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Critique de BandiFuyons


Tony Duvert est hanté : je le lis. Et je l'aime bien. Tant pis pour lui.

C'est tout le paradoxe de ce livre : l'aimer même si lui ne nous aime pas.

Et Duvert le dit dans le titre,"Malveillant" n'est pas volé. L'anti-préface résume à elle seule toutes les exquises crasses de cet abécédaire "Aussi ont-elles le sort des filles rondes, ou des garçons qui n'ont qu'un sexe épais : on y cède chez soi, on ne les avoue pas en ville".

Doux plaisir pour langue de vipère.

C'est parfois agréable d'aller fouiller dans les bas-fonds de l'âme humaine. Quand on en ressort, on se réjouit de savoir qu'il existe bien plus névrosé que soit.

Mais il reste cette image, toujours percutante aujourd'hui, sur la virilité. Celle qui tue. Surtout les classes populaires. Celle des bars, des coups et des bagarres. Celle de la force, de la vitesse et de l'Ivresse. Celle des accidents, des tonneaux, des dérapages. Rien de malveillant. Une vérité plutôt douloureuse :

V. Virilité.

"Les garçons pauvres des banlieues sont humiliés, sont offensés.

La classe dominante, par ses chiennes nazies quand ils sont enfants, par ses flics et ses prisons plus tard, leur fait ouvertement la guerre. Par ses télés, ses radios, ses pubs, ses chansons et ses films, elle les conditionne à se venger en se livrant à la violence : mais seulement entre eux et contre eux-mêmes. Bagarres du samedi, exploits désespérés à moto, en voiture. Il faut être viril.

Ces jeunes hommes se tuent. Sur les routes, on récupère les corps, vigoureux et beaux. On greffe leurs coeurs de vingt ans aux vieillards de la classe dominante.

Les banlieues prolétaires sont des fermes d'organes au service de la bourgeoisie".

On peut maudire en souriant certains passages, celui-là écrase tous les autres.

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