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Critique de 5Arabella


Il s'agit d'un roman publié en 1967 par Gallimard qui rencontre un réel succès, incitant l'auteure à en écrire une version théâtrale, déjà envisagée en 1966. Elle sera mise en scène pour la première fois en 1968.

Le texte s'inspire d'un fait réel : l'affaire Rabilloud, dans laquelle la femme a tué son mari, avant de le dépecer et disperser ses restes sur des trains du haut d'un viaduc. Ce fait divers avait déjà été utilisé par Marguerite Duras dans la pièce Les viaducs de la Seine-et-Oise. Elle le reprend en le modifiant. Ici, la femme, Claire Lannes assassine une cousine sourde et muette, qui sert de domestique au couple, à l'insu de son mari, Pierre. le texte se présente essentiellement sous forme de dialogues. Un interlocuteur qui n'est pas clairement défini, fait parler les protagonistes de l'affaire. D'abord Robert Lamy, le tenancier du bar du village, dans lequel Claire s'est dénoncée comme la meurtrière, en donnant l'identité de la victime, qui jusque là n'était pas connue, la police n'ayant retrouvé dans des trains que des morceaux du corps dépecé, sans la tête. Robert Lamy raconte en détails la scène, et répond à quelques questions sur le couple Lannes, et d'autres personnes. L'entretien suivant se fait avec Pierre Lannes, le mari, et tourne autour de la personnalité De Claire, que son mari percevait comme folle, ainsi que des relations du trio. Enfin, le dernier entretien se fait avec Claire, l'interlocuteur essayant sans succès de lui faire expliciter les raisons du crime, et lui faire avouer ce qu'elle a fait de la tête de la victime, toujours non retrouvée.

Marguerite Duras a toujours été fascinée par les crimes, les meurtres, le passage à l'acte, et un certain nombre de personnages de ses romans basculent de l'autre côté de la frontière. L'amante anglaise tente de cerner le personnage De Claire, les raisons qui l'ont poussée à commettre l'acte meurtrier. Nous ne sommes pas dans la psychologie, Claire est un personnage atone, qui s'ignore elle-même, qui ne sait pas ce qui la meut. le seul épisode de son existence qui la fait réagir, de façon positive, c'est c'est la liaison avec un homme à Cahors, cet épisode la transporte, l'illumine toujours après de nombreuses années. Si Claire répond aux questions qui lui sont posées, c'est peut-être aussi parce qu'elle-même veut comprendre, donner un sens, un poids, aux choses, qui semblent lui échapper complètement. Mais elle n'est pas la seule dans ce cas, les autres personnages du récit ne paraissent pas beaucoup plus remplis, plus certains. Simplement le meurtre qu'elle a commis lui donne d'une certaine manière une consistance, une raison pour que l'on s'occupe d'elle, pour que l'on se pose des questions à son sujet. Alors qu'elle était exilée dans le jardin, sans vraiment avoir des activités, juste là laissée à elle-même. Il y a une opposition entre Claire et Marie-Thérèse, la cousine assassinée : cette dernière est toute sens pratique, activité, elle occupe l'espace et chasse en quelque sorte Claire devenue inutile de sa propre maison. Malgré son handicap, Marie-Thérèse est engluée dans les plaisirs sensibles et sensuels, très terre à terre, alors que sa cousine s'étiole, devient de plus en plus transparente et aérienne, en dehors du monde, auquel le meurtre la ramène d'une certaine façon.

Un texte étrange et troublant, pas très confortable.
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