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Critique de FunamBulle


Quelle déception. J'en attendais tant, à la lecture des critiques de ce site. Qu'il m'a été difficile de finir cette lecture. Je ne sais trop comment un tel décalage existe. Peut-être que grandir en compagnie de Luigi Pirandello ("Six personnages en quête d'auteur"), Beckett, Ionesco ou le chef d'oeuvre trop méconnu du cinéma français "Des nouvelles du bon Dieu" (Didier le Pêcheur, 1996), m'a quelque peu habitué à ce que les personnages ne s'échinent à entrer dans la vie de leurs auteurs, puisque je me jette toujours sur ce genre d'univers (plus tard, "L'Incroyable destin de Harold Crick" 2006), "Elle s'appelle Ruby" (Jonathan Dayton & Valérie Faris, 2012)). Bref, habitué à cette intrigue, je n'ai pas été séduit outre mesure. J'y ai vu un exercice de style que j'apprécie, rien de novateur, et surtout, une qualité bien en-dessous des références citées.

Tout d'abord, je n'ai pas du tout accroché au dessin de Florent Calvez, qui me semble daté (je l'avais trouvé plus inspiré dans "American tragedy - L'histoire de Sacco & Vanzetti"), mais ce parti-pris colle certainement à son idée de Molière. C'est un point de vue qui se défend tout à fait, je le conçois. Mais je l'ai franchement subi.
Tout en tentant le réalisme, son trait me semble cependant artificiel, je n'y ai pas adhéré. Les villes sont rectilignes, les rues même pavées semblent lisses, les murs sans aspérités, les sols sans cailloux, les parquets sans poussières, les bureaux sans foutoir, les eaux sans vagues, bref, tout est propre et rangé, dans une époque où l'hygiène n'était pourtant pas une priorité. C'est dommage, ça ne participe pas à nous immerger dans ce monde, on en reste extérieur, le lecteur d'une bande dessinée, au lieu de la vivre.
De même, l'action est ankylosée par ce trait, on ne sent pas le mouvement d'un Franquin, la vivacité d'un Christophe Blain, une bataille prend ici l'allure de positions figées, je n'y crois pas du tout.
Qu'ils discutent ou s'écharpent, les expressions sont les mêmes. le dessin a été un premier frein.

Peu importe, le scénario est là pour accrocher les ronchons de mon acabit ! Oui, sauf que j'ai trouvé l'écriture laborieuse et explicative, toujours dans l'argumentaire, ça ne sonne pas comme un échange, il n'y a là rien de vivant, rien de vivace. Ça bavasse sans avancer, en dehors du valet, on ne sent aucun langage particulier, tous sont lissés. On sent parfois une tournure à l'ancienne pour donner dans le phrasé de Molière ou la citation, mais qui dénote, sonne faux et tombe à plat. Je me suis ennuyé ferme et ne comprends pas les éloges faits sur Babelio.

Force est de constater que malgré tout, il y a de l'originalité dans l'intention, le synopsis est alléchant (la réalisation moins). L'ambition initiale est brillante et le travail derrière est criant. Les références sont précises, les pièces savamment mêlées, les faits historiques bien exploités. Dommage qu'on le sente, que tout tourne au laborieux, fabriqué. Ça sent l'exposé du collège, collant à la biographie, ne s'échappant pas du carcan de l'Histoire.

Je me dis cependant, que si j'avais lu ceci dans mes années collège, il y a fort à parier que cela aurait d'autant plus aiguisé mon désir de théâtre (ce fut le cas), je me serais jeté sur les oeuvres de Molière en tout sens pour lire et relire cette BD, comme un appui à son oeuvre. Je suis persuadé qu'il y a là un déclencheur, un détonateur positif pour s'y mettre, cet ouvrage est un véritable passeur d'art et c'est déjà une noble ambition réalisée ! L'ouvrage mérite amplement d'être étudié à l'école (c'est tellement scolaire à mon goût) et a tout de même suscité chez moi l'envie de relire Molière. Ce n'est donc pas rien !
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