AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Hanna21


Ce roman est un curieux mélange entre un feuilleton d'Eugène Sue, un roman de la collection d'Harlequin et un guide touristique « le Québec pour les nuls ».
Feuilleton sentimental du XIXe s, car tous les clichés du genre (l'enfant abandonné pour des motifs nobles, les improbables coïncidences, les retrouvailles inespérées, le personnage que l'on croyait mort ressuscitant fort opportunément et bien sûr l'amour « at first sight »…) y sont.
Visiblement, l'évolution de la représentation des femmes depuis les années 70 a complètement échappé à M.B Dupuy : ses héroïnes continuent de s'évanouir ou de faire des crises de nerfs en cas de « forte émotion » . Heureusement, elles sont obéissantes, .
L'idéal « moral » féminin est représenté par Elisabeth Marois, épouse soumise, travailleuse et évidemment bonne mère.
L'idéal « physique », c'est Marie-Hermine, forcément blonde aux longs cheveux, et ayant, c'est important, une « poitrine menue » (détail qui semble vraiment crucial pour l'autrice, qui le répète tout au long du roman).
Les personnages y sont soit caricaturaux, soit complétement dépourvu de vraisemblance psychologique .
Dans cette vision binaire du monde, les personnages féminins y sont donc harmonieusement « gnangnan » et les personnages masculins prédateurs, dominateurs ou faibles…
Pour faire bonne mesure, l'autrice soupoudre son texte de pontifiantes notes de bas de pages précisant le caractère historique de tel ou tel personnage, ou incorpore maladroitement à l'histoire des précisions sur la vie québécoise : Marie-Hermine déjà grande adolescente découvre donc avec l'émerveillement adéquat le fonctionnement des « cabanes à sucre » et l'exploitation des érables, alors que toute personne normalement constitué ayant passé un hiver au Québec connait cela par coeur.
Ce souci historique ne va cependant pas jusqu'à mettre en cause le poids de l'Eglise catholique au Québec, son racisme endémique et les crimes perpétrés contre les amérindiens : les religieuses y sont toutes bonnes et douces ; et si la population fait parfois preuve d'un peu de racisme, c'est vite tempéré par des personnages tolérants et ouverts.
Tant de mièvrerie laisse pantois, et l'on reste stupéfait qu'une écriture si désuète puisse encore rencontrer un tel succès. M.B. Dupuy aurait eu du mal à se faire éditer dans un premier temps (comme on comprend les éditeurs !) mais a cependant visiblement rencontré son public de nostalgiques.
Je n'en fais définitivement pas partie.
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}