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Critique de le_Bison


Dans un endroit dont je tairai le nom, sous le regard amoureux de la lune, je regarde le silence et au milieu coule une rivière. Elle fait des s, comme un serpent serpente ; elle fait des l, comme si l'eau volait de ses propres ailes ; elle fait même des c, comme les courbes de cette femme qui se baigne nue dans l'eau froide de celle-ci faisant frétiller la queue des carpes et des truites. Et si je prends du recul, que je grimpe sur le rocher là-haut en guise de promontoire, je vois que la rivière dessine un ? dans le paysage ce qui me fait dire qu'elle m'interroge. Sur ma condition, sur l'art de la pêche, sur ma vie. Sur moi, tout simplement. La rivière philosophe pendant que les poissons filent entre les remous et que le pêcheur fait voler ses mouches au-dessus de l'eau. « La rivière pourquoi ».

Dans les eaux douces de l'Oregon, de l'Idaho ou du Colorado, dans celles du Nevada, du Canada ou de l'Alaska, Dieu s'y baigne au milieu des truites argentées ou des truites arc-en-ciel. Un florilège de couleurs et de clins d'oeil qui volent au-dessus de ces cours d'eau, comme des mouches lancées par quelques pêcheurs-chasseurs. La foi aidant, l'homme se retrouve devant les tourbillons de sa vie et face à la rivière, l'éternelle question, le dilemme de plusieurs vies : pêche à la mouche ou pêche à l'appât. le genre de question philosophique qui n'a pas de réponse définitive car tellement évidente que même avec une glacière de bières fraîches je n'ai même pas envie d'y réfléchir.

La Tamanawis River coule – c'est comme ça que j'ai décidé de l'appeler -, à côté de la Tamanawis Mountain, là où quelques nuages embrumés semblent s'accrocher. C'est dans une cabane appontée à la rivière que l'adolescent se fait homme, s'émancipe de son paternel, pêcheur à la mouche et philosophe à ses heures perdues, s'émancipe de sa mère, trempeuse de vers et pragmatique poétesse, découvre l'amour, découvre la philosophie, s'imprègne de silence, plonge nu dans l'eau froide, regarde cette fille nue plonger dans l'eau froide, ah l'amour, ah l'amour, les regards et le silence. Il découvre simplement la vie, comme dans un roman initiatique à la Kerouac sans ce cheminement sur la route, car il est bien au bord de l'eau, tel un ermite solitaire avec quelques bouteilles de bières qu'il échange contre ses plus belles mouches.
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