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Critique de Arakasi


Qui a dit que les femmes n'étaient pas de nature belliqueuse ? C'est pourtant bien par des femmes que fut en partie menée l'une des plus grandes guerres civiles françaises, la Fronde, qui bouleversa le pays de fond en comble pendant six furieuses années, de 1648 à 1653. Cette guerre vit s'affronter le gouvernement et le parlement, la royauté et les princes de sang, mais fut également le théâtre des sournoises manoeuvres d'Anne d'Autriche et de la princesse de Condé, toutes deux femmes de pouvoir et prêtes à toutes les extrémités pour en conserver les moindres miettes. Aux mains de ces harpies guerrières, les hommes ne sont guère plus que des outils, des pions plus ou moins dociles destinés à manier le canon et le mousquet, pendant que ces dames brandissent la plume et – plus important, surtout en temps de conflit – la bourse. Dans ce sombre contexte, deux belles amazones vont lutter l'une contre l'autre : la vicomtesse Claire de Cambes, fidèle amie de la princesse de Condée, et Nanon de Lartigues, splendide bourgeoise parvenue et maitresse d'un des bras droits d'Anne d'Autriche. Comme souvent chez Dumas, les sentiments se superposent aux luttes politiques et c'est donc pour le coeur d'un beau et brillant gentilhomme que les deux jeunes femmes batailleront bec et ongles, quitte à sacrifier au passage convictions et alliés, car, comme le dit si bien le proverbe : « En amour comme à la guerre, tous les coups sont permis. »

Malgré toute la tendresse que j'ai pour l'oeuvre de Dumas, j'admets apprécier assez rarement ses personnages féminins et surtout sa vision très manichéiste de la femme, celle-ci ne pouvant être que toute blanche ou toute noire, ange candide ou démon tentateur (ses garces étant en général beaucoup plus réussies que ses pucelles : rappelez-vous l'immortelle Milady de Winter !). J'étais donc assez curieuse de découvrir un de ses romans ayant la réputation de replacer ces dames au coeur de l'action et de leur donner enfin la chance de botter un peu les fesses au sexe fort. Sur ce chapitre-là, j'ai été plutôt satisfaite. Sans se départir complétement de ses clichés habituels, Alexandre Dumas réussit à camper, avec la vicomtesse de Cambes et Nanon de Lartigues, deux beaux personnages féminins pleins de fougue, d'astuce et aux caractères solidement trempés.

En comparaison, les protagonistes masculins principaux font d'ailleurs un peu pâle figure et marquent surtout par leur tempérament velléitaire et leur incapacité un brin agaçante à suivre une ligne de conduite – mention spéciale au beau Canolles, le don Juan de ces demoiselles, que j'ai régulièrement eu envie de saisir au collet et d'engueuler un bon coup : « Mais choisis une femme, bon sang, mon vieux ! Choisis un parti ! ». M'enfin, n'est pas un Athos qui veut, je suppose… L'intrigue elle-même ne déçoit pas le moins du monde, quoique l'histoire d'amour y prenne un peu trop de place à mon goût, joliment trépidante et rythmée en sus par quelques beaux morceaux de bravoure et de savoureux moments humoristiques (merci pour cela au réjouissant Roland de Cauvignac, frère ainé de Nanon et affable canaille au charme et au culot irrésistibles). En somme, un roman fort sympathique et qui mérite bien sa place dans la bibliothèque de tout fan de Dumas. A conseiller aux amateurs.
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