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Critique de GeorgesSmiley


Personnages ectoplasmiques, intrigue minimaliste et Prix Goncourt. Avouons qu'on a là (notez dès à présent l'emploi du « on », si cher à l'auteur) tout pour déplaire.
Oui, mais… non. On est en présence d'un lecteur satisfait de sa lecture et avouant avoir beaucoup aimé le style, l'humour et ces contrepieds récurrents qui obligent parfois à relire la phrase dont on n'a pas su goûter la subtilité et l'espièglerie au premier passage : « ce n'était plus qu'une question d'heures avant d'être débarrassé de ce rival qui, l'objectif atteint, fit ses adieux au commandant et à l'état-major sur la passerelle puis, retourné dans sa cabine, ses valises. »
On a trouvé plaisant de se moquer, avec l'auteur, des amateurs et professionnels de l'Art moderne, de ces industriels ne sachant plus trop quoi faire de leur argent, ou de ces « artistes » peintres ou plasticiens « qui installait ça et là des monticules de sucre glace et de talc » ou se proposaient « au lieu d'accrocher un tableau sur un mur, il s'agit de ronger à l'acide, à la place du tableau, le mur du collectionneur : petit format rectangulaire 24 x 30, profondeur 25 mm. »
On se réjouit de ses descriptions urbaines qu'on soit à la terrasse d'un café, carrefour de l'Odéon, où « la vue est imprenable sur deux bouches d'une même station de métro », au cimetière d'Auteuil « devant (la tombe) d'un inconnu sans doute malentendant – Hommage de ses amis sourds d'Orléans, crie la plaque » ou bien encore à San Sebastian où on « aperçoit une femme au magnifique physique d'otarie, vêtue d'un maillot noir une pièce qui entre dans l'océan gris-vert… avance dans l'eau glacée jusqu'à ce que celle-ci lui arrive aux chevilles, aux genoux, au pubis puis à la taille à hauteur de laquelle, avant de se lancer dedans bras tendus devant, elle se signe et Baumgartner l'envie. Qu'est-ce qu'elle a de plus que moi pour faire ça ? Juste peut-être qu'elle sait nager. Moi non. le signe de croix je sais, mais nager, non. »
On s'en va divorcer sereinement car « le juge était une juge aux cheveux gris, à la fois calme et tendue, calme car croyant avoir l'habitude d'être juge et tendue car sachant ne jamais l'avoir prise. »
Tout ça, convenons-en, n'est pas très sérieux, pas de thèse puissante, pas de prêche moral si répandu dans la littérature française contemporaine. Impossible de se révolter, de compatir, de militer, de conforter ses opinions. Cela devrait être frustrant, c'est réjouissant.
L'auteur nous balade, multiplie les fausses pistes dont certaines n'aboutissent à rien. Son histoire, personne n'y croit vraiment, son personnage est à peine esquissé mais comment lui en vouloir quand le lecteur s'amuse en permanence, gavé de bons mots qui lui procurent tant de bons moments ?
Vous, je ne sais pas, mais moi (on est d'accord, le "on" devient vite fatigant quand on n'a pas le talent de l'auteur), Je m'en vais lire un autre Echenoz.
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