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Critique de RedPanda


Je viens ajouter ma pierre à l'édifice des critiques positives de ce livre. Lire Reni Eddo-Lodge est nécessaire. Ce livre tire son origine d'un post Facebook où elle expliquait qu'elle mettait désormais des barrières, face aux réactions d'incompréhension, d'agressivité, de déni, de refus d'écoute, des blancs, lorsqu'elle abordait la question de la race, et de l'ensemble de discriminations qui y sont liés. "Comment pouvait-on dire que le racisme existait toujours, puisque les couleurs n'existaient pas ? / puisque la discrimination positive existe ?", lui opposaient ces personnes. Tout un ensemble de réactions violentes, l'amenant à refuser de continuer à discuter de cette question avec des personnes refusant de toute manière le dialogue et l'écoute, la remise en question et l'acceptation du vécu d'une autre. Au bout d'un moment, la nécessité de se protéger de ce genre d'actes devient nécessaire.

Puis, une chose en amenant une autre, les réactions jaillissant de toute part, un livre est né. Et ce livre est définitivement à lire, et une bonne chose qu'il existe.
Au cours de ces chapitres, Reni Eddo-Lodge revient sur les fondamentaux, ceux qui n'ont jamais été posé, et qui ont besoin d'être connus : l'histoire, tout d'abord. Rappeler le poids de l'empire colonial britannique qui a façonné une certaine vision des peuples colonisés, rappeler les vols de l'histoire, ces personnes dont l'impérialisme blanc a volé l'existence, rappeler les injustices criantes et révoltantes, et les évolutions de langage pour bien instituer une distinction entre les couleurs de peau et le sentiment d'appartenance à un pays. Rappeler aussi que le racisme existe toujours, et qu'il se manifeste dans toutes les sphères de la société, que ce n'est pas qu'un phénomène qui est cantonné aux Etats-Unis d'Amérique - contrairement à ce qu'on aimerait croire. Cela permet à Eddo-Lodge d'expliquer le concept de racisme structurel et de système raciste institutionnalisé, tout un ensemble d'éléments qui, mis bout à bout, expliquent les inégalités, les barrières à l'entrée des institutions, l'invisibilisation des problèmes et surtout favorisent l'acceptation du développement de discours extrêmement racistes (avec le fameux couplet du "qu'ils retournent chez eux" et autres fabuleux arguments qui fleurent bon le "nationalisme" puant et dangereux)...
Le système tel qu'il perdure, est à détruire. Ce système qui privilégie toujours les mêmes, ceux qui ont le pouvoir et qui se cooptent entre eux.
En parlant ensuite du féminisme, Eddo-Lodge aborde la notion d'intersectionnalité : les femmes noires sont à l'intersection entre deux systèmes d'oppression : le sexisme, et le racisme. Il faut donc en prendre conscience, accepter et reconnaître que les femmes noires subiront une oppression différentiée des femmes blanches, accepter et reconnaître que le privilège blanc existe et qu'il est nécessaire de lutter contre, tout comme il est nécessaire d'instaurer des espaces de non-mixité.

C'est un ouvrage très complet, très intéressant, qui suscite indignations, envies de mettre à bas un système d'oppression racial, qui puise ses bases également dans le sexisme et le classisme (le capitalisme, voilà l'ennemi, comme dirait l'autre), l'envie également d'en parler autour de soi, parce que la prise de conscience est nécessaire.
Je suis reconnaissante à Reni Eddo-Lodge d'avoir écrit ce livre, d'avoir accepté de continuer à parler de races, parce qu'il m'a donné des clés supplémentaires pour analyser le système et prendre mes distances à son encontre, parce qu'il m'a donné des arguments pour explorer ce sujet dans mon entourage et m'a permis de rendre visibles des choses que je ne voyais pas spécialement jusque-là.
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