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Critique de Woland


A Quiet Belief In Angels
Traduction : Fabrice Pointeau

Je vais sans doute en choquer plus d'un mais non, je n'ai pas du tout aimé. Pire : je ne comprends absolument pas l'engouement dont ce livre a été l'objet. Phénomène moutonnier sans doute et/ou orchestré par une certaine intelligentsia pseudo-parisienne qui prétend découvrir des flots d'étoiles là où il n'y a que vide interstellaire ...

"Seul le Silence" - pourquoi ce titre, au fait ? peut-être pour faire un peu moins gnangnan que l'original, c'est la seule explication que j'ai trouvée, désolée - est un roman aussi épais que bancal. Notez qu'il n'est pas exempt de bonnes idées - l'argument policier, la mesquinerie des petites bourgades - mais il faut de la puissance et de la rage pour faire monter ce genre de mayonnaise et ici, puissance et rage brillent par leur absence. A certains moments, Ellory, bien que perdu dans son histoire, en prend conscience et fait du surplace, alignant longueurs et redites pour meubler un peu. Mais rien n'y fait : c'est d'un mou, tout ça !!!!

Pas une seule fois je ne suis parvenue à m'intéresser au héros-narrateur, et pourtant, il a tout pour plaire, ce petit - un peu trop, je pense, ça en devient caricatural. Songez, il aime les livres et il écrit, il écrit même si bien que les jurés d'un concours de nouvelles à Atlanta (l'action se déroule en Géorgie, aux Etats-Unis) se demandent s'il c'est vraiment lui qui a rédigé l'histoire ayant retenue leur attention ; il a perdu son père de manière trop brutale, son institutrice (qui, plus tard, aura un enfant de lui) le traite comme un adulte, ses condisciples l'aiment bien mais le trouve un peu "bizarre", il a la tête toute remplie de cette guerre horrible qui embrase l'Europe à la fin des années trente (Ellory n'oublie pas la focalisation d'usage sur les juifs pas plus que, parvenu aux années cinquante, il n'oubliera l'allusion bien-pensante à la lutte pour les droits civiques), il veut protéger toutes les petites filles du coin, victimes potentielles du meurtrier qui rôde, etc, etc ...

C'est presque un saint, ce petit. Il existerait en chair et en os, qu'on se frotterait les yeux, persuadé de se trouver devant un mirage. C'est tout dire.

Mais à trop vouloir faire l'ange ...

Non, non, la sauce ne prend pas. Elle se voulait onctueuse, elle est fade. Elle aspirait à l'originalité, elle n'est que ramassis d'ingrédients piqués dans d'autres histoires, rassemblés tant bien que mal et maintenus ensemble, vaille que vaille, par le fil sanglant des meurtres de petites filles. Comme si ça ne suffisait pas, l'auteur en rajoute une couche en nous désignant un coupable si voyant qu'on n'y croit pas une seconde. Plus grave (peut-être) : dès le milieu du roman, le lecteur identifie le tueur, cela en raison de la grossièreté outrancière avec laquelle le romancier le fait manipuler, entre autres, le narrateur.

Je ne me prononcerai pas sur le style, n'ayant pas lu la version anglaise. Mais les personnages sont aussi lisses que des images. Ellory cherche bien à leur créer une complexité psychologique mais comme il ne conçoit pas la chose sans un recours, là encore, à des sentiments-types, le miracle reste en plan. Tous, du narrateur au dernier des figurants new-yorkais, demeurent aussi plats que des personnages sur un écran, ou alors, ce qui est pire, à l'état de stéréotypes. Quant aux motivations du tueur, inutile d'espérer les connaître un jour, je vous le dis tout de suite.

Dommage, l'idée de départ n'était pas mauvaise. Hélas ! il ne suffit pas de réunir un tueur en série pédophile, une petite ville bornée, un héros trop "héroïque" et tout un paquet de clichés pour faire un bon roman, polar ou non. R. J. Ellory nous le démontre avec brio - c'est bien le seul brio que je lui concède.
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