AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eric76


Un vrai candide, ce Thomas ! il faut le voir visiter avec des yeux de Chimène la Rugénie, cet ex-pays imaginaire du bloc de l'Est réputé pour ses réformes progressistes préconisées par Stepan Gloss, star mondiale incontestée de l'économie. Il m'a tout de suite fait penser à ces communistes de l'ancien temps qui revenaient d'un voyage organisé dans les pays de l'Est envoutés, émerveillés, subjugués, groggys, comme s'ils avaient touché le paradis du bout des doigts. On connait la suite.
Benoit Duteurtre nous sert "une belle fable contre-utopique et s'amuse à brocarder le monde moderne". Car la Rugénie, c'est chez nous. C'est la description ironique et désabusée des fondements de notre société poussés à l'extrême : une société qui déréglemente son économie et règlemente, voire enrégimente la vie des citoyens. En Rugénie, l'économie, au nom de l'efficacité, agit sans contraintes, sans entraves, tandis que l'Homme, au nom de l'écologie et des minorités triomphantes, voit sa vie contrôlée, codifiée, endoctrinée. Dans ce drôle de monde, l'avenir du mâle blanc, hétérosexuel et carnivore, qui n'a jamais rien demandé à personne, qui n'est ni pire ni meilleure que les autres, n'est pas franchement radieux. Si encore le pays marchait bien ? Mais derrière les belles vitrines, les discours grandiloquents, les déclarations de principe, les grandes envolées lyriques, on voit un pays en pleine panade, totalement désorganisé, déboussolé. Pire que tout, on assiste à l'installation insidieuse d'une douce dictature de la pensée. Des forces conservatrices entravent pourtant la marche du pays vers son avenir glorieux. Mais comment s'étonner que beaucoup, rebutés par ces nouvelles normes imposées, se tournent vers le passé comme unique viatique ?
Une question s'impose et ce livre a le mérite de nous la faire poser : sommes-nous si éloignés de ce schéma ?
Un livre intéressant qui nous oblige à nous positionner de manière amusante sur des questions essentielles de société, car notre pauvre Thomas, durant ses pérégrinations cocasses, ira d'étonnements en désillusions. Dommage que l'histoire s'achève en queue de poisson.
Merci, merci, trois fois mercis à Babélio et aux éditions Gallimard pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de l'opération masse critique.


Commenter  J’apprécie          884



Ont apprécié cette critique (77)voir plus




{* *}