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Critique de scaramouche66
Ce recueil de Xavier Derringer est jubilatoire, grande voix du théâtre français, l'auteur s'amuse de façon exacerbée à versifier, en utilisant la forme poétique des haikus, pour nous livrer une vision acerbe et ironique de notre société. Mais au lieu d'un regard global généraliste, il détourne la poésie pour "filmer" le quotidien au raz du bitume, se servant des mots comme d'une caméra, nous projetant dans un monde réaliste, trouble et souvent violent, cette manière de faire de la rhétorique poétique de trottoir en transformant les vers en témoin voyeur est totalement jouissif et perturbant à la fois, car, en introduisant le lecteur dans un univers où il côtoie les vendeurs de drogue, les consommateurs de substances illicites, les règlements de compte, la jungle urbaine et son décor interlope, l'auteur franchi un palier dans la poésie, rejoignant les rappeurs et les slameurs aux codes similaires. Cependant, ne résumons pas l'ensemble du recueil à cette atmosphère, l'amour, le sexe, les relations de couple sont aussi omniprésentes sous des formes caustiques, provocatrices et licencieuses, elles aussi très voluptueuses. Plane également sur ce récit poétique, des interrogations spirituelles, l'art théâtral, des situations cocasses, avec toujours ce fil rouge d'un humour désinvolte, empreint d'une liberté de pensée universelle, où les textes sont comme une claque, un cri à scander, à jouer sur scène devant un public halluciné.
