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sur 453 notes
Victor est condamné.
Avant son exécution, il relate son histoire façon Contes des mille et une nuits devant ses futurs bourreaux et un public toujours avide de voir la déchéance des autres.
Certaines tricotent même. Un peu comme avec un audio-book, sauf qu'elles ont l'image aussi.

Victor commence par relater la mort de son père, alors qu'il avait tout juste 15 ans. Celui-ci jouait du serpent dans les églises, pour accompagner les choeurs quand l'orgue manquait.
Il était aussi mandé par des particuliers pour certaines cérémonies.
Bref, il est mort, on va pas passer le réveillon là-dessus.

Il laisse une femme éplorée, dont la douleur est plus que touchante et ne peut laisser personne indifférent.
Mais non ! Je plaisante, rangez vos Kleenex !

Le seul qui aimait et regrette son père, c'est Victor.
Il l'aimait autant qu'il le craignait, du reste, parce que le vieux n'était pas tendre. Les coups pleuvaient, les insultes aussi, la culpabilisation surtout pour les choses dont le gosse n'était pas responsable.

Vous allez me dire : heureusement qu'il pouvait se consoler dans les bras de sa maman...
Non plus. Une teigne, un monstre, cette Pâqueline.

Pour ses parents, Victor avait tué son frère jumeau, le préféré, bien que mort-né, en l'étranglant avec le cordon ombilical.
Mais il en a été bien puni puisque affecté par un torticolis congénital, ce qui lui vaut tout un tas de petits surnoms par sa chère "maman".

Victordu, Victorgnole, Victorieux trou du cul, Victorchon, Victortillon, Victordant, Victorticolis, Victornade, Victord-boyau, Victorve...
Tous plus affectueux les uns que les autres.
Retenez-les, y aura interro.

Je ne vais pas vous décrire toutes les épreuves par lesquelles le gamin passe, mais entre les mains de l'horrible marâtre, c'était pas folichon tous les jours.

Ses moments de joie, quand il allait chez son oncle et sa tante. Ledit oncle était pâtissier.
Enfin à l'époque, c'est pas du tout un marchand de gâteaux, mais un fabriquant de pâtés, viande et tout le toutim.

Le mec qui rend service par exemple à la confectionneuse de crucifix et chapelets en lui donnant des os.
Non mais franchement, il faut le lire, c'est très intéressant.

C'est d'ailleurs chez son oncle, un jour où celui-ci s'est absenté, que Victor tombe amoureux de la magnifique Angélique (laquelle venait voir le pâtissier pour faire réparer le talon de sa chaussure).

Question études, le gosse va dans un pensionnat à un moment. Pas non plus un long fleuve tranquille.
Parce que voyez-vous, les vêtements, l'apparence en général, le comportement, sont très visibles entre les pauvres et les riches, et curieusement, il n'est pas de bon ton d'être pauvre.
Partout, d'ailleurs, pas juste au pensionnat. Alors les regards moqueurs et dédaigneux, les remarques blessantes... nul besoin de dessin.

Victor survit à tous les coups du sort et de sa mère, une existence rythmée par les coups de son pied sur le plancher quand celle-ci est assise, occupée par la confection de poupées.
Alors là, vous vous dites qu'elle a la Danse de Saint-Guy (appelée aussi Chorée de Sydenham par les plus calés d'entre nous), la charmante femme..
Eh bien vous avez raison, et j'ai à peine soufflé.

Où j'en étais moi ?
Ah oui !
Comme le titre l'indique un peu, Victor trouve du travail chez un embaumeur.

L'homme est très gentil, patient, et prend Victor sous son aile. Un peu comme un fils.
Et notre héros reçoit enfin l'affection dont il avait tellement besoin.
Monsieur... je sais plus son nom... lui fait bientôt confiance et lui enseigne toutes les ficelles du métier, ainsi que ses secrets pour se faire de l'argent.

Je vais arrêter de raconter, ça va vous lasser et puis vous devez lire ce livre.

Isabelle Duquesnoy m'a encore embarquée dans son récit palpitant, malgré le nombre de pages.
Un roman historique qui se passe au début de la Révolution. Les grosses têtes tombent, les plus petites aussi. (je sais, c'est pas drôle, mais Victor me manque déjà).

Ne passez pas à côté de ce livre passionnant, instructif, et magnifiquement écrit.
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" Je sais que ma condamnation est décidée, le récit des circonstances de mon forfait n'est, à vos oreilles, qu'un divertissement puisque vous en connaissez la fin ; vos gens m'ont surpris en flagrant délit. L'histoire de ma vie, ce sentier qui m'a conduit à commettre ma faute, ne servira qu'à persuader les foules de ma monstruosité. de quoi vous combler, vous divertir, car les affaires comme les miennes se raréfient."

Dès les premières lignes, le lecteur plonge dans les confessions impudiques de Victor Renard qui dévoile tout de sa vie aux juges dans l'espoir d'éviter la guillotine en plein Paris révolutionnaire. Suspense oblige, ce n'est qu'à la fin que l'on découvre la nature de l'accusation.

Le démarrage de ce roman historique est assez formidable, totalement immersif, mais j'ai trouvé que l'intrigue en elle-même s'étirait trop, la faute sans doute au manque d'empathie que j'ai ressenti pour notre accusé – narrateur ( c'est finalement le personnage d'Angélique, son amoureuse prostituée qui m'a le plus convaincue et intéressée ). J'aurais du pourtant m'attacher à ce héros martyrisé par une mère complètement hystérique et mauvaise, malmené par la vie, la subissant pendant très longtemps avant de la prendre en main. J'ai parfois un peu décroché ou du moins je n'ai pas été captivée autant que j'aurais du l'être, pas si curieuse de cela de savoir ce qu'avait fait Victor.

Mais je me suis régalée de tout l'arrière-fond historique, de la peinture des moeurs en cette fin XVIIIème : au coeur de la folie révolutionnaire. Paris perd ses lumières et sa raison. Surtout, j'ai été estomaquée de découvrir les usages mortuaires pour le moins étonnants de l'époque autour de la pratique millénaire de la médecine des morts. Trafic de dépouilles, commerces d'organes et notamment des coeurs embaumés des rois et reines de France lorsque leurs tombeaux ont été profanés et pillés en 1793. Incroyable, de nombreux tableaux de nos gentils musées ont été peints en partie à partir de pigments bruns obtenus par broyage de ces organes embaumés appelés « mumies », sans qu'aucune mention n'en informe le visiteur. Par exemple, l'oeuvre Intérieur d'une cuisine de Martin Drölling a utilisé des fragments des coeurs de Louis XIII, d'Anne d'Autriche et de Marie-Thérèse d'Autriche !

Isabelle Duquesnoy est diplomée d'histoire des arts et de restauration du patrimoine, elle s'est parfaitement documentée. Avec sa plume très travaillée, très dix-huitièmiste, elle retranscrit parfaitement cette époque et sait mettre son savoir à la portée de tous. C'est souvent très cru voire glauque mais toujours truculent.
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Nous sommes sous le Directoire, juste après la Terreur. Victor a une vingtaine d'années : il est embaumeur à Paris et nous relate sa vie et les évènements qui l'ont amené devant la Justice, dans ce procès dont nous sommes le public et dont nous savons juste qu'il doit aboutir à son exécution.


Enfant détesté de ses parents, en particulier de son épouvantable mère qui le poursuivra toute sa vie de ses méchancetés, Victor rencontre enfin la bonté en la personne de Monsieur Joulia, son maître d'apprentissage, qui lui transmet avec patience les rudiments de son métier : l'embaumement des morts. Pour Victor, c'est le début d'une bonne fortune, qui finira pourtant par se retourner.


Tout au long de sa narration, Victor interpelle directement le lecteur, qui se retrouve assis au milieu du public venu assister aux audiences. Sur un ton truculent débordant d'humour noir, il nous relate son métier et, au travers des mille anecdotes et détails de sa vie, parfois très glauques, ce sont toutes les moeurs de la société de son époque qui se dessinent peu à peu, dans un récit piquant et pittoresque, souvent drôle et étonnant. Victor est un véritable conteur qui sait tenir son public en haleine : jamais l'intérêt ne se relâche et le rire est souvent au rendez-vous.


Ce livre admirablement documenté, au style ciselé qui parvient à merveille à évoquer le langage de l'époque, se lit avec délectation. Il nous fait revivre l'Histoire au travers des mille détails de la vie quotidienne, parfois triviaux, mais tous constitutifs d'une réalité et d'une certaine conception de la vie et de la mort. Alors, oubliez vite vos repères contemporains et laissez vous entraîner dans cette plongée captivante dans l'ordinaire de la fin du 18e siècle : un ordinaire qui ne manquera pas de vous estomaquer.
Au delà du coup de coeur.


Petite prolongation sur l'embaumement des rois et le brun de momie utilisé en peinture, avec ma rubrique le coin des curieux, à la fin de ma chronique de L'embaumeur sur mon blog :
https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/05/duquesnoy-isabelle-lembaumeur.html

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Victor renard, une vie... Une vie qui aurait pu ne présenter aucun intérêt aux yeux du lecteur, pauvre Victor, qui commença sa vie en se voyant accusé d'avoir tué son jumeau, Isidore… Victor, qui devait naître et vivre malgré tout, c'était le destin que sa Paqueline de mère avait bien tenté de réduire à peau de chagrin, en vain, il était accroché à la vie le victo-rieux. Son sonneur de serpent de père mourant d'un fâcheux accident de labour qui donne le ton et promet un humour noir bien décapant, Victor passe son enfance à esquiver les coups et entendre les insultes de sa génitrice pour qui ce pauvre enfançon n'est qu'une bouche à nourrir.

Et Victor emprisonné dans un lugubre cachot, se confesse, autant à ses juges qu'au lecteur… mais quel crime a -t-il donc commis ? On le saura… à la toute fin du récit, ce qui ne manquera pas de faire trépigner d'impatience face à ce récit d'une vie semée d'embûches, on lira en se demandant : mais que diable a-t-il fait ??? Question qui m'a hantée tout au long de ma lecture, hantise atténuée par le récit lui-même, fort sympathique et porteur d'une bonne culture historique que l'on doit à cette autrice qui n'a pas ménagé sa peine pour produire un roman si bien documenté.

On y côtoiera la Paqueline, sujet du tome suivant à elle seule, personnage cruel et sans finesse, capable des pires méchancetés (j'ai hâte de lire la suite !),

Angélique, la « vertueuse » jeune fille qui ne montre de vertu que lorsqu'elle est accompagnée par maman, et qui jouera un rôle certain dans la vie de Victor,

Franz, ami de Victor...Peut-être… et l'embaumeur... qui enseignera à Victor, l'art de pomponner un défunt.


Si comme moi, vous aimez l'histoire, période Directoire on l'on croise quelques Incroyables et Merveilleuses, si vous avez soif d'humour noir, si vous aimez le suspens, jetez-vous sur l'embaumeur, vous ne le regretterez pas !
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Isabelle Duquesnoy nous livre avec "l'embaumeur ou l'odieuse confession de Victor Renard" un roman extraordinaire, un roman passionnant.
Nous sommes à  Paris après la révolution, on imagine très  bien la noirceur de Paris, ces petites rues sombres et peu rassurantes ainsi que l'atmosphère particulière de cette fin du XVIII siècle.
Nous faisons connaissance de Victor Renard à travers ses confessions au tribunal où il est jugé pour un acte qu'il nous livrera à la toute fin de ce livre. Ce procès durera 11 jours, pendant lesquels nous sommes pendus à ses lèvres,  on veut tout savoir, tout comprendre.

Victor devient apprenti embaumeur chez Mr Joulia qui deviendra un père pour lui. Un peu d'amour ne peut être que salutaire pour Victor qui vit avec  sa mère Paqueline qui est d'une effroyable méchanceté. Les propos de cette Paqueline sont d'une telle violence qu'ils font froids dans le dos mais avec la plume de l'auteur c'est aussi "un regal". le cynisme de cette femme, ses expressions sont d'une grande force et d'une terrible cruauté .
Tout en découvrant la terrible vie de cet attachant Victor, nous apprenant avec beaucoup de détails le travail de l'embaumeur et certaines pratiques que j'ignorais complètement. 
Ce livre est tout à fait exceptionnel.  Il faut le lire !
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Titre : L'embaumeur
Année : 2017
Auteur : Isabelle Duquesnoy
Editeur : Editions de la martinière
Résumé : Victor Renard est né tordu, sa tête penche et son allure est tout à fait disgracieuse. A la mort de son géniteur il se trouve soudain seul avec son horrible mère qui n'a de cesse de le tourmenter. Par chance il se retrouve bientôt apprenti chez un maître embaumeur qui lui enseigne toutes les ficelles du métier. Victor se révélera non seulement un bon apprenti mais aussi un homme d'affaire avisé. Victordu, comme le surnomme parfois sa marâtre, s'élèvera dans la société post révolutionnaire avant de connaître une chute retentissante.
Mon humble avis : de retour après une petite semaine dans la capitale Nippone (dont je vous parlerais bientôt), je suis ravi de commencer cette rentrée par cet excellent ouvrage d'Isabelle Duquesnoy. Ce roman, encensé par les lecteurs mais aussi nombre de libraires est une grande et indéniable réussite. Je ne connaissais pas Duquesnoy avant cet embaumeur mais je ne peux que m'incliner devant son érudition, son sens du détail et sa faculté à recréer un XVIII e siècle qui semble plus vrai que nature. L'histoire de Victor Renard, si elle m'a semblé parfois quelque peu convenu, regorge de détails historiques, d'anecdotes passionnantes qui rendent cette lecture addictive au plus haut point; c'est l'une des grandes forces de ce drame historique mais ce n'est pas le seul : les personnages sont bien campés, parfois truculents et semblent tout à fait en phase avec leur époque. La langue est riche, parfois au détriment de la fluidité mais qui s'en plaindrait tant les aventures de ce Victordu au coeur tendre sont riches et passionnantes. Certains seront peut-être heurtés par les détails techniques développés par l'auteur quand à la dissection des cadavres ou la description des bas fonds parisiens de cette époque mais c'est sans compter sur l'humour froid et distant distillé par l'auteur, sur la maîtrise parfaite de son sujet, sur la passion de Duquesnoy pour l'histoire qui transparaît à chaque page sans que jamais son récit ne paraisse laborieux ni empesé. Vous l'aurez compris je suis enthousiaste pour ce texte qui par bien des aspects m'a rappelé l'excellentissime parfum de Patrick Süskind sorti en 1986 (une référence en la matière). L'embaumeur est finalement un drame historique haut de gamme, un bouquin passionnant, instructif, une fresque attachante bref une superbe réussite. Chapeau bas Isabelle !
J'achète : Oui sans hésiter pour l'histoire, pour les personnages, pour les anecdotes pour l'érudition, l'humour mais aussi parce qu'après cette lecture tu ne regarderas plus jamais certains tableaux de maître de la même façon....
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Voulant absolument lire « La Pâqueline ou les mémoires d'une mère monstrueuse » d'Isabelle Duquesnoy, je me suis plongée avec délectation dans le premier tome, celui de « L'embaumeur ».
Au final, j'en ressors enchantée. L'auteure a consacré près de dix ans à écrire un roman riche, truculent, admirablement bien écrit.
*
Victor Renard a commis un acte odieux pour lequel il est jugé, un délit dont le lecteur n'a pas connaissance, mais assez grave pour risquer la guillotine ou la pendaison.
« Je sais que ma condamnation est décidée, le récit des circonstances de mon forfait n'est, à vos oreilles, qu'un divertissement puisque vous en connaissez la fin ; vos gens m'ont surpris en flagrant délit. L'histoire de ma vie, ce sentier qui m'a conduit à commettre ma faute, ne servira qu'à persuader les foules de ma monstruosité. »
*
Ce roman retrace les onze jours de son procès.
Le public se bouscule pour assister à l'audience, le lecteur étant aux premières loges pour profiter du spectacle.
Souhaitant obtenir de ses juges un peu de compassion, souhaitant peut-être aussi reculer le moment de son trépas, on ne peut que le comprendre, Victor ne ménage pas ces efforts pour expliquer ce qui l'a amené à cet acte horrible. Il retrace avec beaucoup de détails son parcours, depuis sa naissance jusqu'à cette affaire pour laquelle il est jugé. Voyeurisme, curiosité malsaine, fascination morbide. Son récit est addictif et instructif.
Durant tout le récit, je me suis demandée quel crime il avait pu commettre pour penser mériter une condamnation à mort. Et durant tout le récit, les hypothèses s'accumulent, distillant le suspens jusqu'au bout, pour le plus grand plaisir du lecteur.
*
L'auteure a mis tout son talent pour composer des portraits originaux, particulièrement bien dépeints.
Affublé de nombreux surnoms ridicules, Victordu, Victorgnole, Victorve, Victorchon pour n'en citer que quelques-uns, Victor, le narrateur, se décrit tel que ses parents l'estiment. Ces déplaisants sobriquets dépeignent l'attitude malfaisante, haineuse et cruelle de ses parents.
« Assassin, fratricide, coucou, imbécile, voleur, tordu, vermine, j'étais tout cela depuis ma naissance. »

J'ai eu envie de m'attacher à Victor, vraiment, mais je ne sais pourquoi, je n'ai pas pu complètement.
Sa vie n'a pas été tendre, et malgré tout, il a de vraies valeurs. A certains moments, j'ai ressenti de l'empathie pour lui, mais les horreurs qu'il décrit avec froideur et détachement n'en font pas un personnage aimable, avenant.

Sa mère, la Pâqueline, est une femme grossière et méchante comme une teigne, qui éprouve une forte répulsion pour son fils. Son père est un être envieux, irascible et violent qui le martyrise au moindre faux-pas.
Elevé sans affection, sans amour, Victor, le fils au physique fragile et ingrat, ne rêve que d'arracher le coeur sa mère et de l'embaumer.
« Oui, je l'admets : je rêvais fréquemment au trépas de la Pâqueline. Je ne détestais point l'idée d'embaumer ma propre mère ; avec une délectation honteuse et malsaine, je me voyais fort bien ôter son coeur, le peser et constater que, conformément aux écritures antiques, le boyau pesait moins qu'une demi-livre de grains à poules faute de s'être gonflé des vertus et des bonheurs que les bonnes personnes unissent et sentent battre très fort dans leur poitrine. »
Quelle charmante famille !
*
Pour échapper à sa misérable vie, Victor va devenir embaumeur. Son maître lui apprendra les bases de l'embaumement, des rites mortuaires et par la même occasion nous instruira des différentes techniques de conservation des viscères. Isabelle Duquesnoy, par ses descriptions sur l'embaumement des corps, m'a permis de découvrir le monde de la thanatopraxie et des soins apportés aux corps pour retarder provisoirement leur décomposition. Mélange d'obscénité, de répulsion et d'attirance, d'odeurs de putréfaction, mélange étrange de sensations.
*
Le fond historique est aussi passionnant. Ce roman est incroyablement bien documenté sur les croyances et les moeurs parisiennes au XVIIIème siècle. L'auteure, diplômée d'Histoire de l'Art, a si bien écrit ce premier roman que l'arrière-plan historique ne nuit pas à l'intrigue, mais au contraire, la rend captivante et savoureuse.
On se croirait plonger au lendemain de la Révolution française, dans cette ambiance orageuse, dans ce décor fait de ruelles sombres, sordides et malfamées dont les odeurs nauséabondes prennent à la gorge, soulèvent le coeur, donnent la nausée.
J'ai été très intéressée par un fait méconnu, celui des « mumies ».
*
Ce que je retiendrai aussi de ce roman, c'est cette écriture pleine d'humour. Un humour caustique, décapant, très noir, très ironique servi par des personnages hauts en couleur.
Les dialogues entre la mère et le fils sont souvent savoureux de cruauté, voire de sadisme. J'ai vraiment apprécié le détestable personnage de la Pâqueline. Dans son rôle de méchante, elle est vraiment extraordinaire. Elle est détestable, et plus rarement, elle est émouvante dans sa solitude et sa tristesse.
*
Vous l'aurez bien compris, j'ai passé un très bon moment à lire les confessions de Victor.
Le choix affirmé de l'auteure de traiter de sujets graves et sérieux sur le mode de l'esprit plein d'un humour grinçant est une grande réussite.
J'ai adoré le style de l'auteure, un peu précieux et suranné, ce mélange d'écriture recherchée, vulgaire, morbide. J'ai aimé ces sensations contradictoires, ce mélange de fascination et de répulsion, d'empathie et d'aversion.
Et je n'ai maintenant qu'une hâte, c'est lire la suite, centrée sur ce personnage charismatique et fortement désagréable qu'est « La Pâqueline ».
*
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Quel roman surprenant. le portrait de Victor Renard, embaumeur de son état, qui nous raconte sa vie lors de son procès. Un procès pour quelle raison ? nous le saurons mais beaucoup, beaucoup plus tard.
Du coup, il en profite pour nous relater sa vie et en particulier ses relations avec les femmes de sa vie et en particulier sa mère.
Dans la série, je n'ai pas de chance dans la vie, Victor est très bien placé, on pourrait même dire que c'est un champion du monde.
Et cela commence par la pire, sa mère, la Pâqueline, elle est digne d'une Folcoche et vu que Victor est son fils unique il est donc le seul objet de sa cruauté. Elle pousse le bouchon en faisant des jeux de mots avec la fin de son prénom, pathétique et magnifique d'imagination de la part de l'auteure, sans compter les tonnes de fèves qu'elle utilise, vous verrez pourquoi. J'ai rarement lu une mère aussi cruelle et odieuse avec son fils, ses paroles vous poignardent, ses actes ne servent qu'à humilier son fils de la pire des façons.
Sa femme, celle qui partage votre vie, qui vous accompagne dans votre réussite et dans vos malheurs, ha ça pour aller jusqu'au bout elle ira. Rien ne sera épargné à notre pauvre Victor.
Sa gentillesse et son manque de confiance en lui, le met dans des situations compliquées et quand la vie s'avère être clémente c'est pour mieux la rendre cruelle.
Comment ne pas s'attacher à ce pauvre homme qui, par son métier, pas des plus joyeux, réussit enfin à s'élever socialement, à devenir aisé, dans cette France de la fin du XVIII siècle.
Je ne m'attendais pas cette fin, j'ai adoré ce livre de bout en bout. Les portraits de femmes sont terriblement odieux, ce qui n'a pas été pour me déplaire bien au contraire.
J'ai vu qu'une suite venait de sortir sur la Pâqueline qui me tente bien.
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Oyez, Oyez braves gens, êtes-vous prêt à découvrir la triste vie et la dégoutante confession de Victor Renard?

Victordu, Victorniole, enfant non désiré de la Paqueline, mère odieuse et méchante portée sur la bouteille et de Johan Renard joueur de serpent à l'église et professeur de musique.

Attention, la vie du jeune Victor, souffrant d'un torticolis congénital, n'a rien de victorieuse. A la mort de son père, une mort idiote bien sûr, Victor devient apprenti embaumeur pour subvenir au besoin de l'infâme Paqueline, qui n'a de cesse de lui reprocher sa naissance.

Embaumeur, un bien beau métier pour celui qui n'a pas l'odorat et la vue trop sensible. de toute façon, en cette fin de siècle, Paris et ses faubourgs est un affreux cloaque puant où tout se commerce, même le coeur, les dents ou les cheveux des guillotinés. Victor un homme de son temps tout simplement.

Bon sang ! Quel formidable roman historique que voilà : on rend infiniment grâce à Isabelle Duquesnoy de nous plonger ainsi dans les dernières années du siècle des Lumières, avec un tel plaisir d'écrire que l'on ressent pleinement de la première à la dernière page.

La description des rues sombres de Paris, de cette foule grouillante et méphitique, de ces hommes et de ces femmes qui se battent pour survivre, est virtuose et d'une grande richesse : le lecteur ne pourra que se laisser envouter par le plaisir de la belle phrase.

Cette langue riche du XVIIIe siècle nous raconte un monde organique qui palpite, qui suinte, qui exsude, qui saigne, qui pue, mais avec une telle élégance et une telle recherche du mot juste que le lecteur est immédiatement embarqué. Isabelle Duquesnoy connait finement son sujet et s'amuse en nous instruisant.

Certes, nous sommes très loin du roman national et d'une belle lecture historique, propre et galvanisante, mais c'est justement pour cela que «L'embaumeur » est un très bon roman et assurément un de nos premiers coups de coeur de cette rentrée littéraire qui s'annonce fort bien.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Ah mon cher Monsieur Renard ! Quel odieux crime avez-vous pu commettre pour que l'avenir de votre tête soit aussi compromis en cette période révolutionnaire ? Que dites-vous ? Ah, il faudra pour le savoir écouter un long récit. Qu'à cela ne tienne, j'ai tout mon temps même si cela peut prendre plusieurs jours !

Formidable roman d'ambiance qui dépeint une époque de manière peu reluisante mais tellement réaliste, Isabelle Duquesnoy m'a offert un très bon moment de lecture. Pourtant très maniaque, j'ai réussi à me plonger sans difficulté dans ce roman où la saleté et le langage cru font partie intégrante du récit.

Vous allez sûrement me demander : pourquoi donc aimer ce roman ragoûtant au premier abord ? Car la plume de l'auteure est captivante et a réussi avec brio à ce que tout ce que nous lisons soit perçu comme étant du second degré ce qui a apporté finalement une légèreté au récit. Même si l'on ne peut choisir sa famille, Victor Renard a malheureusement tiré le pire des gros lots avec une mère pareille, la Pâqueline que j'ai adorée détester !

Tout au long de cette lecture, j'ai adoré en apprendre plus sur cette période qui a été possible grâce à un important travail de recherche de l'auteure. Amatrice d'art, j'ai pu découvrir une technique pratiquée par certains artistes de l'époque qui est plus que surprenante. J'ai trouvé très intéressant de pouvoir en savoir plus sur les pratiques d'embaumement à la fin du XVIIIème siècle.

Lecture faite dans le cadre d'une Lc, je pense avoir perdu pas mal de mes camarades s'attendant à lire un roman policier. Pour ma part, cet ouvrage sera l'un de mes coups de coeur de l'été et il me tarde de suivre les aventures de la famille Renard en découvrant sa suite consacrée à cette fameuse mère ; la Pâqueline 😉
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