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Critique de NicolaK


Victor est condamné.
Avant son exécution, il relate son histoire façon Contes des mille et une nuits devant ses futurs bourreaux et un public toujours avide de voir la déchéance des autres.
Certaines tricotent même. Un peu comme avec un audio-book, sauf qu'elles ont l'image aussi.

Victor commence par relater la mort de son père, alors qu'il avait tout juste 15 ans. Celui-ci jouait du serpent dans les églises, pour accompagner les choeurs quand l'orgue manquait.
Il était aussi mandé par des particuliers pour certaines cérémonies.
Bref, il est mort, on va pas passer le réveillon là-dessus.

Il laisse une femme éplorée, dont la douleur est plus que touchante et ne peut laisser personne indifférent.
Mais non ! Je plaisante, rangez vos Kleenex !

Le seul qui aimait et regrette son père, c'est Victor.
Il l'aimait autant qu'il le craignait, du reste, parce que le vieux n'était pas tendre. Les coups pleuvaient, les insultes aussi, la culpabilisation surtout pour les choses dont le gosse n'était pas responsable.

Vous allez me dire : heureusement qu'il pouvait se consoler dans les bras de sa maman...
Non plus. Une teigne, un monstre, cette Pâqueline.

Pour ses parents, Victor avait tué son frère jumeau, le préféré, bien que mort-né, en l'étranglant avec le cordon ombilical.
Mais il en a été bien puni puisque affecté par un torticolis congénital, ce qui lui vaut tout un tas de petits surnoms par sa chère "maman".

Victordu, Victorgnole, Victorieux trou du cul, Victorchon, Victortillon, Victordant, Victorticolis, Victornade, Victord-boyau, Victorve...
Tous plus affectueux les uns que les autres.
Retenez-les, y aura interro.

Je ne vais pas vous décrire toutes les épreuves par lesquelles le gamin passe, mais entre les mains de l'horrible marâtre, c'était pas folichon tous les jours.

Ses moments de joie, quand il allait chez son oncle et sa tante. Ledit oncle était pâtissier.
Enfin à l'époque, c'est pas du tout un marchand de gâteaux, mais un fabriquant de pâtés, viande et tout le toutim.

Le mec qui rend service par exemple à la confectionneuse de crucifix et chapelets en lui donnant des os.
Non mais franchement, il faut le lire, c'est très intéressant.

C'est d'ailleurs chez son oncle, un jour où celui-ci s'est absenté, que Victor tombe amoureux de la magnifique Angélique (laquelle venait voir le pâtissier pour faire réparer le talon de sa chaussure).

Question études, le gosse va dans un pensionnat à un moment. Pas non plus un long fleuve tranquille.
Parce que voyez-vous, les vêtements, l'apparence en général, le comportement, sont très visibles entre les pauvres et les riches, et curieusement, il n'est pas de bon ton d'être pauvre.
Partout, d'ailleurs, pas juste au pensionnat. Alors les regards moqueurs et dédaigneux, les remarques blessantes... nul besoin de dessin.

Victor survit à tous les coups du sort et de sa mère, une existence rythmée par les coups de son pied sur le plancher quand celle-ci est assise, occupée par la confection de poupées.
Alors là, vous vous dites qu'elle a la Danse de Saint-Guy (appelée aussi Chorée de Sydenham par les plus calés d'entre nous), la charmante femme..
Eh bien vous avez raison, et j'ai à peine soufflé.

Où j'en étais moi ?
Ah oui !
Comme le titre l'indique un peu, Victor trouve du travail chez un embaumeur.

L'homme est très gentil, patient, et prend Victor sous son aile. Un peu comme un fils.
Et notre héros reçoit enfin l'affection dont il avait tellement besoin.
Monsieur... je sais plus son nom... lui fait bientôt confiance et lui enseigne toutes les ficelles du métier, ainsi que ses secrets pour se faire de l'argent.

Je vais arrêter de raconter, ça va vous lasser et puis vous devez lire ce livre.

Isabelle Duquesnoy m'a encore embarquée dans son récit palpitant, malgré le nombre de pages.
Un roman historique qui se passe au début de la Révolution. Les grosses têtes tombent, les plus petites aussi. (je sais, c'est pas drôle, mais Victor me manque déjà).

Ne passez pas à côté de ce livre passionnant, instructif, et magnifiquement écrit.
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