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Je n'avais pas lu d'oeuvres de Marguerite Duras depuis très longtemps, et, après la lecture de l'amante anglaise, je ne pense pas en relire de sitôt. Si je l'ai lu, c'est pour le challenge solidaire.
Des voix, voilà ce que nous entendons. Vaste dialogue avec un journaliste qui enquête sur un meurtre. Tout est bouclé, cependant, au moment où commence le récit. On sait qui a été tué et par qui. On sait comment. Restent à définir le pourquoi, cherchant ainsi à mieux comprendre la personnalité de la meurtrière.
Ce qui m'a le plus gênée est la vacuité de son existence. Que fait-elle de sa vie ? Rien. Elle a vécu une grande histoire d'amour avant, bien avant ce récit, et dit ne s'être jamais réellement remise. Claire s'est mariée pourtant, avec Paul, qui a essayé de comprendre cette personne qu'était sa femme, constatant que rien n'avait de prise sur elle. Elle ne peut même pas être définie comme "maîtresse de maison" puisqu'il fait venir Marie-Thérèse, sa cousine, pour qu'elle s'occupe de tout - n'est-ce pas déjà déposséder Claire, en installant une autre femme chez elle ? Oui, l'on peut dire que Marie-Thérèse est une domestique non payée, l'on peut dire aussi, par ses aventures amoureuses supposées, qu'elle vit la vie de femme que Claire n'a jamais pu vivre. Je note aussi qu'il est trouvé "normal" que Marie-Thérèse ne soit pas mariée, soit dépendante, parce qu'elle est sourde et muette. Je me suis demandé combien de personnes sourdes s'étaient retrouvées dans la même situation - oui, l'on n'a pas de statistiques là-dessus.
Claire elle-même cherche à comprendre pourquoi elle a commis cet acte, alors que les hommes qui ont partagé ou traversé sa vie cherche à (la) fuir. le meurtre répond-il à un coup de folie ? Et l'aveu qu'elle en a fait, était-ce un secret qu'elle ne pouvait plus garder ou un moyen de s'affirmer, dans ce petit monde, Viorne, qui était le sien ? Difficile de trancher.
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"L'amante anglaise" de Marguerite Duras est un livre absolument bouleversant. le roman se construit sous la forme d'un dialogue: une femme qui a commis un meurtre est interrogée par la police. Pour répondre à la question pourquoi elle a fait cela, vous devez vous plonger dans son histoire, en apprendre davantage sur l'impossibilité et la tragédie de l'amour, sur l'effondrement de la personnalité en raison de la dureté des autres, car il semble qu'ils possèdent une peau blindée. Dans la province où vit une femme, tout sentiment vivant est impossible, criminel. Mais notre vie quotidienne n'est-elle pas aussi une province où tous ceux qui ont fait leur chemin vers quelque chose d'essentiel, deviennent un peu fous?
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Il s'agit d'un roman publié en 1967 par Gallimard qui rencontre un réel succès, incitant l'auteure à en écrire une version théâtrale, déjà envisagée en 1966. Elle sera mise en scène pour la première fois en 1968.

Le texte s'inspire d'un fait réel : l'affaire Rabilloud, dans laquelle la femme a tué son mari, avant de le dépecer et disperser ses restes sur des trains du haut d'un viaduc. Ce fait divers avait déjà été utilisé par Marguerite Duras dans la pièce Les viaducs de la Seine-et-Oise. Elle le reprend en le modifiant. Ici, la femme, Claire Lannes assassine une cousine sourde et muette, qui sert de domestique au couple, à l'insu de son mari, Pierre. le texte se présente essentiellement sous forme de dialogues. Un interlocuteur qui n'est pas clairement défini, fait parler les protagonistes de l'affaire. D'abord Robert Lamy, le tenancier du bar du village, dans lequel Claire s'est dénoncée comme la meurtrière, en donnant l'identité de la victime, qui jusque là n'était pas connue, la police n'ayant retrouvé dans des trains que des morceaux du corps dépecé, sans la tête. Robert Lamy raconte en détails la scène, et répond à quelques questions sur le couple Lannes, et d'autres personnes. L'entretien suivant se fait avec Pierre Lannes, le mari, et tourne autour de la personnalité De Claire, que son mari percevait comme folle, ainsi que des relations du trio. Enfin, le dernier entretien se fait avec Claire, l'interlocuteur essayant sans succès de lui faire expliciter les raisons du crime, et lui faire avouer ce qu'elle a fait de la tête de la victime, toujours non retrouvée.

Marguerite Duras a toujours été fascinée par les crimes, les meurtres, le passage à l'acte, et un certain nombre de personnages de ses romans basculent de l'autre côté de la frontière. L'amante anglaise tente de cerner le personnage De Claire, les raisons qui l'ont poussée à commettre l'acte meurtrier. Nous ne sommes pas dans la psychologie, Claire est un personnage atone, qui s'ignore elle-même, qui ne sait pas ce qui la meut. le seul épisode de son existence qui la fait réagir, de façon positive, c'est c'est la liaison avec un homme à Cahors, cet épisode la transporte, l'illumine toujours après de nombreuses années. Si Claire répond aux questions qui lui sont posées, c'est peut-être aussi parce qu'elle-même veut comprendre, donner un sens, un poids, aux choses, qui semblent lui échapper complètement. Mais elle n'est pas la seule dans ce cas, les autres personnages du récit ne paraissent pas beaucoup plus remplis, plus certains. Simplement le meurtre qu'elle a commis lui donne d'une certaine manière une consistance, une raison pour que l'on s'occupe d'elle, pour que l'on se pose des questions à son sujet. Alors qu'elle était exilée dans le jardin, sans vraiment avoir des activités, juste là laissée à elle-même. Il y a une opposition entre Claire et Marie-Thérèse, la cousine assassinée : cette dernière est toute sens pratique, activité, elle occupe l'espace et chasse en quelque sorte Claire devenue inutile de sa propre maison. Malgré son handicap, Marie-Thérèse est engluée dans les plaisirs sensibles et sensuels, très terre à terre, alors que sa cousine s'étiole, devient de plus en plus transparente et aérienne, en dehors du monde, auquel le meurtre la ramène d'une certaine façon.

Un texte étrange et troublant, pas très confortable.
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L'intrigue, en apparence simple, se concentre sur un crime brutal commis par Claire. Mais derrière cet acte choquant se cachent surtout des questions profondes sur la folie et l'isolement.

Le roman se présente sous la forme de dialogues entre les protagonistes et une personne qui interroge, ce qui permet d'explorer différentes perspectives. Pourquoi Claire a-t-elle commis cet acte atroce ? Quelles sont les forces qui l'ont poussée au-delà des limites de la raison ?

Duras retranscrit trois entretiens liés à un sombre meurtre dans la banlieue parisienne. Elle adopte une approche subtile en laissant les protagonistes raconter leur version des événements telle qu'ils l'ont vécue, sans le filtre du recul.

Cette technique crée un sentiment de réalisme, d'authenticité. C'est une enquête policière pleine de suspense, de surprises et de frustration.

Duras est une grande dame, maitrise l'art de la suggestion, laissant des questions en suspens pour qu'on garde un sentiment trouble bien après avoir tourné la dernière page. Ses silences et les non-dits sont aussi puissants que les mots eux-mêmes.

C'est ciselé avec précision, comme souvent et, chaque mot est chargé de sens. Duras happe et nous fout dans un état où la frontière entre réalité et rêve devient poreuse.

Je trouve ça très fort de matérialiser un sentiment brumeux. C'est presque rien, mais c'est là quand même.

Et.

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Un écrit qui ne provoque pas beaucoup de réflexion de ma part...
Cela se lit rapidement. Les premières pages ne m'ont pas parus explicites mais la curiosité m'a fait continuer. Toute l'histoire devient rapidement claire mais sans réelle surprise. Pas désagréable à lire mais pas grandiose non plus.
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N°1845 – Mars 2024.

L'amante anglaiseMarguerite Duras – Gallimard.

Le roman s'inspire d'une histoire vraie malgré tout assez classique, une femme qui assassine son mari. Ce qui l'est moins c'est qu'elle le dépèce et précipite les restes dans les trains du haut d'un viaduc. Ici le ce thème est un peu transformé et tourne autour de trois personnages, Claire Lalanne qui assassine sa cousine Marie-Thérèse Bousquet, une sourde et muette qui sert de domestique au couple qu'elle forme avec son mari, Pierre, et à l'insu de ce dernier.
D'emblée Claire se dénonce comme l'assassin et est donc arrêtée. On sait donc depuis le début qui a tué, reste à savoir pourquoi. le roman cherche une réponse à cette question à travers trois entrevues. Un tiers, journaliste ou plus sûrement policier, interroge Robert Lamy, le patron du bistrot de Viorne, le village où vivent les Lalanne, sur les relations du couple avec Marie-Thérèse. Un autre entretien a lieu entre ce tiers et Pierre cherchant à cerner la personnalité de Claire qu'il considérait comme une folle et d'expliquer son geste, un troisième se fait avec Claire. de ces trois investigations il ne ressort vraiment rien si ce n'est une relation amoureuse ancienne et passionnée entre Claire et un homme et qu'elle regrette.

Je ne me suis pas passionnée pour ce roman, tout entier dialogué. Ce que je retiens c'est l'échec du mariage qui débouche sur la solitude des époux et la folie de Claire. Je n'ai pas compris le titre non plus, si ce n'est le jeu de mots (la menthe anglaise – l'amante anglaise !)
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Livre lu en classe de seconde, et qui reste à ce jour ma seule lecture de Marguerite Duras. La trame est des plus glauques: l'héroïne avoue avoir assassiné et découpé en morceaux sa cousine, mais tout au long du livre n'arrive pas à donner une seule explication à son geste. le livre est en cela très frustant, on ne connaitra jamais le pourquoi de la chose... Pa contre j'avoue que j'aimerai bien voir la pièce de théatre du même nom.
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Le roman de Marguerite Duras "L'Amante Anglaise" raconte l'histoire d'un crime. Celui que Claire Lannes a commis à l'encontre de sa cousine Marie-Thérèse Bousquet. Mais ce n'est pas le seul livre de Duras qui raconte cette histoire. le thème du crime horrible qui semble gratuit et la recherche de la vérité, des circonstances qui ont pu mener à un tel acte a d'abord été raconté dans "Les Viaducs de la Seine-et-Oise" en 1960 et sous une autre forme, celle d'une pièce de théâtre. Duras avait été inspirée par un fait divers macabre de 1949. Une femme avait tué son mari, découpé le cadavre et jeté les morceaux depuis des ponts de chemin de fer.
Ce texte a ensuite été repris par Marguerite Duras sous forme de roman, "L'Amante Anglaise", publié en 1967. Notons aussi que ce roman sera ensuite adapté au théâtre une nouvelle fois.

« L'Amante Anglaise » est un roman particulier parce qu'entièrement dialogué, au discours direct. C'est pour cela qu'il est souvent confondu avec la pièce de théâtre du même nom. Dans ce roman, trois personnages sont interrogés successivement par un interrogateur, journaliste ou chroniqueur, qui affiche clairement son but : comprendre le geste de Claire. Successivement, le lecteur découvre les versions du cafetier qui les a accueillis le soir de la révélation, la version de l'époux de Claire, Pierre Lannes, et celle de Claire elle-même.
Ils sont donc plusieurs à s'interroger sur les raisons de ce crime et alors que Claire, la femme meurtrière, devrait s'expliquer, on comprend qu'elle ne le peut pas.
Alors que l'on sait dès le début qui a tué, ce roman est un pur chef d'oeuvre, un suspense psychologique que j'adore. D'ailleurs, Duras a écrit : "mon héroïne est un écrivain qui n'écrit pas, elle bâti son meurtre comme une oeuvre, comme un livre : il est signé."

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Je ne peux pas m'en empêcher, quand j'entends « Marguerite Duras » je pense à Pierre Desproges et ce passage : «Oui, Marguerite Duras, vous savez, l'apologiste sénile des infanticides ruraux… Marguerite Duras, qui n'a pas écrit que des conneries. Elle en a aussi filmé. Mais c'est vrai, quel étrange cri : Hiroshima, mon amour. Et pourquoi pas Auschwitz, mon loulou ?». (rires) Bref.

Je n'avais pas jusqu'ici eu le loisir de me plonger dans une oeuvre de l'écrivaine et c'est tout de même un manque que je m'emploie à combler. L'amante anglaise est un roman construit sous la forme d'un dialogue entre un mystérieux interrogateur (journaliste ?) et trois protagonistes impliqués dans un crime sordide. Inspiré d'un fait divers, ce récit porte déjà en son sein la pièce de théâtre qui en découlera. Marguerite Duras creuse ici la question du pourquoi dressé contre la raison.

Il faut laisser le dialogue se dérouler pour tenter de comprendre, même si factuellement les zones d'ombres restent comme telles. L'énigme résiste, se loge dans les plis de l'existence, aux creux d'un quotidien sans saveur, sous la poussière d'un amour éteint, ou disparu. Pierre le mari s'applique à répondre, ausculte la routine des années, son mariage devenu indifférent. Mais les mots de Claire, eux, se dérobent, se perdent dans la commotion des pensées. Est-ce de la folie ? Elle s'épanche mais joue, esquive aussi. Quel est son mobile ? et l'aveu qu'elle a fait, était-ce un secret qu'elle ne pouvait plus garder ou un moyen de s'affirmer, dans ce petit monde étriqué et vide qui est le sien ? Mensonge, vérité, dérréalité. Difficile de trancher. Personnellement j'ai beaucoup aimé !



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Retour sur un fait divers : en décembre 1949 à Savigny-sur-Orge, une femme tue son mari puis découpe son corps en morceaux qu'elle lance ensuite, par petits bouts et en plusieurs fois, du haut d'un viaduc sur des trains circulant en-dessous. Les parties du corps sont ensuite retrouvées éparpillées un peu partout en France. Lors du procès de 1952, Marguerite DURAS s'intéresse de près à cette affaire. En 1960, elle en écrit une pièce de théâtre, « Les viaducs de la Seine-et-Oise », mais peu satisfaite du résultat, elle reprend son travail pour un roman intitulé « l'amante anglaise ».

Dans un bistrot de la petite ville de Viorne où a eu lieu un homicide, les clients discutent à bâtons rompus sur ce crime d'une vieille dame sourde et aveugle de naissance, Marie-Thérèse, survenu tout près de chez eux. Puis une des protagonistes, Claire, femme mariée à Pierre, souffle à l'oreille d'Alfonso, un ami, qu'il doit confier à l'assemblée qu'elle est la meurtrière de Marie-Thérèse. Elle a bien tué sa propre cousine, puis a découpé le corps sans vie dans la cave avant que les morceaux ne soient retrouvés sur des trains, un peu partout en France. Or ces trains sont tous passés récemment sous le viaduc de Viorne. Quant aux bouts de cadavres, une fois le corps reconstitué, il s'avère qu'ils appartiennent à une même victime, Marie-Thérèse. Seule la tête manque à l'appel.

Ce livre se présente en trois parties distinctes : la réunion improvisée au bar, suivie de l'interrogatoire de Pierre, mari de Claire, par une personne dont on ne saura rien, mais qui est précisément en train d'écrire un livre sur l'affaire de Viorne. La discussion sera enregistrée. La troisième partie est l'interrogatoire de Claire, la criminelle.

Dans ce roman assez bref, l'atmosphère est terriblement Simenonienne, à ceci près que l'on connaît d'ores et déjà la coupable (comme dans Columbo), que le décor est absent, le scénario se concentrant exclusivement sur les dialogues. le style est minimaliste, dépouillé, froid et distant. L'intervieweur posent des questions précises auxquelles Pierre puis Claire ont parfois du mal à répondre. le climat est spongieux, humide alors que le livre s'écrit peu à peu par le personnage posant les questions.

Claire et Pierre sont mariés depuis 24 ans. Marie-Thérèse, la défunte, cousine de Claire, travaillait et vivait chez eux depuis 21 ans. Quel est le mobile ? Mieux : y'en a-t-il un ? Au fil de l'histoire, certains masques tombent, Pierre puis Claire se confient par petite touches. Comme chez SIMENON, l'exercice psychologique est minutieux, cruel. Claire a aimé jadis du côté de Cahors, mais y'a-t-il un lien entre ce passé et le crime ?

Toutes les questions que nous nous posons n'obtiendront pas de réponse. Mais le but n'est-il pas ailleurs ? N'est-il pas de mettre l'accent sur un vieux couple fatigué, sans passion, dans lequel l'épouse passe pour folle ? Son but ne serait-il pas de braquer la caméra sur la condition de la femme dans la société française de l'après-guerre ? Un crime ne résout rien mais il est l'achèvement d'une vie détestée pour laisser place à une existence inconnue, celle d'accusée. Les dialogues sont âpres, parfois violents : « Je savais bien qu'on ne sauve pas quelqu'un qui se fiche d'être sauvé ou non. Je l'aurais sauvée de quoi ? Je n'ai pas de préjugés contre les putains ou les femmes qui font la vie ».

Ce texte fort se lit lentement, il est une sorte de faux roman policier où le fait divers et l'enquête ne sont que prétextes à des questionnements plus universels. Marguerite DURAS se moque de l'environnement de ses personnages, elle les laisse évoluer sans cadre ni agencement, comme livrés à eux-mêmes sans rien à se raccrocher. Quant au titre mystérieux, il vous faudra vous armer de patience pour en connaître la véritable signification. Un superbe texte sur le naufrage d'un couple et son achèvement par un geste inouï et définitif.

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