Attiré par les comptes rendus de “Vie de Gérard Fulmar” qui venait de paraître, j'ai procédé comme souvent avec des auteurs réputés : lire un autre de leurs livres. Ce serait donc “
Cherokee”, sur les conseils de ma libraire préférée.
La quatrième de couverture, qui reproduit une lettre de
Jean-Patrick Manchette, m'avait conforté dans mon choix. le fait est que, par bien des aspects, “
Cherokee” pourrait ressembler à du Manchette. Mais ce ne sont que des apparences. Certes, le style souvent concis et fleuri, les personnages façon roman noir, le déroulement de l'intrigue rappellent l'auteur de “
La position du tireur couché” (un de mes romans-cultes). Sauf que
Echenoz se moque de l'intrigue comme d'une guigne – d'où la qualification de “meta-polar” par Manchette. Et ce parti fonctionne, tant le rythme, les descriptions, les péripéties hautement fantaisistes soutiennent l'intérêt…
Cependant, dans le dernier quart du texte, j'ai ressenti une soudaine lassitude – quand les protagonistes convergent vers Grenoble, notamment. Soudain, il semble y avoir un aboutissement, une solution (partielle) aux mystères évoqués précédemment. Ce renoncement à l'absurdité m'a perturbé, et presque gâché le plaisir de lecture. Peut-être aussi ai-je fait une “overdose” de gratuité, ce méta-polar – plutôt un “non-roman” à mes yeux – finissant par déclencher une saturation du lecteur, ce qui nous ramène à la ”perplexité” de Manchette, à la différence près que lui la qualifie d'“enthousiaste”, le mien s'étant réduit à la portion congrue… Il reste la virtuosité du style, c'est indéniable. Mais cela suffit-il ?