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Critique de mesrives


Années cinquante- Hellmo dans le Dasland, côte ouest de la Suède.
Gôran, âgé de 19 ans, fraîchement bachelier, arborant pour cette occasion la traditionnelle casquette blanche, débarque chez son oncle pour passer l'été  dans la ferme Stendalen .
« La ferme Stendalen était située au centre de la plaine où le vent du nord-est tourmentait, jour après jour, les arbres dépouillés. le sol était brun et gris. C'est seulement à l'abri du vent que pouvaient pousser de petits brins verts. Chez Göran, quand il était parti, le printemps avait déjà gagné du terrain et les jeunes filles se promenaient jambes nues. Ici, pour herser, les paysans portaient des gants de laine et des cache-nez. »

Considéré comme un étranger car il vient de la ville, Göran après avoir gagné la sympathie de sa cousine Sigrid, suscité la curiosité des jeunes du village (mais aussi les animosités), s'intègre peu à peu en partageant le quotidien des paysans dans les rudes travaux des champs…
Communauté rurale et solidarité : c'est à l'occasion d'une corvée entre voisins qu'il rencontre Kerstin, 17 ans, fille cadette d'une ferme proche .

La compagnie de Kerstin va lui ouvrir les portes de cette communauté : il participe avec elle aux activités de l'Association de la Jeunesse : préparation de la Fête de la Saint Jean (représentation théâtrale, concert musical), de la Fête de l'été , construction de la ferme communale où les jeunes pourront se réunir, et se livrer à des activités culturelles (bien qu'un demi litre ou trois quart d'eau de
vie n'en effraient plus certains).

Göran d'abord dédaigneux, méprisant mais aussi concupiscent, papillonnant de jeunes filles en jeunes filles, s'éprend de Kerstin
« Le dimanche, il y avait un goûter chez les voisins, Göran n'avait d'abord pas eu l'intention d'y aller. Puis, il changea d'avis. Quelle importance Kerstin pouvait-elle bien avoir ? Toutefois , cela l'amuserait de voir comment c'était chez elle. »

C'est l'histoire de cet attachement douloureux et heureux que nous conte Per Olof Ekström : deux univers qui se confrontent, deux mondes que tout séparent : une fleur des champs cueilli par un loup des villes.
Après s'être débattu contre les différences sociales (il est fils d'ingénieur, et doit à l'automne intégré l'Université), Göran va devoir lutter contre le poids des représentations religieuses véhiculées par le pasteur et ses ouailles, véritables freins à l'épanouissement des sentiments de Kerstin et de sa quête spirituelle.
Le pasteur met en garde la communauté :
« Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis, mais qui au dedans sont des loups ravisseurs... »

Contre toute attente, éperdument amoureux, il en viendra à tenir tête à son père pour trouver son propre chemin.

Un roman paru en 1952 (publié en France en 1957 ) qui témoigne d'une transmutation d'une amourette, d'un amour de passage vers un amour fusionnel et passionnel. Une histoire universelle dont le décor peut-être interchangeable : celle des premiers émois amoureux.

Mais laissons la parole à l'auteur dont la traductrice Lena de Faramond rapporte les propos dans l'introduction de Elle n'a dansé qu'un seul été :
« Mon intention n'a été que de conter une histoire qui m'a captivé. Mon livre n'est ni un récit photographique de la réalité, ni davantage un roman à clefs. Les événements qu'il relate auraient pu se dérouler partout dans notre pays où un tel conflit entre la joie spontanée de vivre et la peur pessimiste de la vie reste encore possible. On pourrait dire à la rigueur que j'ai voulu attaquer ce pessimisme et cette intolérance qui, chez l'être humain, s'attachent comme une ombre à toutes les formes de raisonnement où intervient le coeur. »

Dommage que la quatrième de couverture s'intéresse plus à l'adaptation cinématographique de Arne Mattson (sortie en 1952 et qui remporta l'Ours d'Or à Berlin) qu'au roman car cela me semble un peu réducteur . le film qui a eu beaucoup de succès même s'il a fait scandale (l'actrice se baigne nue dans un lac…) a du faire de l'ombre au roman.

Une lecture très agréable que je dois à une bonne pioche sur l'étal d'un bouquiniste lors d' un week-end de Pâques... car ce titre semble difficile à se procurer même d'occasion.
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