AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de bdelhausse


En refermant ces mémoires d'un rebouteux breton, j'avoue être très partagé. Côté pile, il y a plein d'anecdotes savoureuses, de clins d'oeil à une France profonde, de flèches décochées à l'encontre de la médecine "traditionnelle", de détails sur la France d'après-guerre et sur l'évolution de la société. Côté face, il y a un homme, assez imbu de lui-même, qui s'étale bien plus qu'il ne se dévoile.

Cet homme qui donne plein d'infos sur lui, ce qui permettra à des personnes l'ayant côtoyé de le réconnaître, me semble jouer les faux pudiques quand il est question de son identité. Il a embrassé de nombreuses carrières. Mais c'est là l'apanage des gens de sa génération. Prenez les mémoires d'un clerc de notaire, d'un rémouleur, d'un forain, d'un "peu importe" de cette génération et vous aurez des récits hauts en couleur. Car né en 1927, il a connu des crises et des guerres dans une France meurtrie d'abord et se reconstruisant ensuite.

Boucher par nécessité et opportunisme. Maquignon. Boxeur. Il a la bougeotte. Service militaire en Algérie, dont il parle finalement peu, si ce n'est pour vanter ses mérites au close-combat.

A de rares exceptions près, ces mémoires consistent à dire qu'il a tout bien fait et que "les autres" ont fait plein de choses pas correctes. Les femmes, notamment, qui récriminent quand il "invente" l'autocross et le stock car (qui existait hors de France, mais il s'en attribue quand même la paternité). Ses femmes aussi. Celle qui ne l'a pas attendu quand il était en Algérie. Les deux suivantes ont également droit à leur volée de bois vert. Seule la dernière, récemment épousée s'en tire à (plus ou moins) bon compte. Pourquoi tant de récrimination, tant de haine? Pour un homme qui parle de fluides, de flux, d'énergie positive... j'ai trouvé qu'il dégoisait et vomissait pas mal d'ondes négatives.

Idem par rapport aux médecins. Les seuls médecins acceptables sont ceux qui l'ont accepté comme un pair, comme un des leurs, voire comme supérieur. Non, vraiment ce monsieur rebouteux ne se prend pas trop pour le vulgum pecus.

Bien sûr, le titre annonce la couleur. Mémoires d'un rébouteux breton. Est-ce que j'attendais "mieux"? Pas spécialement. J'attendais "différent". Je ne suis pas fan des biographies. Celle-ci ne me réconciliera pas avec le genre. On annonce rebouteux... et on met plus de 100 pages sur 214 à aborder réellement la profession donnée dans le titre. C'est un peu court, jeune homme. Sur ce point, l'autrice est (à mon avis) prise en faute. On annonce quelque chose que l'on ne tient pas. Elle aurait dû filtrer, remettre en perspective, ajouter des infos, du sociologique, du sociétal. Ecouter quelque'un et reproduire ses paroles sans filtre, sans direction, c'est un peu facile.

La transformation de la société au cours de la seconde moitié du XXè siècle est essentielle. le rebouteux du livre insiste sur la dimension "médicale" de sa pratique. Mais il s'offusque d'être mal traité par le corps médical. Il faut rester humble, dit-il, dans la profession. Mais on est un peu dans la posture "faites ce que je dis, pas ce que je fais". On passe un peu trop vite sur le développement de la kiné, de l'ostéopathie, des médecines parallèles et de l'approche holistique de la médecine pour que j'adhère au récit. On retient finalement que ce monsieur est fier de ses cheveux et qu'il s'est promené avec un max de blé sur lui pendant des années pour empêcher que sa seconde femme ne lui chourave son artiche... Ce n'est plus vraiment d'un rebouteux que l'on parle... Ma cassette, rendez-moi ma cassette...
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}