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Critique de vibrelivre


La Rose dans le bus jaune
Eugène Ebodé
roman, 2013, 310p
Continents noirs Gallimard



Eugène Ebodé est né à Douala, au Cameroun, au commencement de l'année 1962.
Dans ce roman, il retrace les moments forts de la vie de Rosa Parks, et notamment celui où elle refusa de céder sa place à un passager blanc, ce qui lui vaut cette périphrase : la Rose dans le bus jaune. C'est Rosa, âgée de 94 ans, qui raconte son histoire.
Elle ne la céda pas effectivement par fatigue, mais surtout une fatigue morale, le chagrin de ne pas pouvoir enfanter. En 55, année des événements, elle a déjà 42 ans. Le Blanc ne l'est pas véritablement, même s'il s'appelle White, du nom du second propriétaire de son arrière-grand-mère. C'est un métis, né d'un père métis et d'une mère blanche. Dans son enfance, il a connu la ségrégation entre ses frères et soeur café au lait, et lui, Blanc de peau. Son aïeule, qui travaillait dans une plantation, a été violée par son maître blanc et fervent luthérien ! White apaise sa souffrance en mangeant des bonbons. Il a dans les 25 ans, est obèse, aime sa tranquillité, aussi ne dit-il rien quand le chauffeur et la police obligent Rosa à sortir du bus. Elle est arrêtée pour violation de la loi sur la ségrégation dans les bus.
L'afro-américaine Rosa Parks a fait des études. Sa mère, institutrice et progressiste, l'y a encouragée. Elle a un diplôme de psychologie. Elle est mariée à un barbier. Après avoir travaillé à Maxwell Air Force, à Montgomery en Alabama, où la mixité ethnique est autorisée, elle trouve un emploi de couturière en ville pour se rapprocher de sa mère malade et la soigner. Elle milite pour les droits civiques avec son mari à la NAACP, l'organisation nationale pour l'amélioration de la condition des gens de couleur. Elle est profondément chrétienne, elle fréquente l'église baptiste, dont la doctrine est de faire confiance aux autres, où officie, à sa demande, le jeune Martin Luther King qui vient de Géorgie et aurait pu exercer ses fonctions dans un état du Nord. Il est surnommé Wonderboy, elle l'admire, elle aussi. Il envoûte, de sa voix et de ses mots, ses fidèles qui répondent en choeur à chacune de ses questions, Yes, sir ! selon la coutume selon laquelle, dit un Africain, pour transmettre la connaissance, nos orateurs et nos conteurs ont toujours le besoin de savoir si leur auditoire les soutient ou les a abandonnés.
le procès de Rosa Parks donne lieu au boycott par les Noirs des bus jaunes au liseré vert, qui durera plus d'un an, pour que soit abolie la loi sur la ségrégation dans les transports. Rosa Park n'est pas la première à avoir refusé de sortir du bus pour y remonter par l'arrière où les Noirs ont la permission de s'asseoir. Ce boycott malmène l'économie de l'entreprise de bus, les commerces, la police locale qui va avoir maille à partir avec le FBI et le redoutable John Hoover. Il exacerbe la haine du Ku Klux Klan, dont les membres n'hésitent pas à lancer des camions contre les marcheurs. King professe la non-violence.
Rosa Parks devient l'icône du boycott. Si elle reste modeste, elle est contente d'oeuvrer pour le futur, et prend de l'assurance quand on lui demande de parler. Elle perd son boulot, reçoit des injures, et des cadeaux piégés, comme un crotale, des scorpions. Les préjugés mesquins fusent : elle couche avec King qui couche avec d'autres, car « Un nègre, un vrai, peut-il se contenter d'une seule femme, hein ? », le professeur d'université, Jo Ann Robinson, la Blanche progressiste, a couché avec des singes. Mais Rosa poursuit la lutte, le but est d'y arriver, comme Helen Keller, qui sourde, muette, aveugle, à la suite d'une congestion cérébrale, entre à l'université, modèle de détermination.
Douglas White Junior, que l'affaire du bus tracasse, rend visite à Rosa. Elle lui fait découvrir les réalités du monde, l'initie à la lecture qui, dira-t-il ensuite, est la chirurgie de l'âme.
le livre a beau être un roman, il n'échappe pas à certaines pages didactiques, qui font réfléchir à la question noire, la traite, le problème de Noirs qui ont vendu d'autres Noirs, l'Afrique comme terre de l'abandon, que deux Afro-Américains rejoindront, dont Douglas White Junior. Les quelques phrases en anglais sont-elles utiles ? Cependant, ce livre relate, avec la rébellion non préméditée de Rosa, que Mandela voulut saluer à sa sortie de prison, et l'effervescence d'un mouvement qui mobilisa beaucoup d'énergie, fit prendre conscience de l'injustice des lois raciales, et rassembla énormément de personnes, Noirs courageux et Blancs progressistes, tout un pan important de l'histoire des Etats-Unis, et de l'histoire des hommes, qu'il s'agit de ne pas oublier pour que : ain't gonna cry no more.
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