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Critique de florigny


« Portrait d'un jeune homme remarquable, chronique impossible d'une génération révoltée souvent violente, La disparition de Philip S. est avant tout un roman émouvant, un hymne à l'amour ». (4ème de couverture)


Le jeune homme remarquable est Philip S. Issu d'une famille suisse riche et puritaine, à19 ans, il abandonne sa maison, son histoire, ses amis, et jusqu'au prénom que lui ont donné ses parents, pour se rendre à Berlin où il dépose sa candidature à l'académie du film.


La génération révoltée souvent violente, c'est celle de la fin des années 60 puis 70. Au cours d'une irrépressible explosion généralisée, dont l'un des détonateurs est la guerre du Vietnam, dans le Berlin alternatif, des étudiants se mettent en grève, s'organisent pour que tout, enfin, change : l'ordre bourgeois, la politique, la justice, la société de consommation, les conditions de travail, l'éducation, l'art. Commencent alors des années de bouillonnement intellectuel, de créativité dans tous les domaines, riches d'expériences inédites, d'espérance en un monde nouveau et surtout meilleur, sur lesquelles souffle très fort, voire violemment, le vent de la liberté. Ces années ont été également celles au cours desquelles certains ont succombé aux drogues, ou d'autres, dans un contexte sociétal propice, sont passés de l'idéalisme à la radicalisation politique, puis à la lutte armée. C'est l'histoire de Philip S.


L'hymne à l'amour, c'est celui qu'entonne Ulrike Edschmid pour son compagnon mort en 1975. Plus de 40 ans lui auront été nécessaires pour revenir sur leur douloureuse liaison. En 1967, elle est une jeune femme quittée par son mari, maman d'un petit garçon. A l'académie du film elle croise Philip S. Ils s'aiment, Philip S. aime le fils d'Ulrike. Mais imperceptiblement, à mesure que Philip S. trace une ligne claire entre lui-même et ceux qu'il considère comme ses ennemis, le fossé se creuse au sein du couple. Ulrike l'accompagne, aussi longtemps que ses forces et l'amour de son fils lui permettent. Philip S. abandonne progressivement tout ce qui dans son passé peut l'identifier, détruit les photos où il apparaît, possède des faux papiers, est armé, entre en clandestinité.  Ulrike subit les perquisitions, les filatures, les arrestations, la prison, les rendez-vous clandestins, jusqu'à se dire : “Je ne peux pas vivre dans une perpétuelle agressivité même si beaucoup de choses m'agressent”.


Le lecteur connait dès les premières pages l'issue inexorable de la vie de Philip S., abattu par la police le 09.05.75 à Cologne lors d'une fusillade, puisqu'il est connu et que sa mort a fait les choux gras de la presse. En conclusion, cette phrase prononcée par Ulrike : “Je ne l'ai pas retenu. Je n'avais rien à opposer à son renoncement, rien à mettre dans la balance, à part l'idée confuse que l'existence est une richesse, et qu'il faut croire en la possibilité d'une vie juste dans un monde injuste”.
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