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Critique de Calimero29


Minga, la narratrice, a 8 ans, quand sa mère fuit le domicile conjugal pour ne pas mourir sous les coups de son mari, pour ne pas mourir de désespoir; elle ne la reverra plus. Minga a soutenu sa mère lors de sa fuite et ne lui en a jamais voulu. quarante ans après, à la mort de son père, elle trouve des lettres de sa mère qui lui sont adressées et que son père a cachées. Elle part en Ouganda, dans le camp de Bidibidi, là où travaillait comme infirmière pour une ONG et où elle a disparu pour tenter de comprendre et de donner un sens à ces quarante ans d'absence.
Ce roman est centré autour de trois personnages féminins, très différentes les unes des autres mais dont les points communs sont les rêves fracassés et les corps détruits : Véronika, Jane et Rose mais qui espère encore un avenir meilleur. Véronika, vit dans le camp depuis sa création en 2016, avec son mari et ses deux fils; elle ne supporte plus son corps vieillissant, ménopausé, sans désir mais qui la protège de l'avidité des hommes. Jane a vendu le sien pour quelques pièces pour partir à la recherche de son fils dont elle a perdu la trace après un bombardement. Rose a vu les siens massacrés lors de la guerre civile, elle a été violée et a dû prendre une décision dramatique qui l'a détruite.
Le camp de Bidibidi existe réellement, l'auteure s'y est d'ailleurs rendue; il se situe au nord de l'Ouganda, à quelques kilomètres de la frontière du Sud Soudan; il a été crée en 2016 pour accueillir les réfugiés qui fuyaient la guerre civile après avoir survécu à la guerre d'indépendance. Il compte environ 300 000 personnes dont environ 70% sont des femmes et des enfants. Même si le roman nous donne à voir l'organisation sociale du camp avec sa violence, ses tensions, sa misère, ce n'est pas le propos principal.
Ce roman est un hommage à toutes les femmes qui subissent des violences, qu'elles soient dans l'intimité du couple ou de la famille ou lors des guerres dont elles sont les premières victimes, saccager le corps des femmes, c'est saccager un peuple, l'avilir. Hommage au courage, à la résilience de celles qui se relèvent, qui se battent pour se reconstruire. Hommage à la sororité de celles qui partagent le même sort et trouvent réconfort entre elles.
C'est un roman poignant, fort dont l'auteure rejoint ces écrivaines africaines comme Mariama Bâ, Hemley Boum ou Djaïli Amadou Amal, entre autres, qui savent si bien nous faire prendre conscience de la réalité des femmes africaines. Qu'elles en soient remerciées.

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