dans le futur, à la fin des années 2060 c'est à dire dans une cinquantaine d'années. La situation de la planète ne s'est pas arrangée, il fait de plus en plus chaud et tout porte à croire que l'homme ne parviendra pas à se sauver lui-même. Mais une femme oeuvre dans l'ombre depuis une trentaine d'années. Spécialiste de la gestion des data, elle a d'abord créé une start-up, Transparence, sorte d'agence matrimoniale basée sur le matching parfait grâce aux millions de données recueillies sur chaque individu. Mais c'est une expérience professionnelle chez Google qui lui a donné l'idée qu'elle s'apprête à mettre en oeuvre : débarrasser l'homme de ses attributs organiques et n'en garder que la conscience, l'âme en quelque sorte. Là-aussi, une question de brassage de données permettant de transférer un individu dans une enveloppe qui n'interagit pas avec l'environnement. Plus besoin ni de nourriture, ni d'oxygène, ni de sommeil. Donc aucun rejet, plus de gaspillage des ressources. Et surtout, une promesse d'éternité pour les plus méritants et, forcément, l'arrêt de la reproduction. Elle a donc créé une nouvelle société baptisée Endless, avec 12 collaborateurs comme autant d'apôtres et en ce jour de 2068, un premier nouvel individu voit le jour : elle-même, échantillon vivant de ce qu'elle s'apprête à proposer au monde entier.

Ceux qui connaissent Marc Dugain savent que la politique est pour lui une source d'inspiration majeure (cf. La trilogie de l'Emprise par exemple), que l'état du monde le préoccupe au plus haut point et que parmi les sujets qui l'interpellent et lui posent question se trouve le big data. Alors dans Transparence, tous ces thèmes se rejoignent avec un certain brio pour donner à voir la société du futur et mieux interroger le présent. Il est bien sûr question de la quantité phénoménale de données que chaque individu met à disposition de firmes qui les exploitent pour mieux asseoir leur domination et l'emprise d'une société du toujours plus alors que la planète étouffe de cette croissance exponentielle. Mais ce qui fait l'intérêt du roman c'est la question philosophique qui affleure. Faut-il supprimer l'homme pour préserver la planète ? Ou bien au contraire, miser sur sa conscience débarrassée des scories qui le poussent à consommer ? La révolution que s'apprête à déclencher la présidente d'Endless est l'occasion d'explorer les différents courants de pensée et les moteurs qui animent les uns et les autres. Si l'immortalité est promise à ceux qui seront les plus aptes à collaborer avec leur environnement, si à terme la mort n'existe plus, quelles sont les implications en matière de consommation, de sécurité, de religion et même de gouvernance ?

"C'est une sacrée révolution que vous proposez. Que l'argent et le pouvoir ne soient plus moteur, que la qualité prône sur la quantité, qu'on renonce à la compétition forcenée entre les gens, cette société primitive chrétienne sans classes, je vous souhaite bien du courage pour l'instaurer. Loin de moi l'idée de vous décourager, mais je crois que vous vous faites une idée de l'être humain qui est au-delà de ses capacités".

Transparence est un roman troublant, dans lequel on reconnait un certain nombre de théories et de sujets d'actualité (transhumanisme, Intelligence Artificielle, protection de la vie privée...) et qui interroge efficacement sur le poids de la technologie et la conscience de ceux qui l'utilisent, la manipulent, ou tout simplement la servent sans toujours en comprendre la finalité. Et au final, sur le sens de la vie.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          310




Lecteurs (1546) Voir plus



Quiz Voir plus

La chambre des officiers, de Marc Dugain

Quel est le nom du personnage principal de l'histoire ?

Alain Fournier
Julien Fournier
Adrien Fournier

10 questions
1885 lecteurs ont répondu
Thème : La chambre des officiers de Marc DugainCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..