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EAN : 9782956366621
249 pages
Les éditions AE (08/12/2023)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Un livre où tout se passe dans le milieu scolaire.
Tout d'abord, un polar bien noir, glaçant qui interroge sur la sécurité précaire des établissements scolaires.
Ensuite, une série de 24 brèves de professeur, légères et humoristiques pour détendre l'atmosphère pesante installée par le premier récit.
De quoi passer des larmes aux rires sans quitter l'école.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"23 petites minutes" ou l'anecdote qui change de catégorie !
auteur Jérôme DUTOT, 2023.

Comment ? de la mauvaise foi ou de l'astuce de ma part, si je vous recommande chaudement de ne pas vous précipiter de lire l'essentiel du récent ouvrage 23 petites minutes de Jérôme Dutot ?! Tout d'abord je vous encourage vivement de vous le procurer pour les 52 dernières pages du livre qui en comprend 248, sommaire compris, hors couvertures. Oui cela ne représente qu'un quart du livre mais ces Bref qui finissent son propos « sur une note plus joyeuse » sont constitués de « quelques anecdotes humoristiques » et plus loin dans ses « Remerciements », il les précise « anecdotes quotidiennes » comme pour sa sélection de « perles » d'élèves, qu'il sait transformer en véritables bijoux d'écriture. L'auteur par humilité et sincérité concède là une inspiration puisée dans une série télévisée éponyme d'un certain K. Khojandi, dont il reconnait être un grand fan. Jérôme ne s'oublie pas quand il nous engage à la fin de son chapitre titré « Mais… pourquoi ? » à lire les 24 courts textes en clôture du livre qui, pour son titre et son principe, rappelle les fameuses Brèves de comptoir de J-M Gourio. Raconter des anecdotes d'un quotidien scolaire, c'est un peu « juste » pour faire un livre ou un 4-livre ? je vous répondrais que leur ton est si juste, que les événements s'enchaînent avec tant de finesse et de cocasse qu'on y prend beaucoup de plaisir, que l'on devine ou comprenne après coup avec le dévoilement du Bref en dernière ligne le contexte, la situation, le moment particulier mais qui fait retour dans le métier du professeur des écoles. Et qui sait si cette finesse et ce bonheur au fil des jours et des cours ne vont pas susciter des vocations professionnelles et professorales ? Joie communicative ! On se représente tellement ces saynètes décrites et dialoguées avec vivacité et un sens efficace de l'ellipse et de la formule que l'on sourit, rit et que le lecteur est projeté dans la classe et apprécie la bienveillance et l'ambiance de travail et de créativité induites par ces pages dynamiques qui révèlent aussi la diversité des activités d'une profession ainsi que toutes les qualités et compétences requises ou à acquérir pour accomplir ce métier, très souvent né d'une vocation initiale, un désir de transmission, un plaisir d'éveiller les esprits.
Alors on pressent peut-être comment le trois-quarts-livre que constitue la longue nouvelle donnant son titre à l'ensemble a pu s'imposer à l'auteur passionné par son métier, confronté aux nombreuses missions s'ajoutant par strates au fil des réformes jusqu'à se sédimenter en charges mentales, comme aux défis de la sécurité d'une classe et d'une école et à la réponse de tout un corps qui tente de s'adapter aux risques en proposant… une conduite à tenir en cas d'intrusion d'individus à visée terroriste. Les sept pages adressées à ses « Chers lecteurs » explicitent comment la fiction brutale est née, « en plus de toutes les charges de l'éducation » de l'installation effective de « protocoles de sécurité » des « exercices d'évacuation » et des « mesures de prévention ». On ne peut qu'adhérer à cette mission clairement formulée par l'auteur de proposer aux enfants « un avenir éclairé face à l'obscurantisme de plus en plus présent », mais que d'effrois suscités déjà par ces exercices, que de questions sur les limites de ces mesures et des questions posées par les élèves, de naïveté et de bon sens, et questions qui continuent à trotter, courir, s'emballer et imaginant ce roman vrai « vivant la situation avec différents états d'esprit », peut-être pour tenter de trouver des solutions en cas de survenue du danger le jour j, et cette imagination comme un cauchemar éveillé fait apparaître les situations, les objectifs, les parades, les obstacles, les impondérables et les comportements de toutes et tous dans un réel fantasmé et qui permet de se confronter quelque part à la violence.
A la fin de l'exercice il n'est pas passé à autre chose. Son cerveau a continué de travailler, de voir, de se représenter, d'imaginer. On peut se dire qu'il est entré dans la peur et son obsession et que c'est roue libre qu'il avance ainsi. Et certes c'est difficile à vivre que de demeurer dans ces pensées, mais c'est à l'honneur de l'instituteur qui prend au sérieux l'exercice autant que la menace et réfléchit à de réelles solutions au fur et à mesure que les scénarios induits par les risques réels amènent à la conscience le champ des possibles des actions et des réactions. du reste est-ce encore un exercice, est-ce aussi un jeu d'épreuve, une imagination laboratoire de l'action ? L'imagination mise en oeuvre dans la nouvelle terrible de notre auteur s'appuie sur une quantité incroyable de sensations, de choses vues, d'éléments corporels, gestuels, d'échange de répliques, de situations concrètes qui ne sortent pas du hasard ou d'un esprit particulièrement fertile en récits abracadabrantesques mais de toute l'expérience emmagasinée par ce collègue qui a une représentation sensorielle sensible psychologique complète de son métier et des heures passées au travail. le récit est construit avec une efficacité redoutable où le minutage des situations et actions donne à la fois les titres de chapitres et un rythme dynamique palpitant, j'allais dire d'enfer, à l'histoire ponctuée par les portraits de cette galerie de personnages appartenant à différents ordres : des professeurs, des membres du personnel scolaire des surveillants à la direction, des élèves, petits et grands, des parents et les deux terroristes, dont les profils, les parcours sont rendus avec un ton neutre qui fait d'autant plus froid dans le dos -je vous laisse découvrir à quels moments ceux-ci retrouvent avec une fragilité leur part humaine. Quant aux moments insoutenables des assassinats commis par ces tueurs, la description de leurs méfaits est comme adoucie par les notations concernant les victimes, des descriptions objectives, sensorielles précises des impacts et des descriptions des ressentis en empathie, où le tragique et l'humour oeuvrent à tangence. Dans les "23 petites minutes" de Monsieur Dutot, plusieurs personnages, mineurs ou adultes, ont une sensibilité à fleur de peau par rapport à ces exercices, qui pour rappel d'une guerre au pays, tel autre présent naguère sur un lieu d'attentat réel…
Y a-t-il des héros dans cette histoire, d'un réalisme, avec cette compréhension que les pouvoirs des superhéros dans les films de genre ne leur sont pas accessibles, tous ceux et toutes celles qui ont osé trouver des solutions inopinées pour barrer le chemin des terroristes ou les neutraliser. Parmi ces personnages, l'un particulièrement me plaît, une vieille enseignante... le mot anecdote peut faire le lien entre les deux parties du livre : Bref livre des « anecdotes humoristiques » sur la pédagogie au jour le jour, à la situation la situation et 23 petites minutes dans son chapitre « 8h50 » comporte cette phrase : « Cela relève de l'anecdotique » qui concerne un détail qu'un personnage de l'école aurait pu relever et qui aurait peut-être changé le cours de cette histoire. Un tel récit est autant affaire d'éléments macro que de détails à gérer ou à comprendre et qui peuvent hanter un cerveau tentant de programmer aussi bien un braquage qu'une parade d'attentat, de construire un polar, d'enquêter pour résoudre une affaire criminelle. le diable est dans les détails, dit-on, échapper à la mort peut tenir à l'un d'entre eux. C'est pourquoi la réponse à de tels problèmes de société passe par cette gestion de détails pour assurer la sécurité, au risque de créer une obnubilation de ces sujets sécuritaires, leur omniprésence écrasant jusqu'aux sujets pédagogiques et de générer des surcroîts de stress, au risque de passer d'une société visant à veiller les uns sur les autres, en étant aussi bienveillants que l'auteur du livre à une société de surveillance permanente et interactive. L'anecdote traitée, comme sublimée, permet aux deux parties du livre de changer de catégories : ici un traité de pédagogie active, vive, humaine, là un traité de sécurité en mouvement, en attentions et à compléter.
La réponse aussi passe par d'autres champs des possibles : les solutions d'ensemble où l'éducation appliquée à toutes les classes de la société et à tous les pays et pour toutes et tous, novatrice, civilisatrice, libératrice, respectueuse, a un rôle immense, décisif à jouer. Les vues en ce sens de Victor Hugo -1847, «Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.» demeurent d'une actualité criante. Ajoutons-y le rôle pionnier des solutions intergénérationnelles dans tout ce qu'on peut mettre en place avec tous les «Stop à l'isolement» du monde pour d'autres possibilités d'expression que la violence et vous verrez que la société peut aussi cheminer vers la douceur, l'échange, la création, la culture, la force des propositions et des rêves et le partage : poèmes ou récits, dessins ou tableaux, écoute, don, solidarité, connaissances, émerveillement, action, livres, films, jeux, chemins, entraide. Bref, que les espoirs ont encore un avenir.
Laurent Desvoux-D'Yrek à Paris en janvier 2024.
**

Lien : https://www.verbepoaimer.can..
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𝐀𝐭𝐭𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐚𝐮 𝐜𝐨𝐮𝐩 𝐝𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫❤

𝐁𝐨𝐧𝐣𝐨𝐮𝐫,

Voici mon retour sur un roman court mais très intense, qui est un nouveau coup de coeur : 𝟮𝟯 𝗽𝗲𝘁𝗶𝘁𝗲𝘀 𝗺𝗶𝗻𝘂𝘁𝗲𝘀 de @jJérôme Dutot Auteur , que je remercie pour sa confiance et son envoi en numérique.

L'histoire se déroule dans une école du 15è arrondissement de Paris, les niveaux vont de la maternelle au lycée. On y découvre la vie quotidienne de Ahmad, 20 ans, surveillant, Maxime, chauffeur de bus, Antoine prof et père de Justine élève dans l'école et de Stéphane Magnard, Mme Béru, secrétaire au lycée, Sandra, Maya, et tant d'autres. Toutes ces personnes ne se doutent pas que leur journée va tourner au drame.

Qu'est-ce que représente 23 minutes dans une journée ? Un temps court que l'on peut utiliser à tout et n'importe quoi, ça passe tout simplement, mais pour les protagonistes de cette histoire, cela peut leur sembler très long.

5 h 30, c'est le titre du 1er chapitre, le début de l'histoire. Elle est rythmée par des horaires, un décompte, et des chapitres courts, ce qui rend la lecture addictive et angoissante, car le quotidien fait place à l'horreur.

L'auteur nous donne l'opportunité de faire la connaissance des protagonistes, de tout âge, dans leur intimité, sur leur lieu de travail ou à l'école, alors qu'en vient l'heure fatidique, ça fait mal, l'horreur frappe partout, n'importe comment, n'importe qui, durant 23 minutes. C'est terrifiant et là, les larmes coulent, sans cesse. Je suis dedans, j'ai peur, je suis en apnée, jusqu'à la fin.

Jérôme, de sa plume fluide, nous fait vivre de l'intérieur un drame terrible, qui est une fiction dans ce récit, mais qui malheureusement fait partie de notre réalité. Les scènes sont décrites avec simplicité et réalisme, ce qui rend ce roman tellement poignant. L'humain peut se montrer bon, mais aussi pour des raisons obscures, terriblement mauvais, diabolique et accomplir des actes qui dépassent l'entendement.

J'ai ressenti beaucoup d'émotions, de la détresse, de la tristesse, de l'impuissance, comme durant les événements de 2015 et 2016, mais aussi de la haine envers cet homme qui a été endoctriné, et qui réalise bien trop tard, que ce qu'il fait est un acte cruel et inutile.

Ce roman m'a fait froid dans le dos, et m'a fait réfléchir. L'auteur nous explique, ensuite, pourquoi il a écrit ce roman, combien, il avait besoin d'un exutoire. Il termine sur une note humoristique, en nous partageant des anecdotes vécues, drôles et tendres, concernant ses élèves, ça fait du bien après cette lecture.

C'est pour toutes ses raisons, que je vous recommande cette pépite.

À bientôt pour une nouvelle chronique.
🅽𝐚𝐭𝐡 (◍•ᴗ•◍)❤

INFO : pour vous procurer le roman de Jérôme, contactez le en MP, ce roman est au prix de 11 € + frais d'envoi.
Lien : https://www.facebook.com/pho..
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