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Critique de denisarnoud


nita vient d'accoucher d'un petit garçon, Orson, elle est épuisée, on lui pose l'enfant sur le ventre, elle ne ressent rien. La fatigue sans doute. le bonheur sans partage de serrer ce petit être tout contre elle viendra sûrement dès qu'elle sera reposée se dit-on. Mais non.


"Il est attendu que je m'extasie.
Rien ne m'émerveille.
Je guette l'instant, millième de seconde, où je serai secouée, transportée, convertie. J'attends que l'amour maternel tombe sur mes épaules comme l'amour du Christ en une colonne de lumière de joie irradiante.
Mais rien.
Je suis seule, chair corrompue et vide."


le temps passe et les choses ne s'arrangent pas. Orson met les nerfs de sa mère à rude épreuve, il pleure, il se souille, il a faim. Anita ne sait comment réagir, elle n'est pas armée pour faire face à la situation, elle perd les pédales.


"Le bébé pleure. je ne parviens pas à le calmer. Ses cris bourdonnent, s'amplifient dans ma boîte crânienne. Les battements de mon coeur s'accélèrent. Ma peau se couvre d'une pellicule de sueur.
Je le pose éructant, dans son berceau, allume le mobile musical sur une ritournelle sirupeuse et claque toutes les portes. J'enfonce des bouchons en mousse dans mes oreilles."


Son mari, Louis, médecin se rend compte de la situation, sa femme est perdue, parfois elle devient violente avec le nourrisson. Il lui demande de partir et de revenir quand elle ira mieux. Elle est devenue "toxique" pour le bébé.


L'amour maternel vient il naturellement aux mères. Voilà la question qui est posée dans ce roman poignant. Une femme doit aimer son enfant, il ne peut en être autrement. Les femmes qui ne ressentent pas cet amour instinctif pour leur progéniture sont regardées de travers. L'accouchement est pourtant plein de violence, l'arrivée de l'enfant fait rejouer dans l'inconscient les traumatismes de notre propre enfance.


Anita en quittant son mari et son fils va se rendre à Marseille, berceau de son enfance où ses grand-parents s'étaient installés après leur exil de Tunisie. Elle va se remémorer ses relations avec sa mère et celles de sa mère avec Odette sa grand-mère. Des relations marquées par la rudesse voire même le rejet. L'histoire de ces deux femmes dont elle a emporté les photos avec elles, va lui faire comprendre bien des choses.


Malgré ce que lui serinait sa mère, non, sa famille n'était pas une famille "sans histoires". Toutes les familles ont des histoires, ces histoires qui ont marquées notre enfance et qui rejaillissent au moment de l'arrivée d'un nouveau né. Olivia Elkaim nous offre un roman, poignant, terrible, dérangeant, servi par un style direct, à fleur de peau qui va droit au but, droit au coeur.
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